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Un roman graphique immersif sur la véritable histoire des Apaches, loin des clichés à l'emporte-pièce véhiculés par les westerns sur la conquête de l'Ouest américain.
Autrement dit, un génocide perpétré par "les yeux blancs" qui ont exterminé les peuples natifs et qui ont continué à vouloir les effacer dans le temps en proposant un récit dans lequel ils tenaient presque toujours le mauvais rôle.
Indeh signifie "peuple mort".
Ethan Hawke est le scénariste de cette histoire des guerres apaches (vous le connaissez sans doute en tant qu'acteur pour Le Cercle des poètes disparus, Croc-blanc, Boyhood… mais il est aussi réalisateur, écrivain…).
Dès l'enfance, il s'est intéressé à l'histoire du peuple Apaches, et plus tard, après s'être beaucoup documenté, il a proposé un script sur le sujet qui n'a pas reçu l'accueil escompté. Il s'avère qu'en plus du coût faramineux d'un tel projet, un film avec des amérindiens pour héros serait plus difficile à vendre qu'un film avec des stars du box-office américain (encore une manière d'ostraciser leur histoire et la création autour du sujet…).
Il s'est finalement tourné vers la BD et le dessinateur américain Greg Ruth a décidé de prendre part au projet. Il aura fallu quelques années pour peaufiner ce récit autour des guerres apaches et des grandes figures qui y sont liées (Geronimo, Cochise)
Alors si la BD est sortie en 2017, il n'en demeure pas moins qu'elle représente une source de connaissances intéressantes sur le sujet et c'est en cela qu'il me semble important de la mettre à l'honneur aujourd'hui encore. Ne soyez pas effrayé par le nombre de pages de ce corpulent volume (240 pages), elles se lisent vite et se vivent intensément !
Cooper est un jeune homme proche de l'âge adulte. Ses parents sont séparés. Il vit au Texas, dans la petite ville tranquille de Huntsville avec sa mère et son beau-père qu'il ne peut pas supporter. À cet égard, il n'hésite pas à lui pourrir la vie tant qu'il le peut. Aujourd'hui Cooper va devoir passer la journée avec son père Jack « Meadowlark » et découvrir par la même occasion son travail. Jack est gardien de prison. Respecté de tous, c'est un ancien boxeur qui a connu des jours meilleurs. Mais cette journée ne va pas se dérouler comme prévue... Ensemble père et fils vont devoir se souder pour vivre et survivre. Parfois on s'aperçoit que nos choix ne sont pas toujours les bons...
Je connaissais Ethan Hawke l'acteur, réalisateur mais il est aussi auteur. Et avec cette histoire intense, il m'a surpris. Ce récit noir et initiatique aborde les relations père, fils mais aussi les choix que l'on peut faire dans une vie. Certains sont bons, d'autres moins, voire désastreux. Côté graphisme clairement on prend une claque, Greth Ruth nous émerveille avec un trait réaliste qui porte les émotions et les coups avec justesse. Dès l'intrigante couverture, on en a plein la vue.
Avant d'ouvrir la BD j'étais déjà sous le charme. Après la lecture des 256 pages quand-même, j'en voulais encore. Non pas que l'histoire soit trop courte, mais j'ai tout simplement été pris dans le rythme et que et je ne voulais pas qu'elle s'arrête. J'étais totalement sous son emprise. Une lecture que je vous recommande avec punch.
Une évasion de dangereux détenus, un face à face père fils luttant pour leur survie dans un contexte d’une violence inouïe, voilà ici réunis les ingrédients qui vont faire de Meadowlark, ce pavé de 250 pages scénarisé par Ethan Hawke et illustré par Greg Ruth un thriller captivant bourré d’adrénaline mâtiné d’un récit intimiste extrêmement touchant. Ce comics pas comme les autres est paru aux Éditions Robinson, le label BD d’Hachette.
Un miroir aux alouettes
« Certes, il est respecté au pénitencier mais ça reste un pauvre type qui a raté sa vie. »
Il, c’est Jack Johnson, un gardien de prison. Mais pour Cooper son fils, il reste Jack « Meadowlark » Johnson, champion de boxe … à une autre époque. Et le fiston est plein d’admiration. Il n’est qu’à voir le regard idolâtre qu’il jette sur l’affiche qui trône au dessus de son lit, non loin des gants de boxe. Rien d’étonnant alors qu’il n’ait que mépris pour le nouveau compagnon de sa mère Barry « l’autre abruti qui ne trouverait pas d’eau dans une rivière » et qu’il ne cesse de lui jouer des tours pendables, le dernier en date étant d’avoir piqué les 4 roues de la Pontiac Firebird qui, soit dit en passant, appartenait à son père mais vu qu’il avait un sacré retard dans le versement de la pension alimentaire … Cet acte va être lourd de conséquences. Contraint par les circonstances à passer la journée avec son père en prison, le voilà au mauvais endroit au mauvais moment car c’est ce jour-là précisément que va éclater une émeute couvrant l’évasion de trois malfrats psychopathes : Red, une espèce de King Kong albinos, Wolf boy au front barré du tatouage « Lucifer » et Colton Brady, une gueule d’ange, mais pas le moins dangereux des trois.
Suite aux mauvaises décisions de Jack, Cooper va être témoin de choses qu’il n’aurait jamais dû voir. Tous deux vont alors se trouver embarqués dans un roadtrip de tous les dangers où ils vont devoir lutter ensemble pour leur propre vie ... Magnifique face à face d’un père et son fils, grand moment de vérité pendant lequel chaque mot, chaque regard va prendre de l’importance.
Roadtrip et relation père fils
Aux manettes de ce roadmovie, Greg Ruth, dessinateur bien connu outre-Atlantique et Ethan Hawke. Oui, oui, il s’agit bien du Todd Anderson du « Cercle des poètes disparus », du Jack de « Croc Blanc », de l’auteur d’« Un automne à Central Park ». Il a troqué ici ses casquettes d’acteur, producteur, réalisateur et écrivain contre celle de scénariste de BD, ce qui n’est pas la première fois puisqu’un premier album du tandem Ruth/Hawke, « Indeh, une histoire des guerres apaches »était déjà paru chez Hachette Comics en 2017.
Ethan Hawke au scénario, c’est la garantie d’un traitement cinématographique tant dans le découpage que le cadrage avec une grande variation des angles de vue. Vont se succéder tout au long de l’album des planches où les plans rapprochés sur les visages du père, du fils donnent encore plus de poids aux mots ainsi que des planches muettes qui sont tout aussi parlantes. Lors des scènes d’action tout s’accélère et le dessin devient extrêmement énergique et dynamique. Enfin, la réalisation des planches en quatre cases maximum apporte une grande lisibilité et une grande fluidité au récit.
Des illustrations de toute beauté
Comment ne pas être interpellé par cette magnifique couverture au visage impénétrable ?
Si on excepte la large traînée rouge, les tons utilisés préfigurent ceux de l’album : des camaïeux couleur sable pour l’essentiel qui accentuent l’atmosphère poussiéreuse, poisseuse ainsi que des tons bleutés ou des variations de gris. Les planches sont de toute beauté. Greg Ruth s’est inspiré de photos tant pour les portraits que les paysages et son trait réaliste n’en est que plus efficace. Les personnages sont extrêmement expressifs et les émotions palpables.
Les paysages envahissent l’espace et leur côté paisible n’en fait que plus ressortir l’extrême violence des scènes d’action. Certaines illustrations sont surprenantes parfois, telle l’émergence d’une immense statue dominant les arbres de toute sa hauteur. Un petit tour sur Internet et on peut retrouver la photo. Il s’agit de la plus haute statue au monde érigée en hommage à un héros américain : Sam Huston, grande figure de l’histoire du Texas.
Meadowlark … « Un récit noir et initiatique » peut-on lire sur la couverture, voilà qui définit parfaitement ce one-shot d’une grande dureté où confrontés à des conditions extrêmement violentes où leur survie même est en jeu, père et fils vont voir leur relation évoluer ce qui mènera à la mutation d’un ado difficile en un jeune adulte prenant son destin en mains.
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