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La journaliste analyse d'abord les rouages qui ont conduit à la spéculation des logements dans une grande majorité de villes européennes. Puis elle expose différentes solutions déjà existantes qui peuvent limiter le phénomène.
Les plus modestes ne peuvent plus se loger dans les centres-villes. Cela devient également très difficile pour les classes intermédiaires. Accéder à la propriété est impossible pour certaines catégories de la population notamment les jeunes. Seuls les héritiers peuvent encore l'être. La location n'est pas une meilleure solution puisque ces dernières années les loyers du parc privé ont augmenté bien plus vite que les revenus.
Dans les Alpes-Maritimes où je vis, la moyenne de la part du loyer dans le salaire net moyen représente 56%. On est juste derrière Paris qui affiche 57%. À cela s'ajoutent toutes les augmentations liées aux dépenses quotidiennes.
Le logement est en fait devenu pour certains un moyen de gagner de l'argent en faisant de la plus-value à la revente ou en le destinant au tourisme. Isabelle Rey-Lefebvre propose qu'il reprenne sa fonction première : un lieu de vie confortable et de partage.
Autant dire que j'ai lu avec beaucoup d'intérêt cette enquête espérant trouver une solution à ma problématique personnelle.
Plusieurs modèles alternatifs de construction sont présentés de manière détaillée. Il y a beaucoup de chiffres, de témoignages d'habitants, d'exemples d'habitats mixtes sur différents territoires européens. C'est exhaustif mais claire. Je suis ravie d'avoir découvert ces nouveaux modes d'acquisition de logement qui différencient le bâti du terrain et proposent une voie hybride qui mêle le statut de propriétaire et de locataire. Cela bouscule notre attachement à la pleine propriété.
J'ai cependant trouvé que c'était très répétitif et assez long au bout d'un moment. Plutôt que de présenter pays par pays il aurait été plus pertinent de faire une présentation globale de ces nouveaux modèles d'habitat qui au final se ressemblent beaucoup.
La journaliste compléte sa présentation en contextualisant les solutions par les différentes politiques de la ville mises en place ou le rôle joué par des associations et des habitants dans la sortie de terre de ces différents projets. C'est très agréable de lire l'engouement de ces personnes pour leur quartier et leur immeuble. Cela apporte beaucoup de pertinence au propos et permet d'expliquer la réussite de ces modèles dans la lutte anti-spéculative.
Enfin, j'aurais aimé qu'il y ait une analyse critique plus poussée de ces modèles sur les freins à leur mise en place ou les points de vigilance. Ils sont à peine abordés.
Par exemple la journaliste parle du projet lillois Cosmopole. Ce dernier a dû faire face à des malfaçons du promoteur, des mauvaises attributions de logements acquis, une augmentation de 6,5% d'un coup sur la redevance versée pour la location du terrain. Les habitants sont en procès. Ils mesurent la chance de pouvoir vivre dans de grands espaces du centre-ville mais restent un peu amer de ce qui leur avait été promis. Et l'exposé s'arrête là.
Est-ce que cela est arrivé ailleurs ? Comment éviter ces manquements ? On ne le saura pas.
De même, que faire de toutes ces personnes qui n'arrivent plus à se loger ou paient des sommes indécentes, et ne peuvent pas attendre 10 ans ou plus pour accéder hypothétiquement à un logement social ou à ce nouveau type d'habitat ? Surtout que ces habitations ne se libèrent quasi jamais. La journaliste l'écrit elle-même, la régulation par ces formules anti-spéculatives ne se fera que sur du très long terme. Il faut en construire beaucoup. Et cela prend du temps. Déjà que le quota de logements sociaux obligatoires n'est souvent pas respecté en France je vois mal comment mettre en place plus rapidement cette idée que le terrain est un bien commun. Du coup existe-t-il une solution à court terme ? Cette question n'est malheureusement pas traitée.
De plus, ces projets resteront utopiques en France tant que les élus ne feront rien. Ainsi je regrette qu'Isabelle Rey-Lefebvre ne les ait pas interrogé sur leur réticence ou les freins qu'ils pouvaient rencontrer. J'aurais aimé plus d'investigation de ce côté là. Car il faut le dire franchement sans une politique de logement coercitive les élus nationaux ou locaux ne font rien, à quelques exception près. D'ailleurs la journaliste écrit dans sa conclusion que "Le logement est un sujet politique". Ce qui montre bien que la spéculation des logements ne pourra prendre fin que si les pouvoirs publics soutiennent les solutions exposées.
Halte à la spéculation sur nos logements est une enquête fouillée et intéressante qui permet de montrer que des solutions viables existent. Il m'a toutefois manqué une analyse sur les freins et les difficultés rencontrés. Je suis un peu déçue que des solutions à court terme ne soient pas suggérées car il y a urgence dans certaines grandes zones urbaines.
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