Un Roméo et Juliette à la calabraise - Quais du Polar
La Soie et le Fusil est un roman qui mêle mythologie, histoire d’amour et thriller contemporain… un dosage juste pour un polar haletant. A l’occasion du festival Quais du Polar 2018 dont lecteurs.com est partenaire, nous avons rencontré son auteur, le...
Un Roméo et Juliette à la calabraise - Quais du Polar
Ce livre très long( trop long) tient du roman
social, du témoignage. L'auteur né dans cette région isolée de Calabre y est retourné vivre. Il éprouve beaucoup d'empathie pour les habitants . En 1951 la population de l'ancien village situé dans la montagne est déplacée, un éboulement étant à redouter.Les habitants sont regroupés près de la mer dans des habitations précaires , et le village d'Africo nuovo complètement enclavé naît.C'est la Calabre misérable que les hommes quittent pour aller gagner leur vie en Allemagne par exemple, les femmes seules restent dans le village.
Par la voix de Nicolino, le livre déroule la vie dans ce village, les fêtes patronales, la rencontre avec les malandrins car cette population sans argent est facile à entraîner dans les trafics .C'est un aspect intéressant de ce témoignage de montrer comment des garçons vont passer du vol à l'étalage au banditisme. le livre dit comment les affranchis gangrènent un village, une région.
« Vous savez quelle malédiction est pire que le démon ? La Maligredi, dit-il, sans attendre de réponse. C’est le hurlement du loup qui a franchi une clôture et qui, au lieu de manger juste la brebis qu’il lui faut pour se rassasier, les égorge toutes ».
Me voici en Calabre.Les vieux regardent la montagne, leur ancien village, Africo, d’où ils ont été chassés, soit disant parce qu’il y avait des risques d’éboulement après les inondations de 1951… mon œil, c’est plutôt parce qu’ils étaient considérés comme des séditieux un peu trop actifs. Les jeunes eux regardent du côté de la mer Ionienne en contrebas de leur village d’Africo, réinstallés dans les marais. Les maris sont partis en Allemagne gagner la vie de la famille et quelques fois, ne reviennent plus.
Les enfants se trouvent livrés à eux-mêmes dans ce village où le train qui les conduit à l’école ne s’arrête pas, mais ralentit… C’est dire ! Les trafics mettent des pâtes dans les assiettes ; Nicolino,notre jeune héros et ses amis n’y échappent pas et y plongent avec la fougue de leur jeunesse sans voir plus loin que l’argent qu’ils ramènent. Les parrains « don » de la ‘ndrangheta ont la main mise sur le village
Arrive le sentiment politique avec Papule et son pull rouge. Les garçons y mettent autant de cœur. Ils y croient. Papule et toute la communauté manifestent arrête le train jusqu’à la création de la gare de Africo avec un arrêt pour les collégiens… Quelle réussite. Africo devenait un nom sur la carte ferroviaire. Une première reconnaissance. Papule contraint à se cacher dans la montagne ; Nicolino qui le suit et découvre la beauté de la montagne
Parlons un peu d’Africo. Village créé de toute pièce . Les habitants y ont mis leur âme. Comme dans chaque village il y a la ‘ndrangheta, les trafics, la misère, la joie, les rires, les pleurs.
En plusieurs tableaux, Gioacchino Criaco insuffle la vie dans les phrases, les mots, l’émotion est toujours à fleur de pages. Un très beau portrait sort du lot, celui de la mère de Nicolino. Oui, son mari est parti gagner l’argent en Allemagne, est revenu tous les étés, jusqu’au jour où…. Il n’est plus venu. Il lui a seulement envoyé une lettre pour l’avertir, sans même l’argent. Alors, elle se joint aux autres femmes qui vont cueillir le jasmin, sans se plaindre, mère courage. Nicolino et ses potes gagnent un peu d’argent en servant toutes les fins de semaine dans le restaurant. Oui, ils sont travailleurs ses minots. Et puis, ils ont des pourboires. Le pognon plus l’argent gagné avec les recels, ils le mettent de côté et, lorsque la révolution dans le village est là, le partagent avec la famille et les autres.
Gioacchino a écrit une chronique villageoise pleine de vie, de rires et de larmes. La beauté des lieux, la poésie quotidienne sont magnifiées par l’écriture à la fois descriptive et romanesque.
Ce village n’est pas sorti de l’imagination de l’auteur, il existe vraiment et il y est né et est retourné vivre et travailler la terre.
A la fois picaresque et politique, récit et roman, c’est de la littérature comme je l’aime.
https://zazymut.over-blog.com/2023/01/giocchino-criaco-la-maligredi.html
Trois jeunes adolescents grandissent à Africo, au pied des monts de l'Aspromonte.
Ils font volontiers l'école buissonnière, ne sont pas avares de farces douteuses, se mettent parfois dans de sales draps.
En grandissant, entre mafia et révolution, ils cherchent leur place avec le désir omniprésent d'améliorer la vie de leur village, de lui donner une reconnaissance.
C'est un roman qui décrit une région sans espoir mais où portant rayonne l'espérance d'une vie meilleure.
Un auteur amoureux de sa Calabre natale et qui veut lui redonner sa vérité.
Non ce n'est pas qu'une région pauvre où règnent les mafieux.
Il y a des bergers, des travailleurs des familles simples et méritantes et surtout des mères dévouées et des enfants qui les aiment.
Entre les lignes, on voit les paysages, on sent les odeurs, on ressent la solidarité enttre les gens.
Je pense que Gioacchino Criaco a mis beaucoup de lui et de sa jeunesse dans ce livre.
Il rend un superbe hommage à la Calabre, à ses traditions, aux calabrais.
Il était une fois, dans les montagnes de l’Aspromonte en Calabre, un petit village du nom d’Africo, dont les habitants, jusqu’en 1951, subsistaient grâce à l’élevage de chèvres et de moutons.
Jusqu’en 1951 seulement, parce que cette année-là, des inondations détruisirent le village, et obligèrent les autorités à bâtir dans l’urgence un nouveau village, cette fois sur la côte, pour y reloger les habitants. C’est ainsi que naquit Africo Nuovo, bourgade cependant de si peu d’importance que la plupart des trains ne s’y arrêtent pas mais ne font que ralentir, le temps pour les écoliers de les attraper au vol. Un seul train par jour marque un véritable arrêt à Africo : celui qui emporte les hommes vers le Nord, à Milan ou au-delà des frontières, à la recherche d’un travail qui nourrira leurs familles.
Car la vie à Africo et dans le reste de l’Aspromonte n’a jamais été facile. La misère règne dans cette région reculée et oubliée du pouvoir central. Les hommes sont au loin et, en attendant qu’ils reviennent (quand ils reviennent), les femmes triment comme des acharnées pour remplir les ventres de leurs enfants.
Et pendant ce temps, ces enfants, tels Nicolino et ses amis Antonio et Filippo, font les 400 coups avec les autres gamins du village.
Jusqu’au jour où on leur propose un petit boulot, simple mais suspect, contre une importante somme d’argent. Puis un autre, et encore un autre, de moins en moins simples et de plus en plus suspects, contre de plus en plus d’argent.
Jusqu’à ce que les trois compères manquent de peu de se faire pincer par les carabiniers.
Alors ils quittent les rangs des petits délinquants pour entrer dans ceux d’un révolutionnaire communiste local, qui cherche à donner à Africo et ses habitants une vie meilleure, en affrontant à la fois les autorités, les patrons cupides et la mafia. Autant dire un utopiste, et autant dire que cela ne sera, au final, pas un succès…
L’auteur est né à Africo Nuovo en 1965, et sait de quoi il parle. Cela se ressent dans ses descriptions des traditions religieuses et païennes, de la culture politique locale, de la vie de ces quartiers pauvres mais solidaires, où tout se sait, où tout le monde s’épie et où les rumeurs vont bon train.
A hauteur d’adolescence, Gioacchino Criaco raconte l’histoire de ces gamins attachants et de leurs tentatives plus ou moins concluantes de survivre dans cet endroit déshérité, où la mafia contrôle tout et voit d’un mauvais œil qu’on vienne marcher sur ses plates-bandes. Le côté lyrico-mythique de certains passages ne m’a pas toujours convaincue, mais « La Maligredi », à la fois roman (ou récit) épique et social, dresse un magnifique et âpre portrait de l’Aspromonte, de sa Nature et de ses habitants. Il rend également un hommage touchant aux fières « mères calabraises » et à « ceux qui ont tout risqué pour nous donner un monde meilleur ».
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