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J'ai beaucoup apprécié ce livre original sur les révolutions Egyptiennes ! Si le fait d'alterner deux histoires qui vont finir par se rejoindre peut dérouter c'est pourtant essentiel, à mon sens, pour comprendre la souffrance de ces jeunes égyptiens. Marion Guénard, qui a vécu au Caire, nous livre de sa belle plume et avec précisions le déroulé tragique des révolutions des années 2010. Ce roman retrace diverses histoires d'amour avec des intrigues qui ne donnent pas envie de le lâcher avant de le refermer .....
A Paris, Mariam est heureuse et comblée. Une brillante carrière, deux beaux enfants. La fatigue vient à peine troubler le quotidien dense mais semble-t-il serein. Ce sont des carnets d’adolescence, découvert par son mari, qui viendront rompre l’équilibre et casser la surface lisse de cette apparente félicité. L’écriture de la jeune fille exprime sa révolte, ses ambitions de revendications politiques, et les souvenirs enfouis d’une vie différente sur la terre de ses ancêtres.
Hors, là-bas en Egypte, après la révolution avortée, les espoirs bafoués d’une jeunesse qui attendait le changement, les quelques résistants luttent clandestinement contre une dictature qui frappe aveuglément pour un geste, pour un soupçon ou sur le coup d’une délation.
Mariam ne réfléchira pas longtemps pour prendre une décision…
C’est un roman nécessaire, qui vient rappeler que les titres principaux des journaux ne reflètent pas la réalité d’un monde où sévissent des régimes qui foulent au pied jour après jour les droits les plus élémentaires.
Porté par des personnages forts de leurs convictions et qui n’ayant plus rien perdre, sont prêts à tout donner.
Malgré une fin un peu courte et abrupte, (mais comment terminer une histoire qui n’est pas finie ?), l’écriture vive et passionnée de l’autrice mène le récit tambour battant et avec une belle fougue.
304 pages Editions de l'Aube 6 janvier 2022
« Au printemps on coupe les ailes des oiseaux » est un texte lumineux qui nous transporte au cœur de cette génération qui a été partie prenante et même initiatrice du printemps arabe en Egypte et qui s’est trouvée ensuite dépossédée de ses rêves de démocratie et de liberté. Avec les différents personnages, nous revivons cette période grandiose où tout semblai possible, même se débarrasser d’un pouvoir honni qui paraissait totalement inamovible. Mais la désillusion est à la hauteur des espoirs suscités. La construction du roman est très intéressante et permet d’appréhender les différents points de vue des acteurs sur place et en dehors en France. Car les différents acteurs du Printemps arabe vont vivre différemment les évènements et cette dépossession, l’un tentant malgré tout de continuer à faire vivre ses idéaux, l’autre se résolvant à passer à autre chose et le dernier sombrant dans la dépression et le renoncement. Marion Guénard parvient à magnifiquement restituer les attentes et les espoirs de cette génération et son désespoir quand le pouvoir militaire, après s’être servi d’elle pour accéder au pouvoir, a repris la main et enterré tous leurs rêves.
Un livre triste mais vivant, sombre mais lumineux, marqué par la désillusion mais en même temps porteur d’espoir. Une vraie réussite en définitive.
"Au printemps on coupe les ailes des oiseaux"…n’ayant rien lu de la quatrième de couverture, je me demandais bien ce que dissimulait ce très beau titre du premier roman de Marion Guénard. C’est au fil de ma lecture que j’ai enfin compris ce qu’il signifiait. De même j’ai trouvé le sens des illustrations de la couverture. Elles m’intriguaient.
"Une porte lourde se referme sur eux… Un cliquetis métallique déchire l’air immobile…Ils pénètrent dans une petite chambre aux murs blancs… Hassan apparaît de l’autre côté. Il est en tenue de prisonnier…Kaouthar voit les traits de son père s’imprimer sur ceux de son frère.", le décor est planté. Kaouthar est égyptienne, elle avait vingt ans à ce moment-là. Ce moment où la révolution a éclaté au Caire, ce moment où la Place Tahrir est devenue le "Lieu" de tous les espoirs. Hassan est son frère, les espoirs se sont envolés.
A Paris, vit Mariam. Elle est la fille d’un couple d’Egyptiens venus en France trouver un monde meilleur. Grande avocate, mariée à Antoine, mère de deux filles, elle semble avoir une belle vie. Mais, tout à coup, elle ressent comme un manque, comme l’impression d’être passée à côté de quelque chose. Et un matin, elle disparaît.
Par chapitre alterné l’auteure nous raconte ainsi la vie de ces deux femmes que tout semble opposer. A travers elles, elle nous narre aussi l’histoire de l’Egypte ou plutôt son Histoire avec un grand "H". Visiblement, elle connaît bien ce pays et ce qu’il a vécu. Il est vrai qu’elle est journaliste, a habité longtemps la capitale et suivi les événements.
Ce roman est un récit sur la désillusion, la désillusion de ces jeunes qui ont cru en un avenir meilleur. C’est aussi un hommage fort rendu à tous ceux qui se sont battus, et pour certains ne se sont pas relevés. Chaque personnage a son importance et notamment Antoine qui part à la recherche de sa femme mais va aussi, lui, élargir sa réflexion. En réalité, il va "re" découvrir celle avec laquelle il vivait sans vraiment la connaître.
J’ai aimé ce roman à un bémol près. J’ai trouvé l’écriture peut-être trop journalistique. Il s’agit d’un roman mais j’ai souvent eu l’impression de lire un article de journal. Les faits sont posés, expliqués et, de ce fait, il m’a été parfois difficile d’entrer en empathie avec les personnages. Je suis restée spectatrice. C’est dommage.
Roman éligible au Prix Orange du Livre 2022
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