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Un très beau texte, avec un titre si poétique et énigmatique, comme le texte. Une magnifique couverture avec cette lune troublée, découpée...
Avec de belles phrases, images, mots, l'auteure nous parle de la vie des femmes, des filles, petites filles. Elle nous parle si bien des maux avec de belles phrases face à des tableaux de Jean-Baptiste Camille Corot, Édouard Vuillard, Berthe Morisot et Heidi Bucher, qui l'ont aidé à se reconstruire, à comprendre, à oublier, à assimiler, à pardonner. Il y a des pages magnifiques (comme le récit de cette mère et sa jeune enfant, qui n'a pas encore les mots). Des mots pour décrire des tableaux, des petits moments dans la nature, des petits riens qui font la vie... Bouleversant aussi, car elle nous parle de violence, d'abus.. C'est un roman-poème du devenir «femme, mère, écrivain».
Un texte qui se déguste, il faut se laisser porter par ces mots, images, sensations pour comprendre, assimiler, se reconnaître. Quand la poésie permet de se reconstruire, de se sauver, de parler des maux, de résilience.
Le Caire en apothéose !
Intime, intrinsèque, mouvements et retenues, « Warda s’en va Carnets du Caire », spirales et lignes achevées, couleurs et sentiments, la belle œuvre au réenchantement de sa vie. Le Caire est exactitude, fierté voyageuse, les fantasmes à fleur de peau, quasi exacerbés, Pierrine Poget rassemble l’épars, croisements d’images, mouvances. L’ubiquité s’efface, creuse les sillons, persiste le pas de côté, la quête de l’interdit. Attiser les braises des risques.
Le Caire, mégapole égyptienne, ville sensorielle et imprévisible, voiles et regards affrontés, la fébrile surprise du dépassement de soi. Croire l’autre, étrange (er), puiser les mystères, les doutes, les périlleuses rencontres hasardeuses. Les ruelles et marchés, fourmilière en furie, Pierrine Poget pénètre le labyrinthe . Qu’importe les peurs et les pertes de repères dans une ville installée dans ses preuves et habitus.
« Je suis jalouse d’une autre mémoire qui tient à l’écart Le Caire que j’ai aimé sentir et redouter. »
Kaléidoscope et sable chaud, épices sur la peau, les agressions des méconnaissances des gestuelles, affronter le méconnu. Combler ce corps en recherche, la vulnérabilité est un écran sur ses regards qui naviguent au loin.
Écrire l’instant, le retour et l’après. Carnets mirages, le désert interpelle et acclame cette venue tellement empreinte de ferveur et d’apprentissage.
« Il m’a dit que, pour aujourd’hui, il m’appellerait Warda. -C’est beau, Warda. C’est la rose. »
Mémoires encensées, entrelacs et macrocosme, le séjour est l’expérience obsédante, tenace et imprévisible. « Le temps baigne mon séjour de courants divers, et mes souvenirs du Caire, rejoignent peu à peu le présent partagé de toute ma mémoire. »
Carnets salvateurs dédiés à d’aucuns qui sauront transmuer ce qui s’échappe ou s’apprivoise en connivence. Journal, manuscrit, les pyramides assignent les destinataires comme des missives myriades, fédératrices et siamoises du moindre mot.
« Je vous cherchais dans Le Caire immense. »
L’idiosyncrasie d’un pays, proie noire et vive, « espérant rencontrer des vivants parmi les morts, mais qui n’en trouvera pas, parce que les vivants ont été emprisonnés. »
Le Nil est une chevelure, l’encre et les mains de Pierrine Poget. Pour avoir un jour certain foulé cette terre fabuleuse, chargée d’histoire et d’évènementiel, « Warda s’en va Carnet du Caire » est un miracle-né, précieux, confident, féminin, et bien au-delà l’électrochoc d’une renaissance mutante jusqu’au lecteur ici présent.
« C’est ainsi que je voudrais voir les erreurs cairotes, les maladresses commises et les choses que je n’ai pas osé entreprendre. »
Ce livre clé, journal des intériorités, est un parchemin qui accroche ses bras autour de votre cou. Triptyque fabuleux, croisements, plan qui se retourne dans les contre-sens des errances et des points d’appui, l’épistolaire spéculatif, souverain et apprenant, Le Caire, métaphore, stupéfiante et magnifiquement lucide. En lice pour le prix Hors Concours des éditions indépendantes. Publié par les majeures Éditions La Baconnière.
Impressions de la page 100 (ici 50 texte de 113 pages)
Elle est au Caire pour une raison qui nous échappe, et qui lui échappe sans doute un peu aussi. On cherche avec elle son chemin, un café, un musée...
Par son carnet, dans un style s'approchant parfois des haïkus, elle garde trace de ce voyage, de ces impressions. A quoi cela va lui servir ?
Le Caire en trois étapes : le temps du voyage, sa remémoration et le retour sur place quelques années plus tard. Aujourd’hui, la femme s’appelle Warda, c’est le nom qu’on lui donne ; c’est beau Warda, c’est la rose. Un carnet de voyage dans lequel elle note petites et grandes impressions au jour le jour. Il y a les rencontres, les errances, les découvertes, le réel et l’imaginaire qui se mêlent. Le dépaysement et le plaisir secret d’être ailleurs et d’oser être là. La crainte aussi, d’une femme étrangère dans un pays arabe. Ce qui peut arriver et ce qui est fantasmé.
Et puis, il y a les sentiments traduits par des sons, des couleurs, des odeurs, des formes. Ce qui est beau et laid, ce qui dérange ou attire. Que serait un voyage sans retour se demande la narratrice, ne plus bouger de cette chambre et renoncer à la Suisse natale ?
Premier texte en prose illustré de quelques jolis poèmes, Warda s’en va est un texte court qui se lit par petits bouts comme on picore des miettes de pain. Les mots décrivent parfaitement bien la solitude de la femme dans une ville aussi étrange que Le Caire, dans ce pays fascinant qui ne cesse de charmer tout en permettant la violence et le retour des croyances limitantes.
Je connais cette ville, j’ai pu suivre Pierrine Poget et m’identifier à elle. J’ai tenu des carnets de voyage, moi aussi, jour après jour. C’est un petit travail indispensable pour ne pas oublier les instants magiques qui filent et les étrangetés des rencontres. Mais n’est-ce pas trop intime pour être lu par une autre voyageuse ? Voilà la réflexion que je me fais en fermant ce petit carnet, je n’ai pas été portée ni enivrée par ce voyage au Caire, même si j’accorde à l’auteure une belle capacité d’écriture. Je crois qu’il y a du sacré dans les mots mais je n’y ai pas eu accès.
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