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Un poème dramatique écrit au Brésil qui fait écho à ceux qui marchent (ou qui montent sur un bateau de fortune) ; Une langue ancrée dans la souffrance et les réalités de la terre poussiéreuse du Nord-Est l. Une musicalité du texte particulièrement prenante avec ses vers courts et les répétitions qui sont des refrains de la vie qui se déroule ... Dans chaque veillée mortuaire au Brésil, dans chaque "romarias" (pelérignages ) , dans chaque texte qui parle des parcours fait dès le petit matin des marges vers les grandes villes il y a un écho de ce texte ... et comme le cœur des brésiliens ce texte porte une étincelle de lumière : une naissance qui révèle qu'il y a de la vie même dans la mort...
« -Sévérino, le migrant, je suis de Nazaré de la Forêt mais autant là-bas qu’ici ».
« -S’ieur José, maître charpentier, et quand il n’y a point de port ? Quand on n’a pas de quoi traverser les vides de la faim ? »
Poignant, magistral « Mort et vie sévérine » est un poème universel, crucial et engagé. Le poids du monde, un manteau lourd de pluie, et le sublime-luciole.
Une déambulation migratoire, un homme qui marche : Sévérino. La quintessence d’un texte mélancolique, bouleversant, d’ombre et de lumière. Un hommage souverain et de magnificence allouée pour tous les Sévérino, parabole de « tous les habitants pauvres du Nordeste ».
Un périple de survivance, depuis le sertão, la serra da Costela, jusqu’au littoral de Pernambouc, à Recife.
« Mort et vie sévérine » le noir et le blanc, la mort en plein jour, et la vie au plus profond des ténèbres. L’exutoire d’un écrivain de renom, João Cabral de Melo Neto, qui rassemble l’épars. Le vaste d’une pauvreté insistante et assassine. L’incitation au premier pas. Partir et résister. Séquence après séquence, le poème octroie ses latitudes et ses architectures. Tableaux où se miroitent les larmes des exclus, la faim et la soif, les ténacités et les bravoures, les loyautés des humbles. « Sans doute, les gens d’ici ne sont jamais vieux à trente ans, ils ne connaissent pas la mort en vie, la vie en mort, sévérine… Ce sont les gens aux enterrements gratuits et aux défunts ininterrompus. Ce sont les migrants qui viennent du lointain Sertão… Ce n’est pas un voyage qu’ils font, par ces caotingas en venant ; c’est là leur erreur : ils suivent leur propre enterrement ».
Prose-litanie, envoûtante et lente, Sévérino, porte-parole, le marcheur aux souffrances intestines. Fuir pour mieux se retrouver, l’ébène du meilleur. Entre la coquille et le nid, le soulagement et l’accueil. Le pas n’est pas toujours l’espérance de l’hospitalité. La cadence croisée par les rencontres hasardeuses et orales. Avancer à l’aveugle, le bandeau noir, linceul des migrations. Entre vie et mort, mort et vie. Ressacs et plénitude, l’homme macrocosme. « La mer dont on parle doit être combattue, toujours, par tous les moyens, car sinon elle submerge et dévaste la terre entière ».
Ce texte méandre et labyrinthe, l’espoir au garde-à-vous. S’affranchir des silences et ne plus craindre les rois. Transcendant, mémoriel, magnétique, solaire, ce chant désespéré est pur comme du cristal.
Fondamental, cet hymne a été théâtralisé à maintes reprises. Il est traduit pour la première fois en français par Mathieu Dosse, à qui l’on doit l’inaugurale présentation de ce renom. À noter le livre est bilingue. Ce qui est une sacrée chance.
Prenez soin de ce chef-d’œuvre. L’exil fronton, et l’apothéose en pages finales. Un livre salutaire, indicible. Publié par les majeures Éditions Chandeigne.
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