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Qui ignore aujourd’hui le destin extraordinaire de Jeanne d’Arc, la petite bergère lorraine si joyeuse et si pieuse qui entendit un jour des voix divines lui ordonnant d’aller rencontrer le Dauphin Charles réfugié dans son château de Chinon alors qu’il voit son royaume écartelé entre Anglais, Armagnacs et Bourguignons et de l’accompagner pour le faire sacrer roi dans la cathédrale de Reims ? Qui a oublié la libération de la ville d’Orléans assiégée par les Anglais, toutes les batailles menées et gagnées avec l’aide de sacrés soudards comme La Hire ou le peu recommandable Gilles de Rais, puis son lâchage par le velléitaire Charles VII, son échec devant la ville de Paris restée fidèle aux Bourguignons et aux Anglais, sa capture non loin de Compiègne, son procès en sorcellerie et son martyre quand elle fut brûlée vive sur la place du marché de Rouen ? Les jeunes générations sans doute privés d’Histoire évènementielle par une Education Nationale à la dérive…
« Le roman de Jeanne d’Arc » est un ouvrage de vulgarisation historique dans la même veine que les autres (Saint Louis, Charrette). L’auteur a tenu à donner une image plus humaine à une icône assez vite réhabilitée par l’Eglise (1456), beaucoup plus lentement canonisée (1920) et récupérée par les politiques de tous bords à chaque fois qu’on appelait le bon peuple à bouter un envahisseur hors de France ! L’auteur fait parler son héroïne à la première personne du singulier, ce qui donne au récit une impression de témoignage direct et rend donc le texte d’autant plus vivant et agréable à lire. Lequel est parsemé de mots d’époque, mais en moins grand nombre que dans le « Roman de Saint Louis », ce qui n’est pas plus mal pour la compréhension. Le lecteur découvrira le « portrait d’une Jeanne loin des stéréotypes, celui d’une âme simple et portée par la grâce, toute entière vouée à la sincérité de son combat, à l’amour de son pays, la France. » Pour une fois qu’une quatrième de couverture rend justice au contenu d’un livre, il convient de la citer. Ouvrage fortement conseillé comme une bouffée d’espoir et de fraîcheur en ces temps difficiles.
Fils de Blanche de Castille, le futur Louis IX perd son père alors qu’il n’est encore qu’un très jeune enfant. Sa mère, désignée comme régente du royaume, doit faire face à la rébellion des ducs et barons de Bretagne, de la Marche et du Poitou qui refusent de se soumettre à l’autorité d’une femme. Blanche fait armer chevalier son fils alors qu’il n’a que 12 ans pour qu’il soit sacré roi avant de vraiment monter sur le trône dès ses 20 ans. Le royaume est en péril. Les Mongols menacent à l’est et les Musulmans sont toujours bien implantés au sud, bien que la Reconquista ait déjà commencé depuis la victoire de Las Navas de Tolosa. Louis se veut un roi juste et bon, proche du peuple qui le vénère et conciliant avec le Pape, l’Empereur d'Allemagne et le roi d’Angleterre. Très pieux, il achète fort cher la couronne d’épines et un morceau de la croix du Christ et fait construire la Sainte Chapelle qui doit être un reliquaire de lumière pour les recueillir dignement. Mais la Terre Sainte a été peu à peu reprise par les Turcs. L’empereur d’Orient l’appelle à son secours. À 30 ans, il décide de tout quitter et de partir en croisade pour délivrer Jérusalem et le tombeau du Christ. Mais son débarquement à Damiette en Egypte se soldera par un cuisant échec…
« Le roman de Saint Louis » n’est pas un roman comme son intitulé pourrait le faire croire. C'est un ouvrage historique très sérieux, très bien documenté et très agréable à lire. L’auteur a voulu, comme il le dit lui-même en post-face, « retrouver la trace et l’image d’un Saint Louis à l’humanité sensible, un Saint Louis de chair, à figure humaine ». Et il y a parfaitement réussi. Tout l’ouvrage est écrit à la première personne, un peu comme un témoignage, ce qui rend le récit d’autant plus vivant, même si, de-ci, de-là, il est parsemé de termes et d’expressions moyenâgeuses pas forcément évidentes pour un lecteur du XXIe siècle. Le lecteur découvrira toutes sortes de facettes méconnues de cette personnalité hors-norme, ce héros de la foi, ne songeant qu’au bonheur de son peuple, à son rayonnement sur l’Europe et le monde, considérant sa charge comme un service et l’assumant jusqu’au sacrifice de sa propre personne. Un ouvrage magnifique et passionnant que devraient lire tous les dirigeants de la planète, histoire de se rappeler qu’être au pouvoir ne signifie pas profiter de sa position pour soumettre les peuples, les écraser, les humilier et pas non plus pour se servir et s’enrichir à leur détriment…
Breton de petite noblesse, François-Athanase Charette de la Contrie commence sa carrière militaire en 1779, comme garde de la Marine à Brest. Il participe à la guerre d’indépendance américaine, d’abord au large des côtes françaises, puis dans les Antilles. En mars 1793, des paysans révoltés contre la levée en masse et les mesures anti-religieuses viennent le chercher pour le placer à la tête de leur insurrection. Charette s’impose difficilement comme commandant des insurgés des régions de Machecoul et Legé. Le 30 avril, les différentes armées vendéennes s’unissent pour former l’Armée catholique et royale, mais dans les faits, Charette continue d’agir de manière indépendante. En septembre et octobre 1793, les républicains prennent l’avantage en occupant toutes les villes de la Vendée militaire et en ravageant le bocage. Charette passe alors à la guérilla et arrive même à contrôler pendant quelques mois l’île de Noirmoutier. Affaibli par plusieurs défaites successives à la fin de l’année 1793, Charette parvient à échapper aux colonnes infernales qui ravagent la Vendée dans les premiers mois de l’année 1794. Les massacres, les noyades et les incendies systématiques commis par les républicains poussent les paysans à se réfugier auprès de lui. En décembre 1794, Charette accepte d’entamer des pourparlers de paix avec les représentants de la Convention thermidorienne lors des négociations de La Jaunaye où on lui fait espérer la libération du Dauphin et une éventuelle restauration. Mais quand il apprend que l’enfant royal a été empoisonné, il comprend qu’il a été berné et reprend les armes. Mais la relance des hostilités tourne au désastre. Abandonné par ses hommes et grièvement blessé, Charette est capturé le 23 mars 1796. Condamné à mort, il sera fusillé six jours plus tard à Nantes,
« Le roman de Charette » est une biographie romancée très bien menée, très agréable à lire et parfaitement documentée. Ayant pu avoir accès à de nombreux documents et témoignages, Philippe de Villiers a vraiment pu faire œuvre d’historien tout en présentant la vie tout à fait extraordinaire d’un des héros de la Vendée sous la forme du roman, c’est-à-dire avec des dialogues, du rythme et toutes sortes de détails donnant humanité et épaisseur à un personnage qui se conduisit en héros et en martyr de la liberté autant dans sa participation courageuse à la guerre d’Indépendance américaine qu’à celle des atroces guerres de Vendée qui resteront comme une tache de sang indélébile au front d’une république qui se construisit sur la décapitation du couple royal, l’assassinat des nobles, le vol des « biens nationaux » et le massacre de pauvres gens perpétrés par d’autres pauvres gens. Dans cette guerre civile, Charette tenta de rester fidèle à sa foi et à ses idéaux. Même s’il ne prit pas toujours les meilleures décisions stratégiques, il alla au bout de ses convictions et jusqu’au sacrifice de sa vie. Ainsi, restera-t-il un héros aux yeux de la postérité. Tout comme le film « Vaincre ou mourir » qui fit un tabac dans les salles obscures, ce livre très réussi lui rend un très juste hommage.
8 août 1808 en Vendée : sept années plus tôt, Napoléon est parvenu à rétablir la paix civile en permettant la paix religieuse grâce au Concordat. La Vendée panse ses plaies et se rassemble, Blancs et Bleus côte à côte, aux Quatre Chemins de l'Oye, pour acclamer l’Empereur venu rendre visite au département meurtri. Il en profite pour demander aux soldats et villageois de quel bord ils étaient pendant la guerre. Et voilà que l’un de leurs maires, Jean Rognonille, frère de « La Hussarde », chouanne renommée, répond qu’il était « neutre » ! Il se fait aussitôt traiter de « Jean-Foutre », insulte et sobriquet qu’il va trainer honteusement bien longtemps. Craignant la mort sociale et manquant de clients dans son échoppe de luthier, il invente un nouvel instrument fait de bois peu chers qu’il baptise « violondaulne ». Il rencontre bientôt l’amour de sa vie, la Pibole, fille de meunier avec qui il souhaite se marier. Mais l’évêque non-concordataire de son village refuse de publier les bans, le trouvant trop « neutre » lui aussi. Puis c’est au tour du préfet de ressortir de vieux dossiers comme la disparition suspecte de registres paroissiaux ainsi que celle d’un arpenteur trop curieux. Jean se retrouve devant ce marché : la prison ou l’armée. Il devra partir un an comme musicien-gagiste en échange de l’immunité. Et le voilà donc intégré à la Grande Armée et embarqué dans la campagne de Russie…
« La valse de l’adieu » est un roman historique de belle facture basé sur des faits réels assez incroyables comme cette rencontre au fin fond de la Pologne entre un « ménestrier » vendéen et de très jeunes virtuoses polonais dont un certain Frédéric Chopin. Dans ce roman-fleuve (592 pages), Philippe de Villiers s’est attaché à faire revivre une période historique assez peu connue celle de l’après-guerre de Vendée avec la période napoléonienne, mais aussi la Restauration et même le retour sur le trône des Orléans et la tentative avortée de coup d’état inspirée par la Duchesse de Berry pour le compte du seul authentique prétendant, son fils, Henri d’Artois, comte de Chambord. Le lecteur découvrira que la Vendée très impliquée n’aura plus le ressort dont elle disposait avant le génocide. Sa description de l’invasion de la Russie, de la mise à sac de Moscou, de son incendie et de la retraite qui suivit avec le passage de la Bérézina qui sera fatal au personnage principal mérite à elle seule le détour. Elle est incroyablement dantesque. Il est difficile de s’imaginer toutes les souffrances que les grognards endurèrent. Cela dépasse l’imagination. Cet ouvrage est un authentique travail d’historien et d’ethnographe. Une bibliographie énorme en atteste. On ne peut que conseiller ce livre à tous les amateurs d’Histoire. Seul petit reproche : le texte est truffé de mots de patois vendéen pas toujours compréhensibles pour le lecteur lambda. Une traduction en note de bas de page aurait été la bienvenue.
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