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Je découvre de plus en plus la littérature irlandaise actuelle que j’apprécie. Je n’avais pas vu ce titre lors de sa sortie en grand format, mais je ne crois pas que j’étais prête à le lire non plus. Appréhension d’un texte trop « cru » trop « réaliste », oui on a des à priori. Entre temps j’ai rencontré des irlandais fort sympathiques. Et puis on évolue aussi en tant que lecteur, heureusement ! Et on sort de sa zone de confort pour tout à coup se rendre compte que c’est un roman magnifique que l’on a entre les mains.
Après ce petit préambule je vais essayer de vous partager ce coup de cœur littéraire.
Une mention pour la magnifique couverture qui résumé en partie une tranche de vie, Le visage resté en partie dans l’ombre, la beauté sensuelle, la place du corps et des muscles et ce tatouage de vierge Marie… « Hérésies Glorieuses » !
Les 500 pages de ce roman vont vous faire vivre des émotions fortes, et vous aurez du mal à le poser. Tant de vies sur le fils du rasoir entre les pages et entre vos mains ne vous laissent pas indifférents.
Ce qui m’a particulièrement plu c’est que le fond et la forme sont étroitement liés. Je viens de vous dire qu’on a des personnages forts, pas forcément sympathiques que l’on va voir dans des situations plus ou moins dramatiques. Mais je crois que ce qui les rend encore plus prenantes c’est la façon dont elles sont amenées.
Ce n’est pas simplement la vision d’une population en marge des bas fonds de Cork. Cela pourrait sonner comme un roman noir voir un polar avec des truands qui gèrent la prostitution, la drogue et le crime organisé. Et autour gravitent des laissés pour conte de la société, les losers et les petites frappes. Lisa McInerney les place sur différents plans. Leur place dans la société, dans leur communauté et petit à petit dans leur intimité.
Ce que j’ai adoré c’est le côté très visuel, cinématographique. On découvre un personnage et ce qu’il vit. Puis au chapitre suivant c’est un autre. Et on enchaîne avec une autre scène une autre vie. Mais on se rend vite compte que A nous a déjà parlé de B avant de le rencontrer, puis B nous parlera de A et de C ou D… et lorsque ce nouveau personnage apparait on le reconnait même si on va le voir sous un autre angle. Et c’est comme si la caméra avait tourné autour de lui pour nous montrer une autre facette de lui. Et tout cela va tisser une vaste tapisserie de cette partie de la ville de Cork.
On va aussi découvrir des personnages à différents âges. Les adolescents qui ont encore des chances de s’en sortir ou de plonger, des êtres au point de bascule. Puis il y a ceux qui ont entre 20 et 30 ans qui semble déjà vieux tant ils sont esquintés. Ceux qui ont entre 40 et 50 ans soit ils dirigent soient ils sont en bout de course, s’ils ont survécu. A part un ou deux personnages rares sont ceux de la tranche au-dessus.
Du bouillonnement de l’adolescence révoltée à la chute de l’adulte déchu on a un panorama assez sombre. Cependant il y a des moments merveilleux d’espoir et d’amour, tout n’est pas pourri ou corrompu dans ce royaume.
Les années passent et on se rend compte que finalement on est dans un creuset. Le monde est petit dans ce microcosme et tous se retrouvent liés d’une façon ou d’une autre. Il y a un effet boomerang quand on s’y attend plus la tâche de sang ressort.
Les personnages féminins sont aussi présents que les personnages masculins mais ils ne jouent pas dans la même cour. Il y est beaucoup question de prostitution et du rapport au corps. Sexe, maternité, drogue et alcoolisme, violence en tour genre, elles ne sont pas épargnées bien au contraire.
En arrière plan on a la société avec l’école, la religion et la familiale et à chaque fois les dérives les mauvaises décisions qui ont des conséquences sur l’avenir et sur la place dans la société.
Ce que j’ai aimé c’est aussi la langue, j’avais peur de trouver une langue crue voir argotique mais pas du tout. Lisa McInerney (ou/et sa traductrice) joue plus avec le rythme beaucoup de phrases courtes percutantes et des phrases légèrement plus longues. Alternance de dialogue et de narration. Parfois à la troisième personne en suivant un personnage plus qu’un autre, puis de temps en temps un chapitre à la première personne (en italiques). Jeu de rythme et de regard.
Ce roman est un roman qui m’a marqué car il parle de révolte et de colère tout en parlant de démission et résignation, comment réussir à s’en sortir ?
J’arrête de vous parler de ce roman car il faut que vous le découvriez avec vos yeux.
C’est le début d’une trilogie…
Une plongée en apnée dans les bas-fonds du port irlandais de Cork, actuellement.
Avec la misère en toile de fond, se côtoient les silhouettes inquiétantes du monde interlope de la nuit, celles qui hantent les ruelles obscures de la ville . Sous l'ombre menaçante et toute-puissante de Jimmy Phélan qui commandite tout un réseau de truands, de prostituées et de dealers, chacun tente de survivre en menant son petit trafic , tantôt victime, tantôt bourreau.
Les personnages du roman sont nombreux , porteurs chacun d'une part d'ombre et de lumière, englués dans un destin fatal dont ils tentent de s'extraire en attendant le plus souvent de retomber plus bas encore .
D'abord, il y a Maureen, la mère de Jimmy, l'ange du mal . Elle est venue à Cork pour y retrouver celui qu'elle avait été forcée d'abandonner il y a très longtemps , peu après sa naissance . N'oublions pas que nous sommes en Irlande et le sort des filles mères abandonnées y était peu enviable il y a quarante ans .
L'Eglise catholique règnait en maître sur les esprits et les âmes et imposait à celles qui avaient péché ostracisme ou travail forcé enfermées dans des couvents de sinistre réputation . Lina McInerney n'oublie pas de nous le rappeler !
Maureen qui tue, par accident, un homme qui s'était introduit clandestinement chez elle, et qui va ainsi déclencher , sans le savoir, une série d 'actions en cascade qui vont, comme des dominos, secouer tout le peuple des marginaux et des laissés pour compte de la société .
Maureen, qui va aussi chercher, à sa manière, une forme de rédemption .
Mensonges, trahisons , règlements de comptes et crimes commandités.
Gare à celui qui tente d'échapper au système pyramidal du boss, de ses séides liés par des contrats .
Noir, c'est noir . Il n'y a plus d'espoir , semble-t-il . On aimerait, comme Maureen, en fin de roman , garder espoir de sauver Ryan de la noyade, de le remettre « sur pied »,
« Ne laisse pas la rivière t'emporter » le supplie-telle .
Je suis sorti sonnée de la lecture de ce beau roman, cruel et tendre à la fois, souvent chavirant et dont les vibrations me poursuivent encore. Avec émotion et sans pathos superflu, il raconte les faits d'en bas, à hauteur d'homme et de misère . Sa force vient aussi de son écriture (bravo à la traductrice ) , un écriture survitaminée, un peu folle parfois, pleine d’énergie, de créativité , de répliques abrasives.
Lina McInerney a pris de la boue et en a fait de l'or !
Pour un premier roman, c'est une réussite.
Bienvenue à Cork, en Irlande, où Maureen revient après 40 ans d'exil forcé.
Son fils, Jimmy, malfrat de renommé, doit faire disparaitre le corps d'un individu qu'elle a assommé et tué son le coup... A partir de là, les destins des personnages s'entre-croisent dans les bas-fonds et la misère sociale de cette ville.
Pour les amateurs de romain noir, c'est un très bon moment de lecture!
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