Les meilleurs albums, romans, documentaires, BD à offrir aux petits et aux plus grands
Le 17 décembre 1968, Mary Bell, une fillette de 11 ans, est condamnée à la prison à perpétuité par le tribunal de Newcastle pour homicide involontaire avec responsabilité atténuée.Quelques mois plus tôt, elle avait en effet causé la mort de deux enfants, Martin Brown, 4 ans, et Brian Howe, 3 ans.
A l'époque, Gitta Sereny qui couvrait le procès pour son journal, est horrifiée de voir cette enfant jugée comme une adulte, maltraitée par la presse, poursuivie par la vindicte populaire et qualifiée de psychopathe par des psychiatres qui l'ont à peine entrevue. En 1972, elle publie Meurtrière à onze ans : Le cas Mary Bell où elle dénonce le traitement infligé aux enfants tueurs en Angleterre, après une longue enquête auprès de la famille de Mary et de tous ceux qui, de près ou de loin, sont intervenus dans son arrestation et son procès. Lors de ces interviews, elle découvre les mauvais traitements dont a été victime Mary durant sa petite enfance et qui expliquent partiellement sa violence future.
En 1998, soit 30 ans après les faits, elle revient sur cette affaire qui continue ponctuellement d'intéresser la presse anglaise. Cette fois, elle s'entretient avec Mary elle-même, revenant avec la principale intéressée, sur les meurtres, le procès, la prison, la libération.
Quand un livre est en lice pour le prix du meilleur polar Points, on s'attend, peut-être à tort, à lire un polar. Or il ne s'agit ici ni d'un polar, ni d'un roman mais bel et bien d'un travail journalistique d'envergure mené par Gitta Sereny, en étroite collaboration avec Mary Bell, la ''meurtrière du onze ans'' devenue une femme libre après douze années derrière les barreaux. La première surprise passée, on entre dans la vie de celle qu'on appelait May, de ses crimes à sa libération, en passant par ses années de prison et son enfance tourmentée. Sans voyeurisme ni parti pris, Gitta Sereny raconte le parcours familial et judiciaire d'une petite fille broyée par le système. Son propos n'est pas d'excuser les crimes mais d'expliquer les faits qui ont conduit au passage à l'acte et surtout de dénoncer la justice anglaise qui traite les enfants criminels comme des adultes. Sous-jacente, la question est aussi de savoir pour combien de temps on est redevable à la société des crimes que l'on a commis. Doit-on payer toute sa vie ou une rédemption est-elle possible ?
Sentiments ambivalents à la lecture de ce livre dur et violent. Les meurtres effroyables et la personnalité trouble de Mary sont contrebalancés par la révélation des mauvais traitements infligés par sa mère et par la punition imposée par les juges. Une enfant si jeune enfermée sans espoir de libération, intégrée à une prison pour femmes dès l'âge de 16 ans et durant des années jamais suivie psychologiquement ou psychiatriquement, peu ou mal préparée à une éventuelle sortie, forcément cela interpelle sur la façon dont une société gère le cas des enfants délinquants...Et en amont, la prévention est à revoir. Avant son passage à l'acte, Mary a lancé plusieurs appels à l'aide mais les services sociaux et la famille sont restés sourds à sa souffrance, par manque de moyens et soucis de discrétion. Prise en charge plus tôt, Mary n'aurait sans doute pas tuer...
Un livre fort, passionnant à certains égards mais qui souffre de certaines longueurs et n'entre pas dans le cadre du polar.
Une lecture difficile, inconfortable, dérangeante et troublante. Rien à dire sur la forme , l'écriture est maîtrisée et abordable mais sur l'histoire en elle même, tout du long on n'en revient pas que cette petite fille de 11 ans ai pu commettre l'irréparable. Ce livre avait dès le départ tout pour me plaire, le sujet des enfants et particulièrement des enfances malmenées et abîmées par la mère, les dérives d'une société qui ne protège pas comme elle le devrait , qui a de nombreux manquements et qui rejettent là où il faudrait soutenir. Bref, vous l'aurez compris j'ai été conquise par cette histoire vraie et pourtant tellement inconcevable.
Véritable enquête de la part de l'auteur qui a rencontré Mary Bell à de nombreuses reprises et même des personnes de sa famille et de son entourage sur les lieux successifs de détention. Ce que j'aime c'est qu'il n'y a pas de voyeurisme ni de volonté de rendre les faits acceptables ou pardonnables, l'auteur respecte la famille et s'en tient aux faits et aux témoignages. Ce n'est pas un roman, je préfère le dire c'est une succession de compte-rendu, d'entretiens, de témoignages par ordre chronologique, ceci dit cela n'enlève en rien le caractère passionnant du livre.
J'ai été très touchée par l'enfance de Mary Bell, par ce qu'elle a vécu, beaucoup d'émotions au fur et à mesure jusqu'au dénouement. J'ai pu aussi avoir un aperçu de la justice pour les enfants mineurs de l'époque et ça glace le sang, est-ce vraiment une solution ? Comment vivre sa vie de femme, de mère après une enfance pareille, après le crime, la détention ? Car Mary Bell est en cavale et est devenue mère elle doit vivre avec tout ça. Elle change souvent d'identité pour éviter les médias. Ce livre m'a arraché des larmes et m'a amené à me questionner sur la justice et la psychologie.
VERDICT
A lire d'urgence c'est une lecture nécessaire et saisissante.
https://revezlivres.wordpress.com/2016/07/31/une-si-jolie-petite-fille-gitta-sereny/
Une si jolie petite fille Les crimes de Mary Bell de Gitta Sereny Traduit par Géraldine Barbe
Sélection 2016 PMP
Gitta Sereny, journaliste d'investigation, spécialisée dans la seconde guerre mondiale, retourne sur les pas d'une meutrière de 11ans, pour décortiquer dans de longs entretiens ce qui a amené cette gamine à commettre l'indicible et pour beaucoup d'entre nous l'impensable.
Un lieu Newcastle-sur-Tyne en 1968,en Angleterre, se distingue par un taux de chômage record, de crime et d'alcoolisme,
Les habitants se connaissent tous et les enfants, même très jeunes, vivent plus ou moins dans la rue, sans qu'il y ait nécessairement négligence de la famille, où mères, grand-mères et tantes s'entraident.
25 mai 1968, Martin Brown quatre ans et deux mois, est retrouvé mort, dans une maison inhabitée, un accident est enviagé.
31 juillet 1968, c'est Brian Howe, trois ans et quatre mois, qui est retrouvé mort lui aussi.
Dès le procès Gitta Sereny a commencé à investiguer, en prenant la dimension humaine des faits, sans chercher d'excuses à l'inexplicable, avec repect et mémoire pour les deux petites victimes. Juste l'envie de comprendre.
Vingt-trois ans après un premier livre, en 1995 donc, elle peut reprendre cette recherche avec celle qui est coupable.
Le lien qui unissait Gitta Sereny à Mary Bell, permet de mettre en mots l'indicible et l'inacceptable en cherchant à comprendre.
Le style journaliste met cette histoire à sa juste place, celle d'une enquête très approfondie sur la criminalité chez les enfants.
Le chemin qui a conduit Mary Bell à cette horreur, est un long tunnel de maltraitance, de solitude, de non assistance en danger etc...
Cependant cet ouvrage est hors concours, car le mettre en concurrence avec des polars, mêmes si certains sont inspirés de faits réels, c'est, me semble-t-il, minimiser l'intention de l'auteur, et la lectrice que je suis ne peut pas considérer cette lecture comme un divertissement ou une recherche de frissons.
Le lecteur ne peut que se sentir mal en prenant connaissance de ces faits et en être bouleversé, ce n'est pas anodin.
Journaliste d'investigation, Gitta Sereny a suivi, en 1968, le procès de Mary Bell, 11 ans, et de Norma Bell, 13 ans, accusées d'avoir tué deux petits garçons de trois et quatre ans à Newcastle-sur-Tyne, au Nord de l'Angleterre. Après avoir retracé l'enquête et le procès dans un premier livre paru en 1972 ("Meurtrière à 11ans"), la journaliste éprouve le besoin de revenir sur cette affaire, en 1995, non pas pour contester les éléments de l'enquête ou remettre en cause la culpabilité de Mary Bell, mais pour tenter de comprendre ce qui pousse une enfant de 11 ans à tuer un autre enfant.
Alors que Norma a été acquittée, Mary Bell a été condamnée à la prison à vie. Détenue pendant douze ans, dans une unité spécialisée puis dans une prison pour adultes, elle a été libérée en 1980. Lorsqu'elle accepte le principe des entretiens avec Gitta Sereny, c'est une femme de 40 ans, vivant sous une autre identité et mère d'une petite-fille qu'elle cherche à protéger à tout prix.
Ce livre, loin de toute fiction, "utilise" (c'est le terme employé par l'auteur) Mary Bell et son histoire afin de mettre en évidence les dysfonctionnements d'un système judiciaire qui juge les enfants comme des adultes et qui les condamne sans mettre en place des moyens leur permettant d'assumer leurs actes et de les comprendre. Le point de vue humaniste de Gitta Sereny sert de contrepoint aux souvenirs de Mary, à ses tentatives d’assimilation d'un passé qui reste opaque pour elle.
Sans jamais excuser le geste, sans déresponsabiliser Mary, la journaliste propose des éléments de compréhension en fouillant l'enfance, la perversité de la relation avec la mère, l'absence d'étayage affectif et les maltraitances subies.
C'est une lecture difficile, inconfortable, qui ne nous laisse jamais le réconfort de la fiction. L'honnêteté de l'auteur, sa foi en la rédemption, nous entraînent forcément à tenter de comprendre l'insupportable, sans l'accepter pour autant. Je me suis souvent trouvée déchirée entre la compassion pour cette petite fille qui ne comprend pas la moitié des mots du juge et l'horreur inspirée par son acte. Difficile de placer sur le même plan un tel ouvrage et un roman ! Les critères d'appréciation ne peuvent être les mêmes. Mais ce livre m'a émue, m'a appris beaucoup et restera, je pense, profondément ancré dans ma mémoire.
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
Les meilleurs albums, romans, documentaires, BD à offrir aux petits et aux plus grands
Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
L’écrivain franco-vénézuélien Miguel Bonnefoy poursuit l’exploration fantasmagorique de sa mémoire familiale...