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Titre : Succession,
Auteur : Patrick Cargnelutti
Année : 2020
Editeur : Piranha
Résumé : Le Kimbavu est un pays d’Afrique Centrale dirigé d’une main de fer par un vieux despote sur le point de s’éteindre. La richesse du sol de ce pays proche de la région des grands lacs, sa forêt préservée, attisent les convoitises, notamment des multinationales, mais aussi de l’état français. Lorsque le dictateur s’éteint, les appétits s’aiguisent et les comploteurs n’hésitent pas à répandre le sang et la fureur pour arriver à leurs fins.
Mon humble avis : Deuxième lecture d’un roman de Patrick Cargnelutti après peace and death, un polar sorti en 2017 chez Jigal. Je gardais un bon souvenir de cette lecture, un premier roman plutôt réussi bien que dispensable et c’est avec plaisir et beaucoup de curiosité que je m’attaquais à ce Succession dont j’avais lu le plus grand bien. Au bout d’une cinquantaine de pages, je dus me rendre à l’évidence : ce second roman était d’une force, d’une densité sans commune mesure avec le premier roman de l’auteur. Succession est un roman âpre, dérangeant, un roman qui met le doigt sur les plaies qui gangrènent notre monde. Cargnelutti est un auteur révolté, ses mots sont autant de clous plantés sur le cercueil de notre monde moderne. Tout y passe : la corruption, la déforestation, le pouvoir des multinationales, l’avidité, les méfaits de la mondialisation,la perversion, tous les travers de la société mais aussi ceux des hommes qui le dirigent, c’est violent, éclairé et sans concession sans jamais être ennuyeux ou didactique. Car Succession est aussi et avant tout un grand roman d’aventure, de passion, de destins brisés. La violence morale et parfois physique y est omniprésente, la description des arcanes du pouvoir, des magouilles des grands de ce monde est implacable et il ne faut pas longtemps pour mettre des noms d’hommes politiques actuels derrière ces personnages de fiction. C’est noir, très noir, aucun personnage n’échappe à la cruauté de ce milieu, la psychologie de chacun est disséquée avec brio pour faire de ce texte une oeuvre brillante, perturbante, tout en restant difficile à lâcher jusqu’au dénouement final. Roman sur la noirceur de l’âme humaine, sur la cruauté du monde, sur les dérives du capitalisme et de la mondialisation, Succession ne laissera personne indifférent. Bravo monsieur Cargnelutti, bravo pour l’acuité, pour la volonté de dénoncer un monde qui part en cacahuète, bravo pour ce constat qui ne changera sûrement pas les choses mais qui a le grand mérite d’exister.
J’achète ? : À ton avis ? Evidemment que oui, Succession est un bon, un excellent roman.
Je connaissais Patrick Cargnelutti pour avoir échanger avec lui sur les réseaux de notre passion commune pour la littérature. Mais je ne savais pas qu’il était aussi auteur.
Cette aventure nous entraine en pleine « Françafrique » où les intérêts financiers font des ravages. L’auteur utilise la fiction pour nous ouvrir les yeux sur la gestion dramatique de certains pays de ce continent et sur les politiques menées par les pays occidentaux envers ces contrées. Du président de la république dans son palais au petit esclave dans sa mine, le livre aborde toutes les strates de la tragédie. Pour leurs ambitions personnelles, les grandes entreprises, l’administration et les mercenaires ne connaissent pas de limite dans la corruption et la manipulation. Ils n’hésitent pas à faire des victimes collatérales, sacrifiées sur l’autel des luttes de pouvoir. On reconnaît dans ces évènements sanglants et retors, toute l’ingérence des autorités françaises dans les affaires intérieures des anciennes colonies.
Ce roman âpre n’est pas à mettre dans toutes les mains. La fureur qu’il dégage peut ébranler les lecteurs les plus fragiles. Tout est noir dans cette histoire. L’atmosphère est putride, la violence est omniprésente et les bons sentiments n’y ont pas leur place.
En décrivant des personnages politiques trop reconnaissables, je trouve que l’auteur perd un peu en neutralité et se laisse porter par ses convictions. Il prend une position trop idéologique avec une vision subjective des intentions des gouvernants. Malgré ce détail (qui ne gênera surement que moi !), « Succession » a été pour moi une claque littéraire, fruit d’un grand écrivain. Patrick Cargnelutti a su mettre à profit sa plume de haut vol pour me convier à une aventure immorale et poisseuse, dans laquelle la sauvagerie des hommes croît proportionnellement à leur cupidité. Réaliste, brutal, oppressant, un roman noir à l’état brut !
http://leslivresdek79.com/2020/11/26/patrick-cargnelutti-succession/
Il y avait au Kimbavu, dans le palais présidentiel de Dembéla, un adjudant-chef de carrière à qui la nature avait donné les mœurs les plus infâmes. Son aspect ne reflétait en rien la noirceur de son âme. Il s’appelait Marchenot, Charles Marchenot. Point d’anciens domestiques pour soupçonner d’où il venait et peut-être que jamais une demoiselle ne voulût l’épouser. Même s’il n’était pas majoritaire dans l’entreprise forestière MKK appartenant au sieur Lepelletier, Charles était tel un seigneur d’une puissance illimitée et personne ne riait à son passage, il ne faisait pas de contes, il parsemait juste ici et là des gouttes de sang et morceaux de chair pour bâtir un empire au-delà du machiavélisme avec la bénédiction, de ceux qu’on nomme à l’injuste titre, les grands de ce monde.
« Succession » est « presque une histoire autour de ces vies faites d’une suite d’atrocités inutiles » aurait clamé Voltaire même si loin de moi toute tentative de prosopopée. Et même si le Kimbavu est un pays imaginé par l’auteur, il est aisé de reconnaître certains territoires africains tombés dans la corruption de leurs dirigeants avec des ogres occidentaux.
Varennes – pas un rendez-vous – est un déserteur de l’armée française reconverti dans les combats de boxe en République Démocratique du Congo. Après un match qui n’a pas tourné en sa faveur il est miraculeusement sauvé par Marchenot, un adjudant-chef de carrière – resté donc sous-officier – qui le soigne et l’héberge dans sa somptueuse villa. Mais son geste n’est en rien philanthropique, il pense que cet être sans scrupule sera parfait pour diriger une milice et faire la loi dans les forêts du pays voisin, le Kimbavu. L’exploitation du bois y est parfaitement illégale mais grâce aux relations entretenues avec le Président – à vie – du Kimbavu et de savants procédés administratifs, l’entreprise française MKK reste un emblème industriel et la proie de tous les partenariats possibles avec le gouvernement français et ses services secrets. La France va bientôt changer de Président de la République et, comme toujours, tous les coups seront permis. Toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé serait bien évidemment fortuite.
Patrick Cargnelutti signe un thriller à couper le souffle, une pure fiction dans l’insoutenable réalité de certains pays africains où l’exploitation, le travail des enfants, l’esclavage continuent en toute impunité et où meurtres et règlements de compte sont minutieusement orchestrés par la Grande faucheuse de la finance internationale et inénarrables autocrates. Peu importe le nombre d’innocents exécutés sur la grande table des nations, la richesse des sols et sous-sols valant bien quelques sacrifices humains.
Cynique et mordant, l’auteur réussit à tout de même faire sourire parfois grâce à sa plume laissant l’encre corrosive pour faire une pause dans celle de la légèreté, mais façon puzzle !
Dans ce récit d’une noirceur absolue, le lecteur cherchera les âmes pures. Certaines apparaissent mais la tragédie de leur destin chevauchant celui des autres font qu’elles se perdent dans ce pandémonium du XXI° siècle où seuls les cerbères affamés de chair, de sang et de pièces sonnantes et trébuchantes surfent sur la loi du pouvoir à tout prix sans vergogne aucune.
Si seulement certains se contentaient de cultiver leur jardin…
Blog ==> https://squirelito.blogspot.com/2020/10/une-noisette-un-livre-succession.html
Polar qui démarre très bien, dans une maison de retraite lieu assez insolite pour y placer ce qui ressemble à un meurtre, et peut-être même perpétré par un pensionnaire. La lieutenant Céleste Alvarez est un personnage que l'on n'a pas l'habitude de rencontrer dans ce genre de romans : pas forcément jolie, vestimentairement pas au top et quelques rondeurs qu'elle soigne à coup de kebabs accompagnés de frites, c'est mieux, de burgers et autres viennoiseries. Elle dessine et est sensible aux couleurs qu'elle voit sur les scène de crimes ou d'enquêtes, si elles se répètent c'est alors que l'affaire est pour elle. Point de vue original pour une flicque qui l'est tout autant. L'intrigue est bien menée et si elle souffre de longueurs, elle est notamment assez longue à démarrer et traîne un peu avec des répétitions et des détails qui personnellement ne m'ont rien apporté ni dans la compréhension de l'histoire ni dans la psychologie des protagonistes, elle est quand même prenante jusqu'au bout du bout. Bon, j'aurais bien ôté quelques pages à ce volume qui en compte 350, mais c'est mon côté bougon et amateur de romans courts. Autre bémol : je trouve que Patrick Cagnelutti dialogue trop son polar, mais encore une fois c'est très personnel. Néanmoins, dans la quatrième de couverture, il est fait mention d'un "roman noir hors norme", et là, je rejoins la personne qui a trouvé cette expression. Hors norme, car comme je le disais plus haut, la lieutenant Céleste Alvarez l'est, tant pour son physique que pour son caractère et l'intrigue qui nous emmène jusqu'aux États-Unis dans les années hippies, la guerre du Vietnam, et prend sa source dans la France de la guerre peut être qualifiée avec les mêmes termes. Un autre point primordial est que la part belle est faite à l'humain qui est au centre de l'intrigue et du roman en général. point de technologie de pointe qui prend le dessus, non ici ce sont les femmes surtout et les hommes un peu qui dominent.
Une belle découverte. Un bon polar Jigal -comme d'habitude- qui débute presque par une onomatopée :
"Lundi 9 janvier 2017
Résidence pour personnes âgées Les lilas - 3h30
Tac-tac, tac, tac-tac, tac, tac-tac, tac...
Exaspérant et bruyant, ce déambulateur. Exaspérante, cette lenteur extrême." (p.9)
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