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Une lecture qui m’a particulièrement émue.
Il fallait bien 258 pages pour raconter l’histoire d’un des premiers réseaux de résistance créé en 1940: le Réseau du musée de l’Homme.
De sa création jusqu’à l’arrestation des différents membres du réseau, les auteurs utilisent pour raconter, quatre couleurs vert, orange , violet, noir et un graphisme simple, pour nous rappeler que l’important ce sont ces hommes et ces femmes qui se sont engagés dans une lutte contre l’occupant.
Cet épisode est souvent ignoré et ce rappel sous forme de BD sera apprécié des jeunes et des adultes.
NB: j’ai bien aimé sur la deuxième de couverture que soient repris les noms et les silhouettes dessinées des résistants.
J’étais si impatient de lire cet album récompensé du prix Goscinny – jeune scénariste et en rupture de stock depuis plusieurs semaines !
Et comme ce prix est mérité. Les auteurs R. Meltz et L. Moaty ont en effet construit une trame narrative à partir de paroles dites, de mots écrits, de témoignages s’approchant au mieux de la réalité historique pour raconter la naissance de la résistance au Musée de l’Homme à Paris de 1938 à 1942.
Une prouesse et surtout un choix qui donne une puissance et un réalisme passionnant et glaçant. Passé les moments de surprise de début de lecture, le temps de bien saisir que certaines cases ne servent qu’à illustrer et incarner les propos, on est emporté par le souffle de ces premiers résistants.
Du refus de l’armistice en juin 40 impulsé par Paul Rivet, fondateur du Musée de l’Homme, aux condamnations du 17 février 1942, on suit donc pas à pas les prémices d’une résistance improvisée, la structuration des réseaux, les actions, l’importance de faire circuler des messages, les craintes et les trahisons…
Le dessin de Simon Roussin vient adoucir le contexte. Des couleurs pastels, violet, orange, vert, des personnages semi-réalistes et des cases épurées nous éloignent d’une dérive didactique du propos.
Au final, un grand livre tout simplement, un travail historique énorme, étayé par 20 pages de notes, traité brillamment de façon romanesque. A lire absolument !
Lu dans le cadre des "Explorateurs de la rentrée littéraire 2021"
Adrien, qui est toujours à la recherche de piges pour proposer ses articles aux journaux, rêve d'écrire un roman. Pourquoi pas sur son papy ? Gabriel P, qui a vécu dès son enfance en présence d'une caméra et qui a suivi son siècle à travers un objectif. Il a filmé en tant qu'opérateur chez Pathé Actualités les évènements marquants entre 1928 et 1971, pour que les spectateurs puissent les visualiser dans les salles obscures, avec une seule interruption lors la deuxième guerre mondiale durant laquelle il a intégré les services cinématographiques militaires américains, ce qui lui a fait découvrir l’horreur à Dachau.
Des chapitres dédoublés alternent la voix du petit-fils qui nous parle de l'époque actuelle faite d'avancées technologiques - invasion du numérique, des téléphones portables, des réseaux sociaux, de l'intelligence artificielle -, et une évocation de la vie de son grand-père que j’ai supposé être extraite des pages du roman d’Adrien. La construction, qui met en parallèle la lente évolution de la captation d’images depuis ses balbutiements jusqu’à l’apparition de la vidéo, et la frénésie d’aujourd’hui autour du tout numérique, est plutôt bien vue. J’ai également trouvé intéressant le décalage entre le discours souvent désabusé du journaliste sur son travail et la passion du cinéaste pour son métier.
J'ai pris plaisir à lire les passages très linéaires qui concernent Gabriel. Chaque chapitre fait référence à une année importante pour lui, de façon personnelle ou professionnelle - souvent les deux à la fois -, depuis 1913 et ce qui fut le grand drame de sa vie : la mort d’Hélène, sa sœur aînée, dont il a ressenti l’absence toute sa vie.
J’avoue en avoir pris beaucoup moins avec ceux plus fouillis dans lesquels Adrien se dévoile. J’ai eu du mal avec sa façon de raconter que j’ai trouvée peu agréable, en partie en raison du choix, certainement justifié mais qui m’a dérangé, de nommer des marques ou des sociétés par une simple lettre. Les évocations s’empilent sans transition évidente pour moi, et les digressions sur la recherche d’une datation de la mort du cinéma, issues de discussions avec son ami Antonio, m’ont quelque peu ennuyé. ( Conversations dans lesquelles le nom de Jean-Luc Godard revient à plusieurs reprises, ce qui n’est que justice puisque Raphaël Meltz lui a emprunté le titre de son roman ).
J’ai beaucoup aimé les ultimes chapitres pour l’émotion qu’ils transmettent.
Avis à la page 100
Adrien est journaliste. Toujours à la recherche de piges pour proposer ses articles aux journaux, il rêve d'écrire un roman. Pourquoi pas sur son papy ? Gabriel P, qui a vécu dès son enfance en présence d'une caméra et qui a suivi son siècle à travers un objectif en tant qu'opérateur. Des chapitres dédoublés alternent la voix du petit-fils qui nous parle l'époque actuelle faite d'avancées technologiques - invasion du numérique, des téléphones portables, des réseaux sociaux, de l'intelligence artificielle -, et une narration omnisciente qui évoque la vie du grand-père et l'évolution à partir de ses premiers balbutiements d'un cinéma d'actualités témoin de son temps. J'ai plaisir à lire les passages très linéaires qui concernent Gabriel, mais beaucoup moins ceux plus fouillis d'Adrien, appréciant peu sa façon peu agréable de raconter. J'avoue ne pas avoir saisi la finalité du propos.
Explorateurs de la rentrée littéraire 2021
« La photographie c’est la vérité. Et le cinéma, c’est vingt-quatre fois la vérité par seconde ». Le titre de ce livre fait référence à cette citation, qui vient du film « Petit Soldat » de Jean-Luc Godard. Vingt-quatre images par seconde, ou vingt-cinq quand on passe du cinéma au téléviseur, c’est ce qu’il faut pour que l’oeil ne distingue plus les images hachées, mais au contraire un mouvement fluide, animé comme par magie. Pas de doute: ce sera un roman sur le cinéma.
Adrien, journaliste désabusé, projette d’écrire un roman sur son grand-père, Gabriel, qui a traversé le vingtième siècle la caméra à la main.
Nous plongeons parallèlement dans ces deux univers, le présent du narrateur et ses questionnements sur son monde, et la vie de Gabriel, depuis sa tendre enfance jusqu’à ses derniers jours. La construction du roman alterne entre les histoires des deux personnages.
Gabriel travaille dans le milieu du cinéma, il couvre les actualités. Il va vivre et filmer certains évènements marquants du vingtième siècle et on le suit, scène après scène, dans diverses situations.
La vie de Gabriel se déroule dans ce livre comme les scènes d’un film, où chaque partie nous emmène a un moment précis et marquant de sa vie, non seulement en ce qui concerne l’actualité du siècle, mais également les péripéties de sa vie personnelle.
Les scènes sont marquantes, on sent la profondeur de ce que vit le personnage et la raison du choix de ces instants là. Ainsi, on alterne entre évènements dramatiques historiques, comme lorsqu’il filme le camp de Dachau, et éléments dramatiques personnels, tels que la perte de sa soeur ou la rencontre avec celle qui deviendra son épouse.
Le style de l’écriture peut parfois donner du mal au lecteur. Les phrases sont agencées comme un fil de pensées, ce qui peut devenir très fouillis, très long et difficile à suivre. J’ai eu personnellement beaucoup de mal à commencer ce livre à cause du style haché, qui manque de clarté et de compréhension, et à cause de ces phrases interminables où on se perd trop. L’histoire a cependant une bonne dramatique, une fois qu’on s’y est plongé.
Les parties concernant Adrien, surtout, sont assez pesantes. C’est un personnage plutôt sombre, solitaire, et l’auteur nous emmène dans ses questionnements philosophiques, qui nous laissent un peu perplexes. Il dialogue également avec d’autres personnages, mais on en ressort toujours avec cette même impression de s’être perdu, de ne plus suivre le sens de ces réflexions.
Dans les parties peignant la vie de Gabriel, on accorde moins d’importance à cette manière de se perdre, l’action prenant le dessus sur ce style.
Le choix de ce narrateur, le petit-fils, un journaliste spécialisé dans la technologie et qui déteste cette dernière, peut aussi poser question. S’il déteste tellement ce sur quoi il écrit, n’a t-il aucune possibilité de faire quelque chose d’autre, de se tourner vers un autre domaine de journalisme? De plus, le personnage tire vers le cliché; on retrouve l’image de l’écrivain solitaire, enfermé dans sa maison, plongé dans d’obscures réflexions et se coupant du monde. Il reste éloigné du lecteur, qui aimerait pourtant en savoir plus sur cet homme. Comment est-il devenu si désabusé? Si solitaire? On en apprend finalement très peu sur sa vie.
Les questionnements sur les dérives des nouvelles technologies et d’internet sont intéressants mais du point de vue du narrateur, on en arrive à la conclusion que rien n’est à prendre dans ces développements techniques. Effectivement, le malaise palpable dans notre société prend racine dans l’intrusion qu’a de plus en plus la technologie dans nos vies. Je pense par exemple aux réseaux sociaux, aux notations sous forme d’étoiles pour tout et n’importe quoi - certaines personnes notent même les arrêts de bus ou les gares. Cependant, certains développements de la technologie ouvrent de nombreuses possibilités qui ne sont pas négatives ni pour notre existence ni pour la société, au contraire. Par exemple, la possibilité de filmer les dérives de personnes détenant une forme d’autorité avec nos téléphones portables.
La construction du livre est intéressante également, découpée en ces fameuses vingt-quatre parties. Certaines formulations sont très belles, je citerai par exemple « Le poids de son âme morte sur ses épaules vivantes » ou « surtout à quinze ans, où il est difficile de penser à tout, de tout penser » (p. 37).
Les termes cinématographiques, notamment sur le matériel, sont précis, on en apprend beaucoup sur l’histoire du cinéma, la manière de filmer. On peut souligner la qualité de la documentation.
En bref, un livre qui nous fait réfléchir à notre rapport à la technologie et qui nous fait traverser le vingtième siècle à travers l’oeil d’une caméra, aux images vibrantes et hautes en couleur. Un livre sur le développement du cinéma, aux termes assez techniques. Un livre enfin sur une histoire familiale, avec ses drames et ses moments de bonheur, sa poésie et sa dureté.
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Avis de la page 100 - Explorateurs de la rentrée littéraire 2021
Nous plongeons dans un double univers: celui du narrateur, Adrien, journaliste désabusé et écrivain et l'histoire de son grand-père, Gabriel, qu'Adrien veut mettre en page dans un roman.
Nous alternons entre ces deux époques et chaque chapitre se présente comme un tableau, ou une scène de cinéma, thème qui est récurrent puisque la caméra est au centre de l'existence de Gabriel. Les images sont fortes dans les passages décrivant l'histoire de Gabriel. Pour ce qui est d'Adrien, j'ai eu beaucoup plus de mal à me plonger dans la lecture. J'ai trouvé le style de l'écriture difficile à suivre et assez lourd. Malgré de belles formulations ce sont souvent de très longues phrases qui résonnent plutôt comme un fil de pensées que comme une narration véritable, ce qui pourrait être intéressant mais dont le sens reste pour moi assez flou.
Je suis curieuse de mon ressenti à la fin de cette lecture et des péripéties futures de Gabriel.
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