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Quand la narratrice vient au monde, sa sœur a 19 ans.
Une sœur bien étrange, pas comme les autres, hors de la réalité. Dérangée ?Débile ?Folle ?
Toute sa vie, elle s'occupera de cette sœur qui sera placée dans différents établissements.
Pourquoi ? Dérange-t-elle ?
Quel livre sombre et désespérant !
Quelle idée d'écrire des choses aussi tristes, avec tellement peu d'espoir.
La seule explication serait que ce soit autobiographique, et là alors, c'est encore plus pathétique.
Après vérification, c'est le cas, et alors là, c'est vraiment bouleversant.
Tout ça m'a carrément fichu le bourdon.
Même si c'est très bien écrit, ce n'est pas vraiment ce que j'ai envie de lire en ce moment, mais en solidarité avec Marie Le Gall, je ne regrette pas de l'avoir fait..
Sujet délicat, délirant, déséquilibrant, délivré par l'auteur comme une catharsis.
Quand la différence d'un être fragilise le subtil équilibre d'une famille. Entre ses propres membres, mais aussi face au regard du reste du monde. Comme une tâche trop vive dans un tableau pastel.
C'est une très belle peinture de la relation entre plusieurs femmes : les soeurs, la mère, la grand-mère. Et surtout comment la plus jeune, l'auteure, parvient à grandir, à construire son identité entre le normal admis et le différent caché.
Une réflexion plus factuelle qu'amère, de la façon dont la différence est montrée du doigt, puis finalement cachée entre 4 murs qui sont plus une prison qu'un havre, étouffée par des traitements qui ne comprennent, ni n'apaisent. Qui rendent juste plus lisse. Parce qu'il ne faut pas choquer. Il faut juste rentrer dans la norme de cette campagne bretonne d'après guerre où la fantaisie bizarre n'a pas trop sa place.
Cela m'a rappelé la délicatesse d'écriture de Marie Sizun dans le très beau roman le Père de la petite.
Alors, faut-il le lire ? Oui. Parce que l'amour d'une soeur va au-delà des différences. Et pour la Bretagne, ses embruns et ses maisons rudes en granit
Ce roman, le deuxième que je lis de l’auteur et qui est son premier ouvrage, commence avec la mort accidentelle d’un enfant de deux ans ; le ton est donné.
Les souvenirs de sa famille évoqués par Marie Le Gall portent l’empreinte omniprésente de la mort ; l’auteur elle-même est fascinée depuis toute petite par les portraits des morts qu’elle regarde jusqu’à les voir s’animer, par le cimetière, par les morts de la famille dont on ne parle pas.
Car nous sommes dans les années 50-60, au sein d’une famille de paysans taiseux dans la rudesse du Finistère rural. Marie-Yvonne, la narratrice naît alors que son père qu’elle n’appelle que «le menuisier » a 53 ans et sa mère Louise, 45. Sa sœur, Jeanne, a 19 ans de plus qu’elle et est atteinte de désordres mentaux ; c’est pourtant d’elle qu’elle se sent la plus proche jusqu’à ce qu’elle soit internée pour le restant de ses jours lorsque l’auteur avait 5 ans. Elle a d’ailleurs écrit un texte magnifique en 2017, « Mon étrange sœur », sur ce lien si fort et si particulier qui l’unit à sa sœur.
Le silence règne dans cette famille, les non-dits empoisonnent les relations et créent une chape de plomb qui écrase cette petite fille qui ne vit qu’avec des vieux. L’atmosphère est très pesante, quelquefois irrespirable jusqu’à la fin insupportable. Ce roman est toutefois bouleversant et douloureux.
Il est fondé sur des sensations, des ressentis, des réminiscences ; ce n’est pas un livre de souvenirs linéaires, donc les évènements relatés ne sont pas chronologiques ; c’est ce qui en rend la lecture difficile ; il faut accepter de se laisser happer par l’émotion sans essayer de tout comprendre ; j’ai eu un peu de mal à le faire.
Ce roman est magnifique par l’amour de la Bretagne et du Finistère en particulier et des Bretons qu’il véhicule ; je vis à une trentaine de kilomètres de Brest et j’ai retrouvé avec plaisir les paysages, les atmosphères, les particularismes, les traditions dont certaines ont perduré jusqu’à maintenant ; je ne regrette qu’une chose, et particulièrement pour les lecteurs non bretons, c’est que tous les noms régionaux utilisés dans le roman sont expliqués dans un glossaire à la fin ; c’est une technique que je n’aime pas car, soit on interrompt sa lecture pour aller chercher l’explication et le fil est rompu, soit on veut rester immergé dans l’atmosphère de ce qu’on lit, on renonce donc à quitter sa page et on perd en compréhension ; mieux vaut les notes en bas de page.
Un roman qui relate la relation de l'auteur avec son père : le menuisier qu'elle n'appelera jamais Papa
Un sujet bien difficile qui nous indique les relations prents/enfants dans la campagne bretonne, les choses cachées, les non-dits, les relations avec les hommes, la mort, sa soeur Jeanne
Un témoignage bouleversant, pudique, réel dans lequel on se retrouve, du moins dans lequel je me retrouve, mon enfance, mes grands parents, les choses non dites....
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