Au moment où le train entre en gare, les souvenirs rejaillissent dans la tête de Marcia Jacquet. Trente ans après, elle revient dans son village natal, niché dans la montagne, pour l’enterrement d’Eddy, le mari de Florence, son amie d’enfance. Celle avec qui elle aurait dû partir. Marcia vient aussi pour sa mère, pour lui trouver une structure qui puisse l’accueillir. Une semaine pour réveiller le passé, pour évacuer les non-dits, pour ne pas avoir de regrets...
Après Adieu mon royaume (Six pieds sous terre éditions) et Lucie sous la lune (Les enfants rouges), Marcel Shorjian s’est inspiré de son histoire familiale pour raconter une histoire d’amour qui reprend vie. Le récit explore à la fois les relations adolescentes et le passage à l’âge adulte. Le retour de Marcia est aussi l’occasion de libérer la parole, de creuser le passé de la famille, de se montrer au grand jour. Florence va-t-elle enfin la suivre ?
Jeanne Sterkers parvient à illustrer cette histoire pleine de sensibilité. Ses couleurs directes, aux feutres à alcool, allient les scènes passées et présentes avec la même puissance. Dès le début de l’album, Les cases silencieuses marquent le lecteur. J’ai été pris par la quête de Marcia, du début à la fin, et par la force d’un lien qui a dépassé les années d’absence.
Encore une très jolie lecture BD pour bien commencer l’année. Il y a tout pour plaire dans cet album et même plus que ça, osant parler d’amour lesbien chez les femmes mûres. Une très belle découverte !
"Les alliés ne sont jamais assez nombreux quand les ennemis sont aussi bruyants"
Marcia et Florence étaient jeunes, et elles s'aimaient, mais dans ce petit village reculé, leur passion était impossible. Leur seule porte sortie était la fuite, mais le destin les a séparées.
C'est dans ce même petit village, que les deux femmes vont se revoir bien des années plus tard, lors de l'enterrement du mari de Florence. Des retrouvailles amères sur un fond de souvenirs désenchantés.
Ce qui touche, c'est la justesse de l'histoire, pas de sensiblerie inutile, mais des émotions subtiles et réalistes, qui sont parsemées à travers le récit et les dessins. En revenant sur le passé, on dissèque les obstacles et les raisons qui ont poussé ses amoureuses à prendre des directions opposées. Il y a les regrets, les blessures non cicatrisées, mais aussi de nouvelles perspectives.
On s'accroche à l'envie de voir l'amour triompher malgré l'homophobie ambiante et sa violence, tout en gardant en tête que le combat contre l'intolérance n'est jamais terminé " On ne doit jamais baisser la garde. Je sais qu'on peut vivre heureuses mais je ne crois pas... Je ne crois pas qu'on puisse vivre tranquilles."
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