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BD historique et sombre, retraçant les grands épisodes de la lutte armée anticommuniste des frères Josef et Ctirad Mašín, de leur première arrestation musclée à leur fuite héroïque de Tchécoslovaquie vers Berlin ouest dans la zone américaine en 1953, (avant l’existence du mur qui fut érigé en 1961), avec à leurs trousses l’armée rouge et la Volkpolizei.
Dans cette chasse à l’homme, ils étaient accompagnés de trois amis : Zbyněk Janata et Václav Švéda qui furent capturés et exécutés, et Milan Paumer qui reçut une balle dans le ventre près du but mais qui réussit à passer la frontière avec eux.
La BD retrace aussi la vie de leur père, Josef Mašín, un résistant exécuté par les Nazis en 1942 suite à l'assassinat de Reinhard Heydrich. Il laissa une lettre à ses fils qui, dans une haine soutenue pour le régime arbitraire en cours, suivirent son état d’esprit : «Rappelez-vous que tout Tchèque politiquement et nationalement conscient a pour obligation de défendre la liberté de son pays et de son peuple. ».
Leur mère, une femme géomètre à l’université de Prague, après la fuite de ses fils, atteinte d’un cancer, fut arrachée de son lit d’hôpital par la police secrète et condamnée à 25 ans de prison ferme. Elle mourut à la prison de Pardubice en 1956 et son corps a été jeté dans une fosse commune.
Les deux garçons incorporèrent l’US army et bien que souvent invités par les derniers gouvernements et diverses associations, ils ne retournèrent jamais dans leur pays natal. S’agissait-il alors de lutte pour l’amour de leur patrie ou de fuite pour eux-mêmes ?
Jan Novak avait commencé à écrire un scénario pour un film mais pour finir, il écrivit un livre.
Cette BD est issue du travail du scénario abandonné donc les personnages parlent. Que des bulles (carrées). Les paroles des allemands ont une typographie plus petite pour les différencier. Par contre les épisodes peuvent manquer de transition et m’ont un peu perdue au début.
C’est un album très encré noir. Les dessins reflètent parfaitement bien l’atmosphère qu’on peut imaginer être à l’époque dans l’environnement du bloc de l’Est sous Staline et savent efficacement restituer grisaille et lourdeur ambiante.
Les couleurs sont mastic avec beaucoup de rose, brun, prune, jaune et orange pâle. La partie poursuite en Allemagne trouve du rouge particulièrement dans les tirs, trajectoires et impacts de balle.
Je n’ai pas réussi à décanter le code couleur mais c’est très bien réalisé dans le style années 50, action et effet suspens.
Je ne connaissais pas l’histoire de ces deux personnages aux agissements toutefois controversés puisqu’ils ont buté quelques innocents en chemin pour obtenir leur propre liberté mais ils sont des notoriétés reconnues en Tchécoslovaquie.
J’ai aimé le format de l’édition. Un livre qui se prend bien en main, couverture épaisse, papier agréable et forte odeur d’encre.
Postface explicative des personnages principaux rencontrés dans le récit ainsi que deux courtes bios concernant Jan Novak et Jaromir 99.
Tout compte fait, une bonne BD, certes sombre mais instructive et prenante.
Cher Marie Moinard *,
Combien sont les sportifs qui, désormais, tutoient les Dieux ? Les regardent dans les yeux ? Peu ! Très peu ! Mohamed Ali bien entendu. Mais aussi Emil Zatopek !
Sachez, chère Marie, que le triple médaillé aux Jeux Olympiques d’Helsinki coure encore à l’Olympe, chaque jour, sur Marathon. Jupiter s’en délecte quotidiennement de voir ce fébrile petit homme allez plus vite, plus loin, plus fort qu’Éole.
Sur terre, bénit soit ceux qui ont vu, en vrai, courir Zatopek, compter ses foulés sur la piste de terre plane et ovale de 400 mètres, en synthétique sur asphalte. S’effrayer en regardant le visage du champion torturé pendant la course. Comment peut-on en arriver là ? Pour quelle cause ? Pour la victoire, chers amis, pour la victoire ! Bénit soit ceux qui ont perdu contre Zatopek. Sachez que c’est un honneur et un privilège. La défaite parfois se mue en récompense.
L’homme aux bottes (Bata) de 7 lieux m’apparaît dans cette bande dessinée (par Jaromír 99) en super-héros. Ses pouvoirs ? Son opiniâtreté, sa confiance en lui, sa ténacité…sa fidélité.
C’est évidemment, chère Marie, un bel ouvrage ! Savez-vous ce qu’il me vient à l’esprit maintenant que je l’ai lu ? Je m’en vais le glisser dans ma bibliothèque. Pas n’importe où d’ailleurs. En bonne place. Pour qu’il se voit. Pour que je puisse le retrouver au premier coup d’œil. Comme un objet qui me rassure. Notre environnement est fait de tout un tas de petites choses, qui, posées, toujours au même endroit, gardent l’équilibre (telle la déesse Maât) de notre monde intérieur. Je le reprendrai de temps en temps, pas trop souvent. Ce qui est rare est précieux. Et surtout, il faut qu’il soit visible pour mes hôtes, mes amis, mes passagers d’un jour. Alors, avec précaution, entre le fromage et le dessert, je le sortirai. Je glisserai ce que je sais, en fait bien peu, de ce coureur invétéré. Sans être érudit, je leur montrerai l’impression très particulière de cette bande dessinée. Un plongeon graphique dans les années 50 en Tchécoslovaquie. Je leur expliquerai, avec délectation, que chaque planche rappelle les affiches patriotiques de ces années de plomb. Hautes en couleur rouge et turquoise et rouge brique. “Étonnant, non ?”
Puis, je m’arrêterai sur quelques planches “regarder chers amis, celle-ci, puis celle-là !” “Et sentez, cette odeur !” “Oui, sentez ce livre.” Mes amis, polis, acquiesceront à mes propos dithyrambiques sur l’olfactif de ce livre. “Étonnant non !”
Puis, avoir leur avoir indiqué d’acheter l’ouvrage (évidemment !), je me délecterai de leur raconter mes quelques lectures en ce domaine. Il faut savoir, parfois se gargariser auprès des siens. Je leur parlerai bien sûr de l’ouvrage de Jean Echenoz : “courir” ! Une bible en la matière. Et puis nous reviendrons à table distiller quelques banalités. Qui sommes-nous à côté du héros des courses à pied ?
Chère Marie, vous perpétuez en ce livre le souvenir de “Topek”. D’ailleurs que reste-t-il de cette “bête de somme” chez la jeune génération de coureurs ? C’est ce que j’ai demandé à l’un d’entre eux, Hugo Hay, récent champion de France espoirs : “Pour moi c’est d’abord le “100x400m”. C’est l’un des mythes qui se transmet de génération en génération sur la piste. C’est vraiment l’image d’un bourreau de travail, de l’entraînement à l’ancienne, sans réflexion scientifique et physiologique comme maintenant, mais plutôt dans l’idée toujours plus.”. La vérité vient de la bouche des jeunes coureurs.
Preuve de sa forte popularité, Zatopek est même dans les kiosques. Un magazine porte son nom : “Zatopek magazine”
J’ai retrouvé un article du Temps, de Yves Terrani, le lendemain de la disparition du champion en 2000 : “il n’était pas beau à voir, mais il courait vite”.
Chère Marie, Cette bande dessinée est belle à voir, alors courons vite…l’acheter !
* éditrice chez Des Ronds dans l’O
https://blogs.letemps.ch/sebastien-beaujault/2018/05/17/chere-marie-moinard/
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