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Le dernier livre de Pascal Martin vient nous rappeler que la vie est trop courte pour ne pas la vivre à fond. C’est ce que va découvrir Rio, la quarantaine, confortablement installé dans sa petite vie tranquille avec ses habitudes, un travail d’enquêteur pour les assurances, qu’il fait de son mieux et sa solitude choisie. Tout cela va voler en éclat lorsqu‘il va croiser Romane la gitane qui croque la vie à pleine dent et sème la mort sans remord. Une lecture rafraichissante et presque exotique avec le langage gitan que Rio et le lecteur découvrent « gadjos » que nous sommes, avec le plus grand plaisir. Les métaphores fleuries, une vision de la vie différente et une jeunesse à bruler par les deux bouts nous emportent dans l’univers de Va manger tes morts.
Il y a une telle liberté dans l’écriture, des dialogues qui fusent et une belle rencontre entre deux êtres que rien ne prédestinait à vivre ensemble. Un roman noir sur l’enfance bafouée, sur la place de la femme, la manipulation mais aussi la vengeance et la revanche à prendre sur la vie. Je n’ose pas dire une romance ce qui peut paraître antinomique avec le roman noir, et pourtant c’est bien de cela qu’il s’agit aussi.
J’ai trouvé Romane attachante entre feu follet et désir de normalité. Rio quand à lui m’est apparu comme un ours, bienveillant et pour finir complètement fou d’elle. C’était beau, frais et cela est venu réveiller mon côté midinette et prince charmant alors que je me pensais plutôt blasée. Un très beau roman qui une fois passé la déroute des réparties de Romane nous donne une vision très Bonnie & Clyde de ce duo improbable et qui fonctionne magnifiquement. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2021/11/17/39162195.html
Rio Capo Ortega est un homme qui apprécie une certaine quiétude existentielle. Enquêteur pour les assurances, l'éducation qu'il a reçue de son père – boxeur Uruguayen – dans le respect de l'ordre et de la loi, ne le prédestine pas à sortir du droit chemin, jusqu'à ce qu'une « météorite vienne le percuter de plein fouet et fasse voler sa vie en éclats », en la personne de Romane.
Alors que dans un restaurant Rio tente de prendre la défense de la jeune femme qui se ramasse des gifles de la part de l'homme qui l'accompagne, celle-ci sort un flingue et explose la tête de l'importun aux baffes faciles.
S'ensuit la cavale de deux personnes que tout oppose. Mais comme il est bien connu que les contraires s'attirent, Rio craque sous le charme sauvage de la jeune femme, et Romane trouve rapidement cet homme bien « michto », pour utiliser un de ses mots favoris. Romane est Gitane, et son langage est un joyeux mélange dans lequel prédominent de nombreux termes Manouches, ce qui rend la compréhension de Rio et du lecteur parfois incertaine, le sous-titrage faisant souvent défaut.
Mais comme le dit si bien Rio qui ne saisit pas toujours les propos de Romane : « on peut aimer la musique d'une chanson sans en comprendre les paroles ».
La balade de nos « Bonnie and Clyde » ne manque pas de saveur, quelques morts violentes parsemant leur chemin comme celui de leurs illustres prédécesseurs, avec dans l'histoire de Rio et Romane une inversion des rôles et des influences par rapport au couple de référence.
Il ressort de ce roman noir une grande fraîcheur, liée principalement à la personnalité même des protagonistes, mais également à la vivacité du style de l'auteur et sa légèreté de ton qui nous les rendent attachants.
Pascal Martin, dont j'ai ici chroniqué pas mal de romans, a écrit avec Va manger tes morts son dernier, il est décédé en juillet 2020. Et avec tout le respect que je dois à l'auteur décédé, je me dois de dire qu'il fait encore mouche et avec talent. Son histoire, pas banale, notamment parce que Romane s'exprime dans une langue qui emprunte à l'argot au parler gitan, au langage du moment des jeunes et a recours à des expressions très personnelles, ce qui fait qu'elle est parfois un peu hermétique : "Au fil du temps, Rio s'était habitué aux répliques nébuleuses de Romane. Il ne comprenait pas toujours ce qu'elle disait, ni le sens des mots qu'elle employait, mais on peut aimer la musique d'une chanson sans en comprendre les paroles." (p.143) Si pour le lecteur, le début peut paraître abscons, la gouaille, l'entrain de la jeune femme emportent tout et on se fait même à son parler d'autant plus que parfois, Rio traduit pour lui-même et donc pour nous.
La cavale de Rio et Romane ne sera pas de tout repos, dès qu'un danger paraît passé, un autre surgit : "Cette histoire était comme une poupée gigogne. Chaque fois qu'une vérité apparaissait, il y en avait une autre cachée à l'intérieur. Un vrai théâtre d'ombres." (p.202) On se demande même jusqu'au bout s'ils s'en sortiront et si oui, comment, mais rien de ce que l'on peut envisager ne se déroule vraiment, c'est Romane qui décide de tout et qui surprend tant Rio que nous-mêmes.
Un polar rapide, vif, dynamique notamment grâce aux dialogues et à la quasi hyper-activité de Romane à laquelle il est difficile de résister. D'ailleurs pourquoi résisterait-on lorsque se propose à nous un excellent roman noir ?
Livre 3 des aventures de Victor Corbus, mais rien n'empêche de le lire sans avoir lu les autres, c'est mon cas et que je ne m'y suis jamais senti perdu. Pascal Martin est un auteur connu et réputé du polar, j'ai déjà ici parlé de La reine noire et de L'affaire Perceval, deux ouvrages marquants avec une petite préférence pour le premier nommé. Cette fois-ci, il reprend donc l'un de ses héros et le place dans un monde totalement inconnu : passer du monde ultra friqué et branché des traders à un squat est un écart très grand dans lequel on risque un claquage. Corbus s'y fait bien même s'il regrette sa vie d'avant dans laquelle il jonglait avec les millions et vivait très aisément -peut-on l'en blâmer ? En toile de fond, il y a la vie dans les squats et la difficulté des gens sans papiers, les appétits féroces de promoteurs pour de beaux emplacements avec de beaux rendements qui oublient les hommes et les femmes qui y habitent. L’appât du gain, encore et toujours.
Ce n'est pas un roman marrant, néanmoins on y sourit parfois, Pascal Martin y est corrosif, grinçant ; c'est une critique acide de la société actuelle prête à tout pour la croissance et l'argent. Il gratte là où la société a mal : à son humanité. En outre, Victor Corbus est un malin, un mec qui se sent des allures de justicier lorsqu'on vient le chatouiller lui et ses amis -et aussi un peu son argent, car il en doit pas mal à un caïd marseillais. Il devra donc se trouver des ressources insoupçonnées et des amis qui n'en sont point dépourvus eux non plus. C'est donc sur un rythme soutenu que se déroule ce polar efficace et mordant. Nouvelle belle parution chez Jigal polar (comme d'habitude).
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