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"Les loups du remords" est construit sur l'alternance de deux formes, qui se succèdent à chaque nouveau chapitre. Sous une forme romanesque d'une part où l'on suit principalement le périple d'Antoine lancé, dans sa vieille Lada, à la recherche de son amie disparue. Écrit à la deuxième personne, l'autre récit est le journal de Vanda qui raconte en mots simples et phrases courtes comment ce gros cahier dans lequel elle écrit chaque soir, lui donne la force de continuer…
"Traversé de motifs poétiques et littéraires, d'extraits des chansons de Barbara, Bashung, Patti Smith, ou Johnny Cash… Les loups du remords se lit comme on écoute un double album. Les musiques surgissent qui viennent aider les personnages à aller plus loin, à creuser leurs émotions et les nôtres."
Même si elle les bouscule un peu, on sent la tendresse qu'éprouve l'auteure envers ses personnages. Ces trentenaires blagueurs mais fragiles, qui se soutiennent mine de rien et qui s'interrogent sur leur avenir… On apprécie l'humour taquin avec lequel elle les décrit. Édouard le Golden Boy en prend pour son grade, tout comme Vanda en Mère Theresa ou Antoine, dans ce passage à la fois drôle et pathétique où il se lamente sur son sort de beau brun ténébreux : « C'est vrai qu'il avait tendance à se cacher derrière pas mal d'excuses plus ou moins bidon : ses parents qui ne l'avaient jamais aimé, sa beauté qui faussait ses rapports avec les autres… Il entendait encore Édouard, cinglant : « Ben voyons ! C'est vrai que t'as pas de chance mon pauvre garçon. Ça doit être dur d'être si beau, hein ?! Ça doit être horrible d'être dévoré du regard par toutes les filles dès qu'on arrive quelque part. Je me mets à ta place et j'en frémis d'horreur ! »
Plus que les thèmes (le temps qui passe, l'art, l'amour impossible, l'amitié…) ce sont les personnages qui rendent ce roman attachant et cette façon qu'a Marie-Hélène Branciard de vous emmener avec elle là où elle veut. Dans cette Lada par exemple, qui traverse Lyon : « Antoine vient de passer le tunnel de Fourvière... Il aime bien ça les tunnels : le côté train fantôme, les lumières rouges sur le carrelage blanc et ce bout de ciel qui saute au visage à la sortie. Il prend in extremis la direction de Marseille, manque se planter dans le brusque virage de la bretelle d'autoroute et gicle enfin, comme une boule de flipper vers sa partie gratuite…»
La couverture aux airs de chromo donne bien le ton de cette « histoire d'amitié truffée de flashbacks, qui fait prendre au temps des minutes de traverse, qui les lui vole parfois » comme le dit si bien Olivier Martinelli dans la préface.
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