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Dans un train qui traverse la steppe kazakh, le narrateur rencontre Yerzhan, qui vend des boulettes de yaourt et joue du violon à la perfection.
Il le prend pour un enfant, mais Yerzhan a 27 ans et se met à lui raconter son histoire.
Il a grandi au cœur de la steppe, auprès de sa mère, devenu muette lorsqu'il fut conçu, et de ses grands-parents et de son oncle. Une autre famille vivait dans leur micro-hameau de Kara-Shagan.
Les hommes étaient employés par la compagnie de chemin de fer, chargés de manœuvrer les aiguillages, ainsi qu'à la centrale voisine dont ils gardaient les accès veillant à ce que personne ne rentre dans l'enceinte polluée pour des milliers d'années par les explosions nucléaires souterraines qui y avaient été déclenchées.
Yerzhan avait appris instinctivement la musique dès l'âge de trois ans, devenu virtuose sur le dombra, un instrument à cordes local, puis au violon, dépassant rapidement son maître de la ville voisine.
Son enfance se déroula entre musique et amis, très bon élève à l'école, bon camarade ... jusqu'à l'âge de 12 ans où il s'arrêta de grandir, quand les autres enfants se mirent à le dépasser petit à petit.
Aucun remède moderne, ni les cataplasmes de plantes et les incantations ne relancèrent sa croissance, et la vie de Yerzhan s'en trouva bouleversée, même si on devine que son amie Aisulu l'aime toujours.
Une histoire passionnante, sur fond de pollution nucléaire évoquée au travers des tremblements du sol, des lumières dans le ciel et de la couleur hypnotique des lacs,, mais jamais réellement nommée.
Un roman étonnant, une très belle écriture.
Un auteur découvert par hasard et dont je vais rechercher d'autres productions.
Malgré un titre évocateur et une couverture assez poétique, j’ai eu du mal à accrocher à l’histoire. Il m’a manqué quelque chose à ce livre court mais bien que triste et poétique à la fois. « Dans les eaux du lac interdit » m’a fait penser à certains niveaux au livre Compartiment N°6 ou l’histoire et les souvenirs se racontent dans un train perdu dans une zone morte suite à des bombardements nucléaires, perdu au milieu de nul part le voyage passe au grès du récit qui se raconte. L’histoire y est pourtant sensible, et on sent que l’auteur a voulu exprimer quelque chose qui l’a marqué à travers ces deux familles perdues de Kara-Shagan. L’auteur semble parfois se perdre dans le récit et ce malgré les trois chapitres. En creusant un peu plus, l’auteur aurait pu dégager certaines atmosphères qui auraient accentué l’effet de la zone morte et du lac interdit, de plus est, les passages où l’on revient au passager semblent un peu biscornu car le récit du paragraphe qui le précède semble continuer comme un manquement. Malgré tout, ce livre m’a fait comprendre l’effet d’abandon et de survie dans les paysages des steppes et l’effet des liens familiaux.
Entre 1949 et 1989, un énorme site d'essai nucléaire soviétique positionné au Kazakhstan a émis des retombés radioactives 2500 fois plus puissantes que la bombe larguée sur Hiroshima. Pour tous ceux qui habitaient dans le rayon mortel du Polygone nucléaire de Semipalantisk, l'effet fut bien évidemment catastrophique. Pour raconter ce fait tragique, Hamid Ismaïlov nous entraîne dans un conte où le héro est Yerzhan, un homme de 27 ans coincé dans le corps d'un enfant de 12 ans depuis son bain dans les eaux du lac interdit. Yerzhan raconte son histoire au narrateur, dans un train voyageant à travers les steppes du Kazakhstan.
Un livre court, mélancolique et percutant, porté par l'écriture poétique d'Hamid Ismaïlov, dont les écrits sont toujours interdits en Ouzbékistan.
En préambule au roman, il est une note ainsi rédigée : "Entre 1949 et 1989, au Polygone nucléaire de Semi-palantisk, il fut réalisé un total de 468 explosions nucléaires, dont 125 explosions atmosphériques et 343 explosions souterraines. La puissance totale des appareils nucléaires testés dans l'atmosphère et sous la terre au Polygone (dans une région peuplée) dépassait par un facteur de 2 500 la puissance de la bombe lâchée sur Hiroshima par les Américains en 1945."
Et l'on se doute alors que Yerzhan a dû grandir dans cette zone et qu'il est atteint d'un mal l'empêchant de grandir. Un Oskar Matzerath (le personnage de Günter Grass dans Le tambour) qui ne déciderait pas de garder sa taille d'enfant mais y serait contraint. Yerzhan raconte son enfance au voyageur. Une enfance dans un hameau de deux maisons, Kara-Shagan, au bord de la voie ferrée. Deux familles liées par l'amitié entre les grands-mères y vivent. Lui est le fils sans père de Kanishat devenue muette depuis son troisième mois de grossesse. Dans la maison d'en face vit un couple avec une petite fille d'un an de moins que Yerzhan, Aisulu qui deviendra très vite sa confidente puis son amoureuse avant, croient-ils, de se marier dès qu'ils en auront l'âge. Yerzhan développe très vite des dons hors norme pour l'apprentissage des langues et surtout pour la musique, la dombra d'abord, instrument local, puis le violon qu'il apprendra grâce à un Bulgare qui vit un peu plus loin et qui dit-on a été enseignant de musique.
Ce roman est bizarrement construit. En trois parties inégales. La première sur l'enfance de Yerzhan, heureuse, calme entrecoupée parfois de secousses qu'ils ne savent pas être des essais nucléaires, bien sûr les populations habitant dans la zone n'ont pas été mises au courant par les autorités ; les Russes ont un retard considérable à rattraper sur les Américains déjà détenteurs de la bombe et comme l'époque est à la guerre froide, il est mieux de s'équiper pour éviter la troisième guerre mondiale, selon les discours officiels de tous les pays. Cette première partie est lente et parfois longue, elle est centrée sur le jeune garçon et l'on ne voit que peu son originalité de vivre dans cet endroit perdu en plein cœur d'une zone d'essais nucléaires.
Arrive alors une deuxième partie dans laquelle les effets de l'exposition se font sentir sur Yerzhan qui sent bien qu'il est différent. Il sent qu'Aisulu lui échappe, le dépasse en taille. Cette partie est plus intéressante et enfin je sens que le livre va prendre son envol -on en est à peu près à la moitié- mais mes intuitions sont mauvaises puisqu'elle ne fait que 15 pages (contre 60 pour la première).
Il y a donc une troisième et dernière partie qui retombe un peu dans les travers de la première pour s'emballer sur la fin et dévoiler quelques rebondissements qui, s'ils ne sont pas imprévisibles sont les bienvenus pour finir sur une note positive.
Mitigé je suis donc sur ce roman dont j'attendais beaucoup plus, il y manque la fameuse âme slave. L'écriture que je qualifierais de journalistique n'aide pas à la compassion, à l'empathie, c'est sans doute pour cela que j'aurais aimé plus de descriptions des lieux, du contexte "explosions nucléaires". Le souffle des steppes -fut-il celui d'une explosion- est un peu court et ne parvient pas jusqu'à l'extrême ouest de l'Europe -bon, à peine, je le concède, il y a encore quelques petits kilomètres de chez moi à la côté atlantique-, il a dû, c'est bien connu, comme le nuage de Tchernobyl, s'arrêter à la frontière. Dommage... enfin, dommage pour le souffle des steppes, Tchernobyl, on s'en serait bien passé
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