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Quand un roman vous fait vivre la vie des insulaires irlandais au siècle dernier…
Yann rêve d’aventures, il n’a que 16 ans, mais en 1935, c’est un homme qui fuit sur un dundee partant pêcher le thon en Irlande. Sur l’île de Blasket, son destin prend forme, auprès d’un médecin qui élève seul ses deux filles Kiara et Maureen. Mais il ne peut se contenter de cet univers en vase clos et la fuite est à nouveau la solution. Elle ne se passe pas comme prévu et la grande guerre vient s’inviter dans son parcours de vie et ses amours. Quelle sœur peut le sauver ? La mort sera au rendez-vous, mais de qui ?
Comme toujours avec Marie-France Desmaray, la plume devient addictive dès les premières pages ; c’est lié au suspense qu’elle installe dans le prologue et à la découverte de lieux puissants qu’elle veut nous faire connaître. Dans ce roman, ce sont les îles Blasket qui vont nous devenir familières autant par les manières de vivre que par la description des paysages et des mœurs ressemblant à la Vendée plus proche de nous. Le visuel de couverture donne le ton : d’envol en envol Yann, Kiara et Maureen vont parcourir leur vie en se cherchant, se perdant et se retrouvant, souvent dans un monde en guerre.
Pour écrire ce roman, la romancière s’est appuyée sur une bibliographie conséquente et ce qui pourrait paraître invention n’est que vérité transmise par les livres pour certains personnages comme pour certaines situations. Le héros et les héroïnes sont fictionnels mais certains personnages secondaires ressemblent à certains habitants de l’île à l’époque. Le territoire nous est décrit en détail, que ce soit Cohb et ses maisons colorées ou le Comté de Kerry et la péninsule de Dingle.
L’amour court tout au long du livre mais ce sont des amours tumultueuses, de celles qui emportent un jour et se fracassent un autre. C’est fort, lourd et toujours impétueux. Point de sagesse dans ces histoires qui s’entrecroisent, juste un puissant désir de vivre. Coincé entre deux sœurs aussi belles et intelligentes, l’une que l’autre, Yann cherchera à rester fidèle à ses valeurs et espèrera toujours le meilleur.
J’ai connu le dépaysement total et les plats qui étaient servis lors des repas ont participé à une balade gourmande qui m’a fait découvrir le stobhach gaelach ou iris stew (ragoût d’agneau aux pommes de terre, le potato cake (galette épaisse de pommes de terre), le fudge cake au chocolat, l’apple cake et d’autres encore.
Je remercie Les Presses de la Cité qui, à la demande expresse de la romancière m’ont fait parvenir ce roman en service de presse non rémunéré.
Genre : Roman historique
Avis : DEPAYSANT
Un roman mené avec allégresse et précision.
Que j’ai eu du plaisir à découvrir le dernier roman de Marie-France Desmaray ! J’ai retrouvé tout ce qui fait le charme de ces lectures : dépaysement, histoire romanesque, détails historiques et écriture lumineuse.
Nous sommes en 1950. Rose est installée avec sa famille à Saint-Claude, dans le Manitoba et semble avoir oublié Justine, à qui elle avait promis de l’emmener au Canada. L’enfant, devenue jeune fille, attend depuis maintenant plus de cinq ans et elle n’a plus envie d’obéir à ses parents qui ne veulent qu’une chose : la voir travailler et arrêter de rêver. Sa fuite la mettra dans l’embarras et lui permettra de constater que sa famille ne veut que son bien. Louise trouvera-t-elle le courage de quitter la Vendée ? Justine découvrira-t-elle enfin le continent qui lui paraît indispensable à la vie qu’elle souhaite mener ? Entre amours et trahisons, qui sortira vainqueur des combats ?
J’ai à nouveau constaté tout le soin mis par la romancière à bien installer ses personnages dans des lieux qui se dévoilent à nous comme dans les meilleurs journaux de voyages. Ils y évoluent avec un naturel qui doit beaucoup au vocabulaire typique et aux richesses paysagères et gastronomiques du pays. Ils sont profonds, vivants et servis par des dialogues bruts et sans artifices. J’ai découvert la chouette lapone, le Doré jaune, Saint Boniface la ville cathédrale, les joueurs de soccer, les foutimassons et… le gâteau des anges de Germaine Gloutnez. À vous de trouver les autres tentations…
Avec quelques retours dans le temps pour bien situer les familles, on chemine aisément auprès de Justine pour qui réussir sa vie est la grande affaire. Il y a de la volonté, de l’intransigeance et du courage chez cette jeune fille devenue femme et découvrant l’amour.
Si vous êtes un lecteur impatient, je vous conseille de chercher les trois romans et de suivre la saga d’une seule lecture, mais vous pouvez aussi commencer par celui-ci, l’environnement est si bien bordé que l’histoire du personnage principal vous happera, vous laissant la curiosité de mieux connaître le reste de la famille.
Je remercie Marie-Jeanne/Les Presses de la Cité pour avoir répondu à la demande de la romancière et m’avoir fait parvenir ce roman en SP. Je remercie Marie-France pour sa dédicace et j’en profite pour lui dire que les mots adressés à ses parents sont d’une tendresse infinie.
Avis : CAPTIVANT
Un échange avec une auteure, une envie, une demande et hop, lecture le soir même jusqu’au bout du jour. C’est ce que je me permets de temps à autre et qui fait que mon occupation reste un plaisir.
Côté titre et couverture ouvertement accroche-regards, il y a à redire mais cela me semble être de plus en plus répandu chez les éditeurs ; on aguiche alors que le texte mériterait bien mieux. C’est le cas ici où l’on s’attend à trouver une romance alors que les recherches et l’expertise des lieux et des situations en font un roman lourd, bon témoin de l’Histoire du milieu du 20ème siècle, au Canada, du côté de Winnipeg et de la baie d’Hudson.
J’ai vite compris que je lisais le tome 2 d’une saga mais cela n’a pas gêné ma lecture car les rappels du passé sont ingénieusement insérés et la liste des personnages au début du livre aide pour le suivi des personnages.
Rose est la fille de Louise qui a fui la France avec Juliette son amie, alors qu’elle était toute jeune et enceinte. Elle a rejoint la communauté française du Canada et a construit une vie heureuse, que la guerre vient mettre à mal. Rose est sauvage, intrépide et indépendante, c’est pour cela qu’elle ne voudra pas suivre le chemin tracé pour elle. Elle quittera sa famille, trouvera l’amour, mais le gardera-t-elle ? Engagée volontaire dans le corps des infirmières, sans vraiment réfléchir, elle rejoindra l’Angleterre. Mais sa vie va lui échapper et jusqu’au bout, elle devra chercher sa vérité.
Le personnage principal est attachant par sa candeur et sa loyauté, bien perturbées par son envie de vivre autrement. Elle est toujours dans l’action et l’écriture de l’auteure, vive et enlevée, l’accompagne bien. C’est une fiction mais le rappel de certaines réalités : la misère des français par rapport aux immigrants anglais en 1930, leur engagement et leur amour pour la France, les multiples mouvements de soutien comme l’Alliance française du Manitoba, donnent du fond et suscitent un vrai intérêt.
J’ai particulièrement apprécié les descriptions culinaires et le vocabulaire forcément d’ailleurs. Une nouvelle fois, un roman historique m’a procuré ce que j’en attendais et j’en remercie l’auteure que je sens prête à continuer de nous régaler, maintenant qu’elle a la confiance de l’éditeur et des lecteurs.
Qui me fera confiance pour la découvrir ? Pour augmenter le plaisir, je vous conseille néanmoins de débuter par le tome 1, les Amants de la rivière rouge, paru aussi chez Les Presses de la Cité.
Petit topo sur l'histoire : Louise est une jeune fille de 15 ans qui se retrouve enceinte « par accident ». Par peur des jugements et de sa famille, elle décide de fuir sa Vendée natale pour la Charente où elle sera accueillie par Jeanne et Auguste, qui lui fourniront le gîte et le couvert moyennant quelques petits travaux. Quelque temps après son arrivée au village de Saint-Simon, Louise met au monde une petite fille qu'elle appellera Rose. Au fil de son séjour, les liens entre Auguste, Jeanne et Louise vont se renforcer, permettant à cette dernière de retrouver un cocon familial rassurant et serein. de jour en jour, elle s'ouvre au monde et trouve en la personne de Juliette une amie extravertie, une épaule sur laquelle elle pourra se reposer. Cependant, suite à un drame amoureux, Louise décide de suivre son amie au Canada pour tenter l'aventure et se donner une chance de réussir dans un pays réputé pour offrir des perspectives d'avenir plus larges qu'en France. C'est ainsi qu'en 1926, Louise, Rose et Juliette débarquent au Canada, chez Léon et Gabrielle qui les emploieront dans leur laiterie, pour vivre leur vie pleinement et suivre le destin qui leur tend la main.
Les premières pages du roman annoncent le ton : Louise est une battante qui, malgré son jeune âge, est maître de son destin et n'hésite pas fuir ce(ux) qui l'oppresse. On pressent qu'elle va aller loin, qu'elle va nous transporter dans ses envies de voyages et sa soif de connaissance.
Les personnages qui l'entourent ne sont pas en reste et présentent une palette de caractères plus appréciables les uns que les autres. C'est donc au travers d'un récit vivant et doux, que l'auteur nous fait découvrir la destinée de Louise, sa détermination et ses combats. Marie France DESMARAY construit son récit sur des descriptions multiples des paysages, des contextes économiques français et américains, elle tente de montrer les découvertes de Louise, ses capacités d'analyses et sa perspicacité, n'hésitant pas à mettre en avant les contrastes entre monde rural et urbain.
Malheureusement, j'ai trouvé que ces mêmes descriptions alourdissaient le récit, ouvraient une porte à la rêverie me laissant quitter Louise et ses aventures pour des pensées qui n'avaient rien à voir avec ma lecture. Certes il y a de la recherche historique, de l'évocation des premiers « Canadiens » à l'importance de la rivière rouge, des pionnières canadiennes en passant par l'industrialisation de ce pays, bref on ne peut nier le travail effectué par l'auteur. Cependant, je n'ai pas été suffisamment transportée, pas suffisamment happée par l'histoire qui est resté un peu trop plate à mon goût et qui manquait de caractère dans l'évocation de certains sujets (notamment celui du viol).
En conclusion, Les Amants de la rivière rouge est un roman qui m'impose un avis mitigé. Les descriptions trop lourdes ne donnent pas la place suffisante aux personnages, à contrario, ô combien attachants et vivants. Les deux premières parties m'ont transportée alors que les deux dernières m'ont laissé sur ma faim. Je ne pourrais dire que je suis déçue de ma lecture, je l'ai juste refermée avec soulagement, en gardant en tête la beauté et la bonté des personnages.
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