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Cette bande dessinée m'intriguait vraiment avec ses couleurs pétantes (parfois même un peu psychédéliques !) : on peut dire qu'elle fait le travail pour attirer le lecteur !
Je venais juste de lire Inuit d'Edmond Baudoin et Troubs (une bande dessinée sous forme de carnet de voyage dans les territoires du Labrador et du Nunavut, peuplés par les Inuits) et je me suis attelée à ce beau format avec beaucoup de curiosité car elle développait aussi des thèmes connexes.
D'abord, j'ai trouvé son set de couleurs très original, je n'avais jamais vu de bande dessinée avec des couleurs presque fluorescentes (encore un peu je la mettrais à la lumière pour voir si elle brille la nuit !).
Ensuite, si le trait est très moderne, il n'en est pas moins touchant.
C'est l'histoire de Nathan, jeune Parisien conducteur Uber qui doit gérer seul son petit frère et sa sœur, perdu dans un quotidien trop agressif, trop lourd pour lui.
Il va faire une rencontre qui va bouleverser leur vie à tous les trois : Annie, une cliente en partance pour l'Alaska où elle retourne vivre en pleine forêt et qui leur propose de l'accompagner pour se ressourcer auprès de la nature…
Comment voulons-nous vivre ? Qu'est-ce qui est important ?
Voilà un très bel album doublé d'un scénario philo-écologique qui nous fait réfléchir sur le sens de la vie. Magnifique !
Un coup de cœur !
Déjà dès le début, l’objet entre les mains est beau, tout simplement. Et, cela va se poursuivre tout au long de la lecture. La colorisation choisie, forte et originale, est un pari gagnant pour Jérémie MOREAU. Son coup de crayon, très personnel et poétique aussi. Un vrai style graphique. Un artiste à suivre !
L’histoire humaine est au départ assez simple, une fratrie à la dérive au cœur de la ville, une ville polluée et aliénante dont ne sort rien de bon. Babylone. Vient la rencontre avec une vieille dame qui leur propose un nouveau départ, loin de toute civilisation, aux confins du monde, en Alaska. Un lieu pensé comme idyllique pour se reconstruire et se déconnecter.
Puis, la réalité.
La terre ancestrale n’est plus protégée des errements de la société. L’image se fissure. Alcool, violence, réchauffement climatique, la mondialisation est là. Ses conséquences aussi.
Malgré cela, les personnages vont avancer, s’ouvrir, chacun dans sa quête. Le lecteur aussi.
Un roman graphique initiatique, beau, émouvant.
Une fable percutante sur la déshumanisation de nos sociétés, le réchauffement climatique, et le rêve d’une société idéale, en parfaite altérité avec la nature et les animaux
Encore un récit dystopique, me direz-vous…
Pourtant, ce roman graphique est plutôt original : un graphisme particulier, des couleurs flashy, un contraste marqué entre les rêves des personnages, parfaitement illustrés par des couleurs « hallucinogènes » ( par moments, comme un kaléidoscope) et le pessimisme du scénario. Et une conclusion semblable à celle d’un conte…
Il faut accepter d’entrer dans l’univers de Jérémie Moreau. On est alors happé par l’harmonie entre les dessins, le réalisme des situations et la poésie qui se dégage des personnages.
L’histoire :
La nuit. Les couleurs orangées des éclairages électriques des métropoles, Nathan, au volant de sa voiture Uber, dépose un client. Il est ailleurs, pas derrière son volant, et en mal-être essentiel, voire existentiel. Heureusement le GPS le guide à la maison.
Il travaille dur et tout le temps, pour élever son petit frère et sa sœur, depuis le décès de leur mère.
Totalement perdu dans la tête, il prend une nouvelle cliente, Annie, pour la déposer à Roissy où elle doit rejoindre son pays d’origine, l’Alaska.
Il craque complètement, la voiture aussi, et Annie leur propose à tous les trois, de l’accompagner en Alaska. Elle pense alors leur offrir une vie proche de la nature, loin du stress des courses multipliées pour subsister, loin du vide qui est en train d’engloutir Nathan, mentalement et même physiquement.
Entre les souvenirs d’Annie du pays qu’elle a laissé, il y a 40 ans, pour suivre son amoureux, « un blanc », et la réalité du terrain, touché de plein fouet par le réchauffement climatique, le fossé est immense.
J’ai aimé la sagesse d’Annie, son empathie face à Nathan et aux enfants.
« Mon cher Nathan, il faut que tu saches que tu hérites d’une civilisation qui s’est appliquée pendant des siècles à dépeupler le monde.
D’abord, en transférant les esprits des arbres, des animaux et le sacré des écosystèmes vers un ciel divin. Puis en réduisant ce qu’il restait du monde à une matière inerte prête à l’exploitation.
Le monde moderne a produit une terre muette, et dénuée de sens. Où plus personne ne rêve. »
Un graphisme particulier. Plutôt simple. Les visages des personnages sont tous semblables, et pourtant tous différents, grâce aux expressions bien marquées, aux couleurs éclatantes ou très sombres.
Pas du tout ce que j’aime habituellement mais il accompagne très harmonieusement, et avec beaucoup de caractère, le scénario.
Jérémie Moreau joue habilement du contraste. Entre rêves et monde à l’agonie. Entre noirceur du scénario et graphisme et tout en couleurs.
Un conte philosophique qui suscite les réflexions.
https://commelaplume.blogspot.com/
Max est LA vedette.
Joueur de tennis idolâtré de tous, il n'a jamais perdu un match. Géant naïf et doux aux allures de poète lunaire, il roule pourtant sur ses adversaires avec la rigueur d'un métronome.
Et la rigueur, il connaît ça Max.
Depuis son plus jeune âge il est une véritable machine à titres tennistiques, sur-entraîné par un père tyrannique qui ne voit en lui qu'une machine perfectible.
Mais l'interview impromptue d'une jeune journaliste qui n'a pas froid aux yeux ouvre une porte dans l'esprit de Max qui ne s'était jamais posé de question : faut-il du courage pour perdre ?
Peu adepte du thème sportif, on m'a évoqué cet album de Jérémie Moreau il y a peu.
Fan du monsieur et de tennis, pas de raison d'hésiter !
Et c'est le service gagnant ! Quel album !
Enfin, quels albums plutôt, puisque c'est ici en intégrale que se présente le dyptique d'origine.
Deux parties, deux rythmes pour ce match en deux sets ou on accompagne ce candide à tête d'étoile, véritable machine à gagner, croulant sous la pression, le devoir, la tyrannie et l'obsession de son entourage (qui se résume somme toute à la planète entière, rien que ça) pris au dépourvu et mis face à une réflexion dont on l'avait toujours tenu écarté.
Et puis le set de la libération, avec des jeux plus tendus, ou l'homme se cherche, se révèle, flirte avec les lignes de sa propre vie pour y trouver un sens et s'accomplir enfin, libéré du poids d'une vie qu'on ne lui a pas laissé le choix de vivre.
Elle est forte cette histoire !
Il est fort ce Jérémie Moreau !!
Nous emmener dans les traces de la réussite pesante pour désapprendre à gagner, ou apprendre à perdre pour trouver le bonheur et l'équilibre. Faire ses propres choix, faire abstraction de la compétition à tout prix pour redécouvrir l'essence même d'un simple mot. Jouer.
Graphiquement assez inhabituel dans ses œuvres, ce dyptique est poignant dans son noir et blanc, presque brusque parfois, mais ou la poésie et la philosophie habituelles de l'auteur ne manque à aucune page.
Splendide découverte !
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