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Lucile Leclerc passe par un petit détour historique qui va du Moyen-âge aux années 1950 pour nous montrer, à travers une saga familiale, l’évolution de la paysannerie en France. En quelques centaines d’années, le statut des paysans a changé. Du statut de serf sous le joug d’un seigneur, le paysan est devenu propriétaire de son lopin de terre.
« Le paysan s’est affranchi du propriétaire, en tant que locataire assuré, lorsqu’il n’est pas propriétaire lui-même. Le métier est toujours aussi difficile, il se caractérise par un effort physique soutenu, mais l’indépendance a été obtenue. »
C’est après la seconde guerre mondiale que les avancées sociales sont importantes comme la sécurité sociale, le salaire minimum obligatoire et le droit de vote pour les femmes.
1960 voit la création des SAFER. Ce sont des Sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural qui ont pour mission de permettre à tout porteur de projet viable de s'installer en milieu rural. Mais, hélas, il y a des trous dans la raquette, et de grosses firmes en profitent pour rafler le foncier.
« De plus en plus d’hectares partent dans les mains de sociétés, c’est une dérive complète ».
Malgré de nombreux rapports, et des propositions de modernisation de la politique foncière, rien n’a vraiment bougé.
Les jeunes qui débutent dans le métier ont de plus en plus de mal à trouver des terres face à la puissance financière des grands groupes et les banques, devenues frileuses, refusent les prêts. Pourtant, cette production en série et à grande échelle n’est pas bonne pour la planète. Elle multiplie les transports.
« On estime que le transport mondial est à l’origine de 25% des émissions de carbone. Elles menacent la vie terrestre et maritime en réchauffant l’atmosphère. »
L’identité des régions, la diversité de la production disparaissent au détriment de produits calibrés qui ont perdu toute personnalité. Et l’agriculteur, devenu salarié ou prestataire pour la firme, ne vit pas mieux tout en perdant son indépendance. Alors, où est le progrès ?
« Appauvrissement des sols, pollutions de l’air, danger sanitaire…L’agriculture de firme, c’est aussi une standardisation du vivant. »
Tout cela a un impact dans nos assiettes.
« L’agriculture de firme progresse, représentant une menace pour notre environnement, pour la biodiversité e pour notre assiette. Avec son appétit d’espace démesuré, ce modèle avance sans obstacle…ou presque. »
Heureusement, quelques initiatives locales de mise en commun des terres ou de partage des taches voient le jour, et il y a des refus de céder le foncier aux firmes comme cela s’est produit pour le groupe Auchan. Mais ces initiatives ne sont pas assez nombreuses.
A notre petite échelle, nous avons un rôle à jouer en soutenant les produits locaux et les projets communs d’achat foncier. Mais ce ne sera pas suffisant, et les décideurs politiques doivent agir. Il faudrait redonner leurs lettres de noblesse aux Safer afin que la terre demeure un « espace politique » comme le définit le sociologue et philosophe Henri Lefebvre.
Sur fond de colère paysanne et de réchauffement climatiques, l’agriculture de demain, est une question essentielle qui se pose et cet essai, qui a le mérite d’être clair et bien documenté, nous ouvre les yeux sur le danger de laisser notre agriculture indépendante et de proximité disparaitre au profit de grandes firmes.
Alors, aux bêches citoyens, et défendons nos champs et nos prairies !
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