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Après Prélude à son absence, Robin Josserand confirme ici le talent que j’avais découvert chez cet auteur, cette puissance d’écriture qui m’avait touchée en plein coeur.
Un gros coup de cœur pour ce texte d’autofiction romancé qui raconte une année scolaire d’un adolescent de 17 ans et sa découverte du sentiment amoureux.
Sans fard, Robin Josserand s’empare de cette tranche de vie pour nous faire ressentir une multitude d’émotions, avec une langue poétique et crue, un style très travaillé, des chapitres courts et percutants. D’aucuns diront qu’on peut y retrouver un petit côté à la Philippe Besson.
Je me suis laissée prendre par l’histoire addictive de cet adolescent, j’ai voulu savoir de quoi son lendemain serait fait, et j’ai tourné les pages, sans m’arrêter, tout en cherchant à ralentir mon rythme pour savourer pleinement ma lecture.
On me demande souvent ce que j’aime lire ; ma réponse est de la bonne littérature française contemporaine. A partir d’aujourd’hui, je répondrai : j’aime lire Josserand !
Prélude à son absence, de Robin Josserand est un premier roman plutôt percutant.
Dans cette autofiction homosexuelle, Robin, le narrateur, la trentaine, est écrivain ou, du moins, prétend en être un, et travaille dans le grand silo rectangulaire de dix-sept étages de la bibliothèque de la Part-Dieu où il est chargé des documents anciens. Il a récemment emménagé dans un appartement neuf d’une résidence dans le huitième arrondissement de Lyon.
Un jour, en se dirigeant vers son domicile, il reste figé en découvrant devant la pharmacie un jeune homme au visage livide et émacié qui fait la manche assis par terre. Il est subjugué par la beauté de ce sans-abri qui lui fait penser au sublime Glenn Gould.
Le lendemain, il n’est plus là mais il réapparaîtra, disparaîtra de nouveau, acceptera l’hospitalité pour fuir encore…
En fait, dès le début de sa rencontre avec Sven, Robin sait que c’est une histoire d’amour impossible et que ça ne va pas marcher. La relation est très déséquilibrée entre le narrateur obligé de se soumettre à Sven qui, lui, mène la danse.
Il y a quelque chose comme du masochisme amoureux, un rapport de domination dans cette relation.
Une atmosphère très particulière se dégage de ce roman où le désir, la force du désir et la violence du désir en sont les thèmes. En entraînant Sven avec lui sur l’île de Groix pour quelques jours de vacances, le narrateur ne se fait pas d’illusions mais tente une dernière chance qu’il sait pourtant vaine.
Robin Josserand sait habilement faire monter la tension tout en créant une atmosphère très particulière avec quelque chose d’un peu poisseux, d’un peu sale.
Tout en ne nous épargnant pas certaines scènes assez crues sans pour autant tomber dans le porno, l’auteur réussit avec Prélude à son absence, un premier roman à la fois cru et romantique, sombre et lumineux et une fin comme je les aime, assez ouverte qui laisse au lecteur le loisir de conclure selon son sentiment.
J’ai beaucoup apprécié les nombreuses références dont est truffé ce roman ; références littéraires, à Jean Genet notamment, Robin espérant pouvoir créer un lien avec Sven en lui offrant Journal du voleur, espérant le séduire avec sa culture, références musicales, à Glenn Gould surtout, et à ses Variations Goldberg et références également à la peinture avec Le Caravage et La Résurrection de Lazare.
Fantasme, mirage, Sven n’aurait-il pas d’autre but, d’autre objectif pour Robin le personnage ou/et pour Robin l’auteur, que de le pousser à écrire ?
Prélude à son absence de Robin Josserand est un bouquin que j’ai pu découvrir grâce à L’encrier et aux éditions Mercure de France que je remercie chaleureusement.
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/03/robin-josserand-prelude-a-son-absence.html
Un premier roman. Un gros coup de cœur. Une très belle découverte. Et une nouvelle fois, je suis agréablement surprise par cette maison d’édition, Mercure de France.
Un bibliothécaire, trentenaire, rencontre un jeune clochard de 20 ans et en tombe passionnément amoureux.
Ce texte est plein de poésie pour nous décrire une relation unilatérale, invariablement vouée à l’échec, entre deux hommes, sans communication entre eux.
Il reste alors, les silences et les pensées de l’auteur, les lieux parcourus, de nombreuses référence littéraires, musicales et surtout l’envie d’aimer, la passion inatteignable, la définition de l’amour.
J’ai aimé retrouver la bibliothèque de la Part Dieu à Lyon, les déambulations dans les rues de la presqu’île lyonnaise, le parc de la Feyssine à Villeurbanne (que je ne connaissais pas sous cet aspect). J’ai aimé le séjour en Bretagne et la prose de cet auteur.
J’ai adoré le ton employé, cru et sincère, pour décrire une relation qui n’en est pas une, cette lucidité sur cette histoire qui n’en est pas une, les pensées irraisonnées, et la poésie de cette fin aboutie.
Ce roman ne se résume pas, ne se raconte pas, il se ressent, et c’est de là qu’émane toute la puissance de cette nouvelle plume avec laquelle il faudra compter dans le nouveau paysage littéraire français.
Robin, le narrateur a 30 ans, il travaille en bibliothèque à Lyon. Un soir, en rentrant chez lui, il croise Sven, un jeune homme mendiant dans la rue. Il lui fait penser à Glenn Gould.
Mélancolique, il espère le revoir le lendemain, cet homme lui manque. Il veut le revoir, cela devient une nécessité. Ils vont jouer au chat et à la souris, se revoir, se perdre à nouveau.
Jeu de la séduction, parallèle avec la musique de Glenn Gould mais aussi et surtout la poésie, la littérature de Jean Genet. Les livres les rapprochent.
Ce désir de Robin se mue en obsession.
Dans la seconde partie, le départ pour l'île de Groix, en voie pour un rapprochement des corps ??
Entre attirance et dégoût, deux mondes différents se croisent sur un fond de mélancolie du piano, des oeuvres musicales et littéraires.
C'est un roman intimiste à la plume belle, juste, romantique. Elle nous fait vivre les espoirs, les attentes du narrateur qui a besoin de Sven pour prendre la plume. On ressent la tension dans l'écriture, la tension du désir, l'attirance, l'attraction vers Sven, vers le sexe identique. Un désir qui devient une obsession pernicieuse. Ce roman est à la fois sombre et lumineux. J'ai pris du plaisir à le lire.
Ma note : 8/10
Une lecture dans le cadre de la présélection du prix du roman Fnac
Les jolies phrases
Si l'écriture est une réaction à l'intolérable de l'absence, alors je vais beaucoup écrire.
Le désir se transforme en obsession pernicieuse. Besoin impérieux de le voir. Entendre mon téléphone sonner, le sentir vibrer quand il ne vibre pas. Vouloir le bazarder à la première occasion parce qu'il n'appelle pas - concernant l'obsession amoureuse, le téléphone est un objet cruel, un instrument de torture, pourvoyeur de mirages, témoin de l'attente, silencieux et coupable. Garder ses mégots. Lire Genet avec l'espoir stupide de lire, au même moment, la même phrase. Ne pas quitter le canapé où il a dormi. Attendre c'est moisir, se faire avoir. Que fait-il ? Pourquoi n'appelle-t-il pas ?
Je suis un cadavre au soleil sur lequel s'acharnent les vautours.
https://nathavh49.blogspot.com/2023/09/prelude-son-absence-robin-josserand.html
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