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« Sans respirer » se lit en apnée, dans l’urgence comme ce désir qui pousse Laurence Lépine à livrer ses sensations à la page, phrases lapidaires ou denses, sans ponctuation, qui vont et viennent, alternance de poèmes brefs et de blocs, flux et reflux d’un océan fait chair.
On plonge et on est entraîné, trainé, par cette profusion de mots comme un galet roulé par les flots.
« Lorsque tes mains/ ces sœurs sous-marines/ longent ma chair/ arpentent le désir/ l’irrésistible promesse. »
Laurence Lépine parle à l’homme « dans ta chemise ouverte la planète close je te regarde me regarder ou quoi encore… » Elle raconte l’amant, elle se raconte, elle, la femme avec sa chair et son désir mêlé de crainte.
« …une nouvelle façon de te dire regarde comme j’ai peur regarde comme j’ai envie. »
Le corps, chair désirante, offerte, est omniprésent avec cette offrande « je porte dans les mains/ l’attente de ton nom ». Les mains se font oracles. Les mains reviennent souvent, mais aussi épaule, pied, poitrine, hanche et sexe.
On assiste à une danse des corps, la « danse aquatique » jusqu’à la confusion des genres, le mélange des corps « ta chair / devenue féminine »
Et toujours ce mystère aquatique troublant et dans lequel tout se dit.
« Toujours/ ce fond de l’eau où je te cherche »
Il y a la passion, comme une déferlante, parfois elle est souffrance et puis ce désir d’un « amour tranquille », confidence faite au clavier, dans le silence de l’intime, ce désir de se retrouver soi.
Dans un dernier texte, il y a cet « attends » qui reviens comme une articulation entre deux vies tissées serrées et un monde secret entre les amants.
L’écriture de Laurence Lépine est libre et audacieuse. Elle nous parle de chair au plus près du désir et c’est profond, intime, bouleversant.
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