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la vie d'une femme qui est mise en lumière dans ce roman. Qu'est ce qui pourrait la sauver de ce train train de vie tout à fait ordinaire, Marcelle vit dévouée aux autres, pour les autres et elle dans tout ça? On s'attache à Marcelle, à sa vie, et on l'accompagne jusqu'à la fin avec bienveillance. Merci de m'avoir fait découvrir ce livre
Comme écrit par l’autrice elle-même, Françoise Henry, ce livre est « un biopic de quelqu’un de pas célèbre du tout d’anti-célèbre ». En effet, l’héroïne principale, Marcelle Jallard, n’a jamais été connue dans sa vie, bien du contraire.
Françoise Henry nous décrit la vie de cette femme, depuis sa naissance en 1922, jusqu’aux ultimes jours de sa vie. Cette personne, Marcelle, il en existe des milliers autour de nous; ces effacées qui mènent des existences banales où elles s’oublient dans leur quotidien et parcourent leur vie sans artifice mais sans jamais se plaindre.
Écrire un livre sur ces gens est quelque chose d’audacieux car il n’y a pas d’« action », de « suspens » à proprement parler. Les jours défilent comme les pages, dans une certaine relativité.
Très contemplatif, ce roman tient lieu d’une espèce d’hommage à ces hommes et femmes, que nous croisons tous les jours, dans la rue, dans les magasins, dans les transports publics, sans nous retourner, sans leur adresser un regard.
Pour cette protagoniste, Marcelle, un seul petit détail aurait pu tout changer dans sa vie, mais elle a préféré s’effacer, mettre son bonheur personnel de côté, à son propre détriment qu’elle devra supporter jusqu’à son décès.
Dotée d’une plume sensible et délicate, Françoise Henry apporte un peu de lumière à ces individus blessés par la vie et les décortique dans leur complexité. La grande originalité est de raconter cette vie sans y mettre de point à la ligne. L’unique sera le final car « dans une vie, il n’y a jamais de point si ce n’est le final quand il n’y a plus rien à dire ».
Dorénavant, nous n’oublierons plus ces Marcelle, toutes les Marcelle.
Dans un monde où tout va (trop) vite, où règnent souvent un manque de considération des uns pour les autres mais aussi une propension au jugement facile, Françoise Henry fait le choix de nous conter l’histoire de Marcelle qui peut paraître somme toute ordinaire mais qui mérite de ne pas être oubliée, comme celle de chacun d’entre nous.
« c’est une vie comme une autre dirait-on mais pas tout à fait non plus car aucune vie entendez-vous bien aucune vie n’est exactement comme une autre
c’est une vie qu’on peut choisir de raconter parce que justement si on ne la raconte pas, comme elle est déjà presque tombée dans l’oubli, alors là ce sera un trou noir
et bien sûr qu’on pourrait essayer de sauver une autre vie en lui consacrant un bouquin, un petit bouquin de plus, mais même en y vouant toutes ses forces en y consacrant tous ses jours et toutes ses nuits armé d’un stylo on ne pourra jamais sauver toutes les vies alors la sienne, oui »
La façon d’écrire est originale, au niveau de la ponctuation (jamais un point, sauf le final) et de la disposition des phrases dans le texte. Elle est libre et peut être un peu perturbante mais seulement un peu. On lit comme en apnée, on dévore cette vie simple en apparence quasiment d’une traite.
« parce qu’il y a quelque chose dans cette vie, quelque chose qui semble ne pas vouloir mourir
on peut même la raconter sans mettre de point car dans une vie il n’y a jamais de point si ce n’est le final quand il n’y a plus rien à dire »
Il y a de la solitude mais aussi beaucoup d’abnégation dans cette vie-là. Marcelle vit davantage pour les autres que pour elle-même, même si l’on retient bien trop facilement son « sacré caractère ». Mais ce caractère l’est-il réellement, sacré ?
Elle passera une majeure partie de sa vie dans la petite ville de D. en Saône-et-Loire, là où ses parents tenaient une chapellerie rue Nationale, près des bords de Loire. Puisque j’ai longtemps vécu au cœur de ce département, j’ai facilement pu identifier la ville de D. et cela a apporté ce petit grain de sel, cette sensation de connaître l’endroit et de vivre au plus près des personnages.
Mais revenons-en à Marcelle puisque c’est elle l’héroïne extra-ordinaire, celle qui fut aux services de tous toute sa vie, jusqu’à en sacrifier son amour de jeunesse et vivre seule, toujours, si ce n’est avec sa mère afin d’accompagner sa vieillesse. Elle fait partie de ces personnes que l’on ne remarque pas, ou si peu, que l’on ne comprend pas toujours et que l’on étiquette sans rien savoir d’elles, ou si peu de choses. Ne laissant apparaître qu’une façade lisse, peut-être fade, et l’impression que l’on ne parviendrait jamais à « atteindre le noyau tendre ».
« (…) Marcelle épousait le sort de ses parents, elle épousait leurs tracas leurs soucis au jour le jour elle épousait leurs joies aussi leurs éclats de rire leurs histoires drôles (…) elle épousait tout ça avec beaucoup de calme et sans regret semblait-il, tout ça au lieu d’épouser
Pierre Andersen »
Je trouve l’idée merveilleuse, de laisser subsister l’âme d’une personne, son histoire et ce qu’elle était alors qu’a priori elle pourrait être vite oubliée. Permettre à cette vie minuscule de se poursuivre, celle dont l’ardeur intérieure n’a pourtant jamais cessé.
La longueur du texte est juste comme il faut pour nous tenir en haleine de bout en bout, pour dévaler les phrases, sauter à la ligne suivante, au mot d’après, celui en minuscules et parfois en majuscules, pour parcourir les rues et les lieux de la vie de Marcelle Jallard, de 1922 à 2018. Quasiment un siècle, ce n’est pas rien.
N’oubliez pas Marcelle, c’est laisser l’infime prendre place dans nos vies, c’est nous questionner sur notre rapport au monde et à ses habitants, c’est regarder les autres avec bienveillance et laisser tomber les apparences. C’est considérer. Une lecture pas si ordinaire qui trotte encore un peu dans la tête, APRÈS.
Sur mon blog : https://ducalmelucette.wordpress.com/2023/08/23/lecture-noubliez-pas-marcelle-de-francoise-henry/
Loin du soleil, c’est là qu’est contrainte de vivre Greta, qui souffre de photodermatose, une maladie qui rend sa peau bien trop sensible au soleil.
Loin du soleil, c’est là que va grandir Loïc, là qu’il va apprendre à vivre (ou survivre), puisque la nuit est tombée sur sa famille au décès de Nadine, sa mère, lorsqu’il avait quatre ans.
Nadine, belle et lumineuse comme un soleil, insouciante, oisive, un brin écervelée, et Augustin, travailleur, gentil mais taiseux, incapable d’exprimer ses sentiments, ces deux-là forment un couple improbable mais pourtant heureux, avant le drame et la mort de Nadine. Augustin sombre, on fait croire au petit Loïc que sa mère est partie en avion et qu’elle ne reviendra pas avant longtemps. Mais dans la tête du gamin, “longtemps” ne veut pas dire “jamais”, alors il attend, attend… Il attend en silence et sans amour, son père n’est pas capable de lui en donner, ses grands-parents maternels non plus, plus doués pour pourvoir à la logistique qu’à la tendresse.
Il n’y a que Greta, la voisine, qui observe la famille depuis sa fenêtre. De loin en loin, elle suit ta vie, Loïc, et s’adresse à toi, reconstituant ton histoire, ton parcours, ta vie sans amour, sans amitié, sans attention ni affection, sans instruction mais avec en prime l’alcoolisme de ton père, qui n’en finit pas de s’y enfoncer. L’alcool dans lequel tu pourrais bien couler toi aussi, à trente ans à peine. A moins que Greta, qui veille et s’en veut de n’avoir jamais rien tenté pour t’aider, ose te tendre la main…
Malgré la lueur d’espoir finale, cette histoire est un crève-cœur, un roman de “désapprentissage” dans lequel un enfant grandit dans un désert affectif et sans que l’école, cet instrument de l’ascenseur social, joue son rôle, puisque malgré toutes ses années de scolarité, Loïc est illettré. Il y a des vies qui se construisent sous de meilleurs auspices.
Isolement géographique, solitude morale, rejet, tristesse, gâchis, tout cela est raconté avec une très jolie plume, à la fois sobre et poétique, sans larmes et avec beaucoup d’humanité. Un ton très juste pour un roman entre beaucoup d’ombres et un peu de lumière.
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