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Délicat pour être le mot qui qualifie ce roman.
Délicat le traitement qu'en fait son auteur entre récit par une adolescente d'un court séjour en famille au bord de la mer et flash-back sur un passé familial isolé en montagne.
Délicate l'écriture de Frédérique Clémençon qui ne cherche jamais à durcir le ton ni l'intrigue pourtant sur un sujet bien costaud : l'inceste intra familial ( comme le plus souvent).
Délicate également l'attention qu'elle porte à ses personnages, les effleurant plus que les personnalisant intensément, leur donnant ainsi une fausse légèreté qui colle bien avec l'ambiance de tous ces cousins, cousines, grands-parents, oncles et tantes réunis au coeur de l'été et qui permet une très jolie description d'une bande d'ados assez lambda et sans cliché.
Tout aussi délicate, mais sacrément bien vue, est la description de l'aveuglement d'une famille sur ce qui peut se jouer pour deux d'entre eux ou comment on n'ose jamais penser à un irréparable impossible chez soi.
Cette délicatesse, qui permet de sonder en douceur les coeurs et les âmes joue cependant un petit mauvais tour à ce roman bâtit sur une sorte de petit suspens que l'on ne sent pas vraiment monter, à l'image de l'héroïne Chloé, certes torturée de l'intérieur, mais dont on ne perçoit pas vraiment ce qui peut la faire basculer à l'aveu.
Il restera un joli roman délicat ( évidemment!), à l'agréable atmosphère ensoleillée mais avec ce petit nuage qui empêche d'avoir un réel beau temps et qui finira par assombrir à jamais une famille. Nous sommes ici au sujet de l'inceste à l'exact opposé de Christine Angot.
Après avoir lu et aimé « Les méduses » j’ai voulu me plonger dans ce recueil de nouvelles de Frédérique Clémençon, et bien m’en a pris car j’ai retrouvé dans chacune de ces histoires courtes le regard fureteur et parfois impitoyable de l’auteure.
Dans ces 8 nouvelles, les parents ne se montrent pas tous à la hauteur, loin s’en faut, allant parfois jusqu’à une indifférence cruelle comme cette mère qui met fin aux cours de piano de sa fille, pourtant douée, ou ce père qui emmène ses deux fillettes à la plage sans se soucier de la marée qui monte brusquement.
Il est parfois difficile de grandir auprès d’adultes absents ou indifférents, et certains enfants seront se montrer résilients comme Adèle dans « Le rêve de Lazare » qui s’invente des rêves auprès d’un marginal installé dans une cabane au bord du fleuve. Les enfants, tout comme les adultes, savent aussi se montrer cruel, et c’est le cas, dans « La guerre », de ce garçon sans nom – il restera l’enfant tout au long de l’histoire- qui, pendant le cours du professeur de français, prépare sa vengeance contre l’un de ces élèves trop lisses et disciplinés qu’il déteste. Le lecteur pénètre dans les pensées de l’enfant qui ne se sent pas à sa place et c’est saisissant de justesse.
« Deux tu l’auras » évoque la différence qui peut mener au harcèlement sexuel, c’est une histoire d’une grande violence.
Les enfants que l’on croise portent parfois des histoires trop lourdes pour leurs épaules, comme dans « Les mains de maman » qui nous raconte Paul. L’enfant vit avec une mère qui s’enfonce dans la dépression et il voit la gravité de son état à travers ses doigts mutilés.
Les phrases sont ciselées, chaque mot choisi, comme toujours chez Frédérique Clémençon, et ces destins de mères, pères et enfants se découvrent avec bonheur ou frayeur à chaque nouvelle histoire.
De cette auteure, j’avais gardé un bon souvenir de lecture avec « Traques », et j’avais hâte de me plonger dans « Méduses ».
J’ai retrouvé dans ce roman cette construction particulière chère à Frédérique Clémençon, et qui ressemble à une superposition de nouvelles liées entre elles par un lieu, un personnage
Les récits qui tissent le roman semblent si différents au premier abord mais, cousus ensemble comme un patchwork, finissent par former une grande histoire débordante d’humanité. Normal puisque tous ces personnages se croisent dans un hôpital de province, pas très loin de l’océan. Certains y travaillent, d’autres y souffrent quand certains ne font qu’y passer.
La première pièce du patchwork est teintée de nostalgie puisqu’on rencontre Hélène Laurentin et son fils Paul revenus sur le lieu des vacances d’autrefois, lorsque Marc, mari et père, était encore en vie. Cette année-là, ils avaient renoncé à se baigner à cause des méduses venues s’échouer par millier sur la plage. Hélène, infirmière à l’hôpital qui réunit tous les personnages, n’a pas encore repris son poste aux urgences.
Dès le second fragment, on change de personnages et d’ambiance en s’éloignant de la mer. Dans un village d’une centaine d’habitants se déroule un phénomène étrange observé par les enfants qui attendent le car scolaire, la chute brutale d’oiseaux morts. Bien sûr, on pourrait interpréter ces signes comme les présages de ces morts qui planent sur le destin de quelques personnages ou que côtoient Hélène, Delphine ou Olivier qui travaillent aux urgences de l’hôpital.
La construction du roman peut dérouter au début mais, très vite, on se laisse guider par la plume sensible et stylée de Frédérique Clémençon et on passe d’une histoire à l’autre, vite captivés par ces destins multiples, ces personnages disparates qui vont et viennent à travers les pages comme le flux et le reflux de l’océan tout proche.
Profondément humain, ce roman m’a captivée.
Avant dernière lecture pour le Grand Prix RTL/Lire et petite déception pour le récit Les méduses. J’ai essayé de ne pas lire de chroniques, critiques des romans sélectionnés pour le Grand prix afin de ne pas avoir d’a priori sur les lectures. Je suis donc entrée dans ce récit sans attente si ce n’est passer un bon moment de lecture. Manque de chance pour moi…alors que je m’attendais après la lecture de la quatrième de couverture à lire un récit donc le centre serait un hôpital de l’Ouest de la France, je découvre ce qui, pour moi, s’apparente à un kaléidoscope de récits voire de nouvelles et je n’apprécie pas particulièrement le genre de la nouvelle. C’est un genre qui me laisse systématiquement sur ma faim voire avec un sentiment de frustration.
Les méduses n’échappe pas à cet écueil même si son auteur a tissé des liens subtils entre chaque court récit, demandant au lecteur de reconstituer le puzzle des personnages et de leur vie.
Concernant l’écriture, j’ai apprécié le style de Frédérique Clémencon et j’aimerais la découvrir dans un « vrai » roman où les personnages sont plus construits, plus aboutis. Même si la lecture fut agréable et que ce livre présente des qualités, je n’ai pas su apprécier ce récit.
En résumé : entre le roman et la nouvelle, mon cœur ne balance pas et malheureusement Les méduses tient plus de recueil de nouvelles à mes yeux…
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