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Dans un long monologue, un peintre célèbre s’adresse à sa fille tout juste libérée des geôles franquistes pour brosser le portrait de sa femme trop tôt disparue. Un portrait oral car il n’a jamais réussi à coucher sur la toile la beauté, l’extravagance, la bonté de la femme aimée. Un autre l’a fait : Dame en rouge sur fond gris. Un tableau dont il a toujours été jaloux. Un autre que lui a su figer les traits de cette femme qui ‘’par sa seule présence soulageait du poids de la vie’’. Pourtant elle était sa source d’inspiration et, sans elle, il n’est plus capable de peindre. Alors il parle. Il raconte la vie, l’amour, la maladie, la mort de celle qui a été sa muse, sa femme, son amie, la mère de ses enfants.
Dame en rouge sur fond gris n’est pas seulement un récit d’amour et de mort. Delibes y parle aussi de peinture, de littérature, de politique, évitant ainsi un livre larmoyant et triste. Au contraire, la défunte illumine par sa gaîté, sa bienveillance, son altruisme, son optimisme, un texte sincère et délicat, véritable ode à la femme aimée et perdue, d’autant plus touchant qu’il est largement autobiographique.
Cette dame, rouge comme le feu qui l’habitait, sur fond gris, comme la triste morosité du franquisme finissant, est une petite pépite, un grand cri d’amour pudique et authentique. A lire.
Un livre étonnant, qui évoque avec un grand talent l'enfance : le regard d'un enfant sur le monde qui l'entoure, la naissance et la mort, l'amour vrai et les racines. Intitulé "Le chemin" plutôt que "Daniel le hibou", héros de l'histoire, la narration met en évidence la modestie de ce personnage, observateur et déjà adulte et sage. On pense à Homère, car les personnages sont dotés de surnoms qui les caractérisent, tels des épithètes homériques, et parce que les symboles sont abondants. Mais la Bible est surtout présente en arrière-plan : Daniel et la fosse aux lions, Moïse l'instituteur passeur de savoir, ou le saint curé et les trois guignes ; la mythologie aussi : Mica, la jeune fille paillette, opposée à Maria, et Don Dimas (Midas?) fasciné par l'or. Un univers romanesque entre récit autobiographique très discret et portée universelle d'un itinéraire humain empreint de philosophie et de religion. Inoubliable.
Le narrateur, peintre de grande renommée, sombre dans l’alcool et la dépression depuis la maladie et, surtout, la mort de sa femme.
Dans un long monologue adressé à une de ses fille nouvellement sortie des geôles de Franco, il raconte sa muse, sa femme, , son amour, eux, leurs vies, le franquisme.
Avec ses mots, Miguel Delibes, prend la place du peintre, à moins que ce ne soit l’inverse, sur fond de famille, de franquisme, de bonheur malgré les malheurs, puis sur le fond gris du deuil, il peint l’aimée, l’adorée, celle qui « par sa seule présence allégeait le poids de la vie ».
Les regrets de ne pas avoir dit combien il l’aimait, combien elle était primordiale pour lui « Mais un jour, elle, elle n’est plus là, il devient impossible de la remercier d’avoir resserré le bouton de la chemise et, subitement, cette attention ne te semble plus superflue ; elle devient quelque chose d’important. ».
Le tableau qui donne le titre au livre n’est pas de lui, mais d’un autre « Alors oui, alors j’ai ressenti de la jalousie pour ce tableau, pour ne pas avoir su le peindre moi-même, parce qu’ c’était un autre qui l’avait saisie dans toute sa splendeur. »
Ce tableau qu’il n’a pas su peindre, ce qu’il n’a pu saisir par le pinceau, le narrateur nous le donne par les mots.
« Puisque la mort est inévitable, n’est-ce pas mieux ainsi ? »
La mort a cueilli son amour avant qu’elle ne se flétrisse, avant que la maladie ne l’ait abimée. C’est tout le thème de son long et beau monologue.
Ce livre est un hommage vibrant. Il côtoie l’intime, l’universel et le sublime. Miguel Delibes dessine le portrait de l’aimée, de l’Espagne, avec son récit. Un plume admirable pour un pinceau tout en douceur. Un chant d’amour, un hymne à la femme aimée
Un superbe livre intime ; une écriture comme je les aime. Dominique Blanc, le traducteur a fait du travail d’orfèvre.
Un coup de cœur.
Une fois de plus, les éditions Verdier m’ont régalée. Dommage que je doive rendre le livre à la bibliothèque.
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