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Novembre 1934, la narratrice, Adrienne Fidelin, a dix-neuf ans (à ce point du récit, elle en a soixante-quinze et tente de rassembler ses souvenirs) Au 33 de la rue Blomet, dans le quinzième arrondissement de Paris, se trouve le Bal Colonial. Ady, originaire de la Guadeloupe, y passe toutes ses soirées du samedi. Elle a débarqué à Paris à l’âge de quinze ans, avec ses trois soeurs et son petit frère. Rêvant d’un succès à la hauteur de celui de Joséphine Baker, elle est la première mannequin noire « reconnue » par le milieu de la mode parisien.
En 1936, Man Ray (Emmanuel Radnitsky) originaire de Brooklyn, va transformer la vie d’Ady en une fête perpétuelle. C’est un peintre, photographe de mode et grand noceur. Il a plus du double de l’âge de la jolie antillaise, fréquente assidument le quartier Montparnasse et ses célébrités intellectuelles et artistiques, friandes de soirées libertines très arrosées …
Gisèle Pineau nous embarque dans le Paris des années trente puis plus sombre, celui de l’avant-guerre : liberté des moeurs naissante, désir de jouir de chaque moment de l’existence (des jeunes femmes en recherche d’émancipation) besoin d’assouvissement des fantasmes de la gent masculine (de plus en plus blasée …)
Une écriture journalistique bien documentée mais un style littéraire qui – à mon goût – mériterait un petit « supplément d’âme » … Instructif – bien que trop factuel – ce texte, toujours à mon humble avis, manque un peu de romanesque … De même, un rapport à la « négritude » un tantinet dérangeante, probablement dû à une période encore empreinte de ségrégation raciale, à la recherche d’un « érotisme » dans l’air du temps, (qui frise une forme de paternalisme, de bienveillance convenue, limite méprisante …)
J’ai donc pu découvrir des détails que j’ignorais sur des personnages que je ne connaissais pratiquement pas, c’est déjà ça ! Pas suffisant toutefois pour un réel coup de coeur … Dommage … Toutefois, je ne doute pas un seul instant que ce roman enchantera nombre de lecteurs !
J’ai pris un grand plaisir à retrouver la plume de Gisèle Pineau, à la fois poétique et empreinte des paysages et senteurs de sa Guadeloupe natale.
J’avais découvert tout à fait par hasard l’auteure il y a un an avec « Chair Piment », roman plein de nostalgie et de fantômes d’être chers disparus à jamais, celui d’une sœur notamment qui fait ressentir jour après jour un manque étouffant et intolérable.
C’est également sa sœur que Line recherche dans « Morne Câpresse ».
Line est persuadée que Mylène est vivante, seulement perdue dans la drogue et l’alcool.
Sa quête la mène dans une communauté totalement féminine dirigée par Mère Pacôme sur les pentes du mont « Morne Câpresse », une société bien étrange, sorte de secte avec ses codes et ses règles.
Gisèle Pineau nous propose de beaux portraits de femmes blessées, courageuses, venues dans l’espoir d’échapper au « monde d’en bas » fait de violence et de malheur.
Line, le personnage principal est particulièrement attachant avec sa volonté farouche de vaincre les obstacles, les peurs et les non-dits.
Dans cette histoire aussi belle que terrible, l’auteure nous fait découvrir une Guadeloupe moins idyllique que celle des cartes postales touristiques et aborde avec pudeur de graves problèmes de société.
Un roman trop peu connu et qui mérite grandement d’être découvert.
un bon moment de lecture
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