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Le livre semble commencer chronologiquement, en 542, avec la victoire de Childebert, fils de Clovis, sur les wisigoths à Saragosse. De retour à Paris, il fait établir, sur les conseils de l’évêque Germain d’Autun, une église sur la rive gauche de la Seine, dans laquelle sera conservée le trésor ramené de Saragosse : la tunique de Saint Vincent, une croix d’or enchâssée de pierreries, et diverses pièces d’orfèvrerie en or. L’abbatiale, initialement appelée Sainte-Croix-et-Saint-Vincent, est rebaptisée Saint-Germain-des-Prés, en 576, à la mort de Germain d’Autun. La basilique, une des plus riches de France, se développe au fil des siècles. En 1482, Louis XI autorise la foire Saint-Germain, qui connaît un succès immédiat : installée sur un terrain appartenant à l’abbaye, elle propose aux comédiens et aux auteurs un espace d’expression sans précédent. Ainsi, la tradition littéraire et artistique de Saint-Germain-des-Prés, on le voit, ne remonte pas au XIXe siècle, mais, on le voit, à ce XVe siècle où l’église a la haute main sur les lieux…
Jean-Paul Caracalla insiste également, dès ces premières pages, sur l’ouverture des premiers cafés. Le tout premier, en 1657, fondé par un arménien, fait découvrir aux parisiens cette nouvelle boisson, et, surtout, donne à un palermitain, Francesco Procopio dei Coltelli, l’occasion de se faire connaître, avant de fonder, lui-même, un café mythique : le Procope !
Mais, très rapidement, la chronologie se perd, et laisse place à des aller-retours, et, parfois, à quelques redites. Et le livre commence alors vraiment, comme une promenade au hasard des rencontres, des souvenirs, des découvertes. Il ne faut donc attendre ni ordre, ni logique, ni structure, mais plutôt se laisser bercer par les souvenirs de Jean-Paul Caracalla. C’est à un voyage de hasard qu’il nous invite, comme on pourrait le faire avec un grand-père, que l’on écoute égrener ses souvenirs au fil d’une logique qui n’appartient qu’à lui. Certains personnages ou événements reviennent, parce que plusieurs chemins y ramènent.
Alors si l’on attend un travail scientifique hyper ordonné, on sera déçu. Mais si l’on aime flâner, se laisser surprendre, alors on se laissera emporter dans ce récit, où, au détour d’une rue, on croise Marat, Voltaire, Boris Vian, Miles Davis, Sydney Bechet, Sartre ou Simone de Beauvoir, mais également de nombreux autres acteurs que le grand public ignore.
On assiste à la vie de quartier, à la vie des grands cafés (Le Procope, les Deux Magots, le Flore), à la vie des théâtres et des clubs de jazz, qui marquent la vie culturelle française et internationale.
C’est, au final, une très jolie promenade, une errance qui favorise les confidences, quand un souvenir surgit d’un détail architectural, d’un nom, d’une vitrine ou d’une enseigne, l’un entraînant l’autre, avec des associations d’idées et des réminiscences. Merci Monsieur Caracalla pour cette charmante balade…
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