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Livre croisé entre l’autrice Rosa Montero et le journal intime de Marie Curie.
100 ans séparent la même douleur : perdre l’être aimé
C’est en rédigeant la préface du journal intime de Marie Curie que l’autrice trouve les mots pour son propre deuil.
On en apprend beaucoup sur Marie Curie et sa pugnacité, beaucoup d’anecdotes :
- pourquoi la Reine Elizabeth I avait une épouvantable calvitie,
- Marie Curie fut la première femme à enseigner à l’université,
- comment elle protège la réserve française de radium pour pas qu’elle tombe dans les mains des Allemands en 1914,
- la taille des annulaires,
- et tellement d’autres …
C’est avant tout un livre plein d’amour, écrit avec une écriture tellement pudique et touchante.
Dans cet ouvrage, Rosa Montero, journaliste et diplômée en psychologie, interroge le lien entre créativité et folie. La créativité des artistes en général, celle des écrivains (vaste famille dont elle fait partie) en particulier. Et leur folie, entendue au sens large, au sens commun, au sens de fragilité psychique plus ou moins grande, temporaire ou permanente, due à un « câblage cérébral » défaillant et/ou à l’environnement familial, social. Au sens de « bizarre », ce qui n’est pas nécessairement inquiétant : « …être bizarre n’est pas du tout bizarre […]. Ce qui est véritablement bizarre, c’est d’être normal ».
Pour nourrir ce livre, Rosa Montero a lu une quantité impressionnante d’ouvrages de et sur des auteurs « maudits », et d’autres plus scientifiques. Elle explore entre autres les champs de la biologie, de la psychologie et des neurosciences. Il en ressort que les artistes et les écrivains sont plus susceptibles que le reste de la population de souffrir de désordres psychiques en tous genres, que leur fragilité et leurs difficultés à supporter la vie quotidienne et les émotions sont liées à un énorme besoin de reconnaissance et d’intensité, que c’est pour combler ces manques qu’ils écrivent et inventent des histoires, sans quoi ils deviendraient fous, précisément.
Ce livre est à la fois un essai vulgarisateur sur la créativité en lien avec la folie, bourré de références et de citations littéraires et scientifiques, et d’anecdotes parfois terriblement émouvantes sur de grands noms de la littérature aux prises avec leurs démons (Virginia Woolf, Sylvia Plath, Emily Dickinson, Doris Lessing, Stefan Zweig, Nietzsche, Ursula Le Guin,…), mais aussi un récit autobiographique dans lequel l’auteure nous fait part de ses propres heurs et malheurs liés à l’écriture et à la souffrance mentale. C’est peut-être aussi, à certains égards, une fiction, parce qu’avec Rosa Montero, le curseur entre réalité et fiction est toujours fluctuant, en particulier dans ses livres de non fiction. Elle joue avec l’imagination et le lecteur, qui se prend au jeu, trop heureux de se laisser embarquer dans la mystification. Après tout, la réalité dépasse parfois la fiction, non ?
« Le danger de ne pas être folle » est un texte intelligent, touchant, subtil et passionnant, dans lequel Rosa Montero interpelle le lecteur, le prend à témoin, le réconforte même, parfois. Elle s’adresse à lui/elle comme à un.e ami.e, avec humour et ce ton désarmant de sincérité et d’authenticité qui me touche à chaque fois.
En partenariat avec les Editions Métailié.
Si Rosa Montero n’avait pas été journaliste ni autrice, elle aurait sûrement pu être architecte, car à travers ce texte, elle crée des ponts entre la vie de Marie Curie et la sienne. Elle raconte leurs chemins croisés ponctués d’amour, de culpabilité, de devoir et de réussite. Toutes deux ont perdu l’homme de leur vie et ont dû apprendre à vivre avec (ou plutôt sans).
Ce texte à la fois riche et enrichissant conte le destin fascinant mais trop souvent méconnu de Marie Curie. On y découvre une femme ébranlée par la société machiste de son époque qui tente de l’effacer pour mieux l’empêcher de briller. On réfléchit également au sens de la vie que l’on perçoit à travers le prisme de la mort. Si c’est une réelle introspection pour Rosa Montero, ce sera également pour vous une puissante remise en question. Car dans ces récits entrelacés, intimes mais pudiques, on assiste à un véritable combat entre la vie et la mort. Mais à la fin de l’histoire, c’est toujours la vie qui triomphe…
@lecturesauhasard
Troisième (et dernier?) volet des aventures de Bruna Husky, réplicante de combat, androïde programmée pour faire la guerre, reconvertie depuis quelques années en détective privée.
Programmée également, comme tous ses semblables, pour « naître » à l’âge de 25 ans, dotée de souvenirs artificiels mais de vrais sentiments, et pour mourir 10 ans plus tard, dans les affres de la TTT, la tumeur techno totale.
Au début de ce roman, an de grâce 2110, à Madrid, il reste à Bruna trois ans, trois mois et seize jours à vivre, et moins de deux semaines pour retrouver le commissaire Lizard, enlevé avec 13 autres personnes. Les preneurs d’otages font partie d’un groupe d’écoterroristes extrémistes, qui décapiteront un otage par jour tant que leurs revendications ne seront pas entendues.
Le pire, c’est que ces revendications sont légitimes : avoir accès gratuitement à une eau et un air purs. Car aux Etats-Unis de la Terre, planète désormais ultra polluée, ces deux éléments sont un luxe auquel les plus démunis ne peuvent plus prétendre.
Au travers de ce tome, la toujours aussi attachante Bruna, râleuse et méfiante mais loyale et sincère, va tenter de protéger les siens, le vieux Yannis, la petite Gaby, Bartolo l’animal extraterrestre aussi stupide qu’affectueux, et surtout son cher Lizard. Elle évolue dans un monde fait d’humains, d’androïdes et d’extraterrestres, vivant sur Terre, d’autres planètes ou des colonies spatiales. Entre les scènes d’action et les multiples rebondissements, on s’interroge avec elle sur l’ultralibéralisme, le nationalisme, la religion, la technologie et leurs dérives, la démocratie, l’écologie, la place des femmes, et surtout sur ce qui constitue l’essence de l’être humain.
Passionnée de science et d’anticipation, Rosa Montero est parvenue à créer un univers SF abouti et cohérent, inquiétant et même glaçant tant il paraît de moins en moins éloigné du nôtre. Mais l’auteure, qui est aussi terriblement humaine et incorrigiblement optimiste, insuffle dans sa saga des doses d’amour et d’amitié telles qu’elles arrivent à susciter l’espoir. Ajoutez-y un brin d’humour et d’autodérision quand elle se met elle-même en scène dans le roman, et vous obtiendrez un cocktail bien agréable à lire en cette fin d’année.
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