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Né à Naples en 1894, Antonio en a toujours raconté. Des vraies de vraies, des pas totalement vraies, ou même probablement des totalement inventées. Mais qu'importe, en traversant les guerres, entre Naples, Constantinople et Beyrouth, il en avait des histoires à conter pour le plus grand bonheur de son arrière-petite-fille.
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Michèle Standjofski nous raconte son grand père à travers ses histoires, sa vie et ses amours. Et comme toute personne qui reste dans notre mémoire, on a l'impression qu'Antonio a arrêté de vieillir. Il est resté le bel homme plein de charme, ce charmeur conteur d'histoires merveilleuses.
La tendresse des mots et dans le dessin au crayon qui donne encore plus de rondeur et de beauté à ce personnage.
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Laissez-vous porter, transporter par Michèle Standjofski, qui à son tour, nous conte fort bien cette histoire. A-t-elle idolâtré son arrière-grand-père ? Probablement, mais c'est tellement bon. Antonio est un héros, ces héros du quotidien, ceux qui font briller nos yeux.
Voici un très bel hommage que Michèle Standjofski a voulu rendre à son grand-père Antonio. Et même si certains souvenirs ne sont pas très sûrs ou ont été enjolivés, l’histoire de ce napolitain né en 1894 se déroule bien là sous nos yeux.
D’ordinaire, je ne parle que très rarement des dessins en début d’écrit, mais là, il fallait souligner l’importance qui a été accordée aux couleurs.
Tous les dessins ont été réalisés par l’autrice au crayon à papier et les touches de couleurs apportées changent en fonction de l’endroit où se situe Antonio.
Le garnement qui déambulait enfant dans les rues de Naples, matérialisée par la couleur jaune, est parti en 1911 travailler avec son père à Constantinople. L’ancienne Byzance et de l’actuelle Istanbul sont elles rehaussées de jaune et de bleu. Mais une fois adulte en 1922, Antonio va s’installer au Pirée, le port d’Athènes où le bleu va s’installer dans les dessins.
Le périple d’Antonio, une fois marié, ne s’arrête pas là, puisque c’est à Beyrouth qu’il s’installe en 1928 avec femme et enfants. La Suisse du Moyen-Orient se pare alors de bleu et de orange. Et quand en 1935, Antonio est mobilisé en Abyssinie (l’actuelle Éthiopie), le Duce ayant décidé d’envahir l’Empire de Haïlé Sélassié Ier, c’est le marron qui fait son apparition. Antonio continuera ensuite ses pérégrinations en bleu et jaune puis en bleu et orange.
Mais comment Michèle Standjofski a-t-elle pu condenser en 254 pages la vie ou plutôt les vies de son bisaïeul ? Le parcours d’Antonio est tout bonnement ahurissant à une époque où les moyens de communication n’étaient pas ce qu’ils sont actuellement. De plus, cette première moitié du 20e siècle est, dans ces régions, balayée par les conflits, guerre italo-grecque, guerre gréco-turque, guerre d’Abyssinie, les deux conflits mondiaux…
Cet album est un véritable livre d’Histoire et d’histoires, tout ce que j’aime dans la bande dessinée. Une lecture passionnante pour une vie incroyable.
La famille Standjofski est un méli-mélo de racines européennes où l'on parle grec, italien, russe et français. Michèle grandit dans l'ambiance polyglotte d'une grande fratrie formant une micro société au sein d'un tout petit pays d'Orient. Mais à l'école ses cheveux clairs et son nom imprononçable pour des arabophones ne l'aident pas à s'intégrer. Rien d'insurmontable pour une jeune fille qui deviendra, n'en déplaise, une vraie libanaise et fière de l'être. La situation se complique un peu plus quand son pays natal sombre lentement dans une guerre civile aux multiples factions. C'est dans cette ambiance que Michèle se construit en tant qu'adulte. Ballottée d'un milieu à l'autre, elle mène son petit train de vie et évite de justesse la crise identitaire qui risquait de se raccrocher au wagon de sa crise existentielle. Heureusement, l'art du dessin que lui transmet son grand-père russe iconophile sera sa planche de salut. Michèle nous transplante sur la rive orientale de la Méditerranée et réussit à nous rendre une image différente de son pays. Tout commence par son étonnante généalogie qu'elle nous présente grâce à sa mémoire d'éléphant. Elle nous offre un peu de sa jeunesse, s'attarde sur les périodes clés, zoome sur certains détails du quotidien et désamorce par sa douce ironie les situations les plus tragiques. Michèle nous dévoile en couleurs les richesses et les failles du creuset libanais qui s'apprêtait à franchir la barrière séparant le paradis de l'enfer. Un travail éblouissant qui nous plonge dans le quotidien d'une jeune libanaise dont la bande son serait l'album L.A. Woman des Doors.
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