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Ne pas se faire mordre. Dans un paysage post-apocalyptique, quelques humains tentent de sauver leurs peaux et de trouver un remède à la maladie qui décime le genre humain.
Ce ne serait pas une grande perte me direz-vous ? Peut-être, sauf que vous n'aimeriez certainement pas être à leur place…
L'auteur écume tous les clichés du roman d'horreur en mode zombie et on adore car il le fait malgré tout avec pas mal d'originalité (je vous laisse découvrir comment la maladie apparaît et se propage notamment…).
Quand les chamans se font traîtres à la nature, les humains la manipulent et la dévoient, jusqu'à devenir leur propre arme d'extinction massive (tiens ! tiens serait-ce un roman à la portée plus écologique et même philosophique qu'il n'y paraît ?).
L'ambiance bayou et reptilienne donne le ton de ce drôle de road trip à savourer cet été (bien planqué sur sa serviette de plage).
Au passage, les chasseurs de reptiles et leur manière de se mouvoir fluide et ondulante m'ont fait penser à la marche dans le désert de Dune…
Et puis les relations humaines et familiales sont vraiment mises en exergue et je crois que c'est un très bon choix de l'auteur de ramener son roman d'horreur à l'humanité et ce qui intrinsèquement nous lie, faisant de nous ce que nous sommes.
Du mordant !
Premier roman de Julien Guerville remarquablement bien écrit. Mais noir, tellement noir. Un roman social dur et que j'ai trouvé assez désespérant...
Calvin est ouvrier de nuit à l’usine pétrochimique de Poghorn, ville imaginaire dans un pays qui n'est pas nommé. On sait juste que ça sent le plastique, les hydrocarbures et qu'il neige une bonne partie de l'année, qu'il y a la mer pas loin et des montagnes alentours. Sinistre donc. Son frère bat sa femme qui se réfugie chez lui. En dehors de son boulot, il fabrique une drogue à base de champignon, il fume (beaucoup!) et il va voir Nina dans une maison close... Désespérant vous dis-je!
De la drogue, des cigarettes et peu d'espoir dans ces vies fort bien décrites d'hommes et de femmes se tuant à la tâche dans des usines polluantes qu'aucun dirigeant n'a le courage ni de fermer ni de rendre moins polluante et plus safe pour les gens qui y travaillent. Beaucoup de questions soulevées, pas de réponses juste le désespoir. Pas gai mais utile sauf si on a déjà des coups de blues...
Dès les premières lignes du roman, l’odeur et le goût du plastique sont là et ne nous quitteront pas, tout comme elles ne quittent pas Calvin. Il est le narrateur. Il est cet homme qui travaille de nuit à l’usine pétrochimique ProSol « La chimie au service des environnements » : revêtements plastiques, peintures et solvants, chimie fine, agriculture, agroalimentaire, parfums de synthèse, recherche et développement, innovations en carburant durable et écologique, c’est ce que l’on peut lire sur le panneau rouillé à l’entrée du site. Pas d’autre choix possible que ce travail.
Surnommé « le chimiste » par ses collègues de travail, il vit seul avec son chien Job, il a un frère marié et sa mère qui perd un peu la mémoire est soignée dans un établissement.
La vallée de la Bez dans laquelle s’écoulent les eaux polluées de la ProSol, le Rauc, vers lequel sont acheminés les produits chimiques fabriqués par l’usine pour le traitement des orangers de l’AOOR et le bourg proche de Poghorn sont le décor fictif de ce roman noir.
Bières et alcool permettent d’évacuer les tensions, et un peu d’affection est trouvée auprès des prostituées. Mais, pour fuir cette réalité, Calvin a trouvé un moyen qui lui permet en plus d’améliorer ses revenus. Il fabrique des bonbons avec « les mycéliums d’Amanita muscaria, les tue-mouches, les rouges avec les points blancs », une drogue qu’il appelle la Mô. Il se définit d’ailleurs ainsi : « le frère aîné, l’ouvrier dealer de Mô qui vivait dans une cabane de palettes au milieu d’une vallée parcourue de nuages toxiques ».
Deux évènements vont perturber très sérieusement cette routine, quand Kimiyo, la femme de son frère frappe à sa porte, le visage en sang, celui-ci l’ayant frappé et plus tard, quand la télé annonce que la ProSol va fermer l’usine pour une délocalisation.
L’usine est une source incommensurable de pollution et ses rejets imprègnent l’atmosphère de toute la région d’une odeur de plastique et de produits chimiques. La ProSol nuit fortement à la santé des gars qui y travaillent, tout en leur fournissant un emploi qui leur permet de vivre, là est l’ambiguïté. Et, du jour où l’annonce de la fermeture intervient, la question va se poser de savoir ce que vont bien pouvoir devenir ces gens.
Amanita concentre en un seul lieu une extrême noirceur, l’exploitation à outrance de l’homme par l’homme dans un seul souci de rentabilité faisant fi de sa santé, sans se soucier aucunement du respect de la nature. Julien Guerville, dans cette fiction évoque cette industrie polluante qui met à mal l’homme et son environnement et qui n’hésite pas à délocaliser pour des profits encore plus grands sans se soucier des dégâts humains. Il raconte aussi ces hommes qui essaient de s’unir et font preuve de solidarité à la fois dans le travail, mais aussi face à la perte de l’emploi et qui doivent également faire face aux écologistes très déterminés. La grève et l’occupation de l’usine de même que les négociations et les manipulations dont font preuve les dirigeants et les politiques ne sont pas oubliées. Et comme pour faire oublier tout cet univers sombre et en même temps l’enlaidir davantage, le trafic de produits stupéfiants.
Et pourtant dans cette noirceur et cette odeur dont on ne peut se défaire, quelques rais de lumière brillent çà et là. Il y a la poésie de Kimiyo, la chaleur des copains de Calvin, la tendresse que celui-ci porte à sa maman Michelle qui le confond soit avec son frère soit avec son père quand il lui rend visite et ce moment tellement touchant quand elle affirme et soutient que Paul Mac Cartney a écrit la fameuse chanson pour elle ! Une playlist accompagne d’ailleurs le bouquin.
Une belle écriture, un style percutant, des phrases courtes servent un ouvrage dérangeant et oppressant qui nous plonge dans des problèmes, hélas bien contemporains.
J’ai eu cependant un peu de mal à me sentir impliquée dans cette histoire, peut-être est-ce dû à cette atmosphère si particulière et terriblement glauque.
Mais comme le dit Éric Frasiak, à la fin de sa chanson « Un truc comme ça » https://www.youtube.com/watch?v=OWKLj9RDJC0&list=RDOWKLj9RDJC0&start_radio=1: « Faut pas croire tout ce qu’on dit, le monde va pas si mal…J’suis vraiment convaincu qu’avec le nombre qu’on est, On s’s’rait d’jà bougé l’cul si tout ça c’était vrai »
Pas du tout étonnant que Amanita fasse partie de la sélection de la 13ème édition du Prix Orange du Livre, tant Julien Guerville avec cette première fiction nous offre un roman social terriblement actuel, très original duquel se dégage une poésie noire, très noire.
Je remercie Lecteurs.com et les éditions Calmann-Lévy pour m’avoir offert cette belle découverte !
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
https://leslivresdejoelle.blogspot.com/2021/05/amanita-de-julien-guerville.html
" L’air empestait le plastique. Avec le temps, j’avais cru que j’oublierais. Que je m’y habituerais. Mais ça ne passait pas. L’odeur acide et piquante des polymères s’insinuait partout. Toujours."
Calvin travaille de nuit comme ouvrier à l'usine pétrochimique ProSol de Poghorn, une ville imaginaire. L'usine produit des plastiques sans aucun respect pour les employés et l'environnement. Terre et eau sont polluées par l'usine. Calvin vit dans une cabane de palettes au milieu d'une vallée parcourue de nuages toxiques. Le jour, il fabrique des pilules hallucinogènes, la Mô, à partir d’amanites tue-mouches, cette drogue permet à tous de tenir le coup. Un jour, Kimiyo, la femme de son frère Tom, un célèbre écrivain avec qui il entretient des relations difficiles, se réfugie chez lui, le nez fendu et l’arcade cassée, tabassée par Tom. Peu de temps après les télés annoncent la fermeture de l'usine.
Un roman noir dans lequel j'ai eu du mal à rentrer. Il aborde des sujets très sombres, la pollution, la solitude, la précarité et l'exploitation humaine au mépris des règles les plus élémentaires... Un ensemble glauque, un peu outrancier, qui dégage une sensation de malaise avec des personnages dont je n'ai pas réussi à me sentir proche. Une lecture qui ne m'a pas convaincue.
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