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Le linguiste Budaï, qui devait atterrir à Helsinki pour un congrès, se retrouve dans une ville inconnue où tout le monde parle une langue qu'il n'a jamais entendue, ni même lue. Lui qui maîtrise un grand nombre de langues n'arrive pas à déchiffrer celle qu'il entend partout autour de lui. de plus, dans cette ville il y a des multitudes de piétons et de véhicules qui vont sans cesse en tous sens, et de longues files d'attente partout, tout le temps, pour récupérer ses clés à l'hôtel, pour manger, pour téléphoner d'une cabine.
C'est assez inquiétant et ça m'a évoqué les cauchemars de mon enfance, quand les rêves étaient totalement absurdes et que rien n'avait de sens, quand tout ce qu'on connaît à disparu et que pourtant c'est normal. Quand on veut crier mais qu'aucun son ne sort. Quand on se retrouve seul au monde sans personne qui puisse nous aider. L'angoisse totale.
À part le fait que j'ai trouvé l'ambiance oppressante pratiquement dès le début, au bout de 50 page je me suis demandé si ça allait être comme ça pendant 313 pages. Des descriptions de cohues, de taxis bondés de passagers, de piétons pressés qui bousculent ceux qui ne se poussent pas, des files d'attente interminables partout tout le temps et du coup un ennui terrible car c'est répétitif et il ne se passe rien de nouveau. Ah ! Enfin le métro ! Et des couloirs, des dédales de couloirs, remplis de gens, qui vont, qui viennent, comme dans une immense fourmilière… Et puis un marché, des camelots qui vendent tout et n'importe quoi et je peux dire que j'en ai eu des palpitations à force. Errer dans une foule aussi dense et se sentir si seul au monde, c'est affreux.
Au bout d'un moment, Budaï comprend que pour s'y retrouver il doit suivre le mouvement, le courant, le flot de la foule. Il décrypte les comportements. Et il boit.
Il y a cependant beaucoup d'opiniâtreté chez Budaï, mais aussi de l'espoir sans cesse renouvelé, sinon à quoi bon avancer. C'est cette espérance qui m'a fait persister dans ma lecture. Car je me suis demandé comment j'allais tenir jusqu'au bout de cet étrange roman… Mais j'avoue que j'ai voulu connaître le fin mot de l'histoire.
Bien sûr, en bon linguiste qu'il est, rompu à la réflexion méthodique, il cherche à déchiffrer cette langue qui lui échappe et on se dit qu'il finira sans doute par y arriver, en tout cas on l'espère, car sinon comment rentrera-t-il chez lui un jour ?
J'ai pensé à une parabole évoquant le bloc de l'est, car ce roman a été écrit en 1970. Ça m'a fait penser à L'URSS, une prison à l'échelle d'un pays, un lieu dont on ne peut pas sortir. Ou alors la métaphore d'autre chose, mais quoi ? Ou peut-être Budaï a-t-il glissé dans une dimension parallèle. Ou il a perdu la raison. Ou encore il dort. En tout cas, au bout d'une bonne centaine de pages j'ai fini par être totalement absorbée par cette étrange histoire.
J'ai trouvé intéressant et amusant le regard de l'auteur sur les comportements humains et l'effet de mimétisme qui en découle parfois, sans en avoir conscience. Et ces brefs et enrichissants aperçus de linguistique qui reviennent çà et là.
Et Épépé, Dédé, Bébé, Vévé, Etèt, Tiétié, Dédédé, Pépé, Ébébé, Tété, Épépép...
Il semble toutefois que ce livre ait des effets secondaires très bizarres. Pendant ma lecture, j'ai fait un cauchemar qui y ressemble étrangement : j'avais été plantée par des amis dans une ville inconnue, sans mon sac donc pas de papiers, ni d'argent, ni de téléphone. J'essayais de téléphoner avec ma main en faisant mon propre numéro dans ma paume sans parvenir au delà de 06... et la peur de n'avoir nulle part où dormir. Oups !
J'en suis venue à bout, un peu laborieusement quand-même. C'est réellement un roman étonnant, une expérience unique. J'ai hélas trouvé le temps long trop souvent.
Épépé ou la Twilight Zone. A première lecture, ce roman est tout simplement angoissant, presque oppressant, tout comme Budaï, qui nous emmène dans sa délirante cavalcade, nous sommes enfermés dans un monde dont nous ne pouvons pas comprendre les règles. Qui aurait envie de se retrouver isolé au milieu d'une foule qui ne prête pas attention à lui, avec une langue qui lui est totalement hermétique et dans un pays auquel il n'a rien, ni personne à qui se raccrocher. Peut-être que, comme moi, cela vous rappellera la série de science-fiction au générique mémorable La quatrième dimension; série, où certains de ses épisodes avaient pas mal perturbée, à l'époque, la préadolescente que j'étais. Dévoiler le texte masqué
Avec bonheur, Ferenc Karinthy utilise un ton plutôt truculent, à la limite de la facétie, pour faire évoluer son bonhomme dans son parcours ubuesque qui le voie carapatant aux quatre coins de la cité à chaque fois, où les files d'attente des parcs d'attraction feraient pâles figures devant celles auxquelles Budaï est constamment confronté. Faire le pied de grue devant l'ascenseur, attendre pour se sustenter puis pour payer, patienter à la réception de l'hôtel, il n'en finit jamais d'attendre mais, ici non plus, Godot ne vient pas.
on, et après? Il y a bien quelque chose derrière tout ça? Un second niveau de lecture me semble nécessaire, un peu de hauteur, une remise en perspective de la situation de Budaï, qui vogue entre absurdité, cocasserie et tragédie. le but de Ferenc Karinthy est de nous faire sentir mal à l'aise, il y parvient très certainement, Budaï, l'universitaire devient un personnage pathétique, un pantin esseulé, grotesque, voguant cahin-caha au milieu d'une masse envahissante, grouillante, d'un essaim de fourmis, ou il tente péniblement de garder la tête hors de l'eau. Est-ce que par hasard l'image de cet homme broyé par ce monde incompréhensible ne nous rappellerait pas quelque chose (hormis mes souvenirs feuilletonesques vieillissants)?
Ferenc Karinthy est mort en 1992, il a à peine eu le temps d'assister à la libération et au renouveau de son pays en tant qu'entité indépendante, les épaules enfin allégées de cette chape de plomb accablante. Ainsi, l'auteur, on peut se le demander, a peut-être réussi à transposer cette sensation d'inutilité de l'homme, individuel, au sein de cette société mortifère qu'est celle de la dictature au profit d'un collectivisme paralysant et asphyxiant. Emmanuel Carrère, qui est l'auteur de la préface de mon édition, évoque prudemment l'hypothèse communément admise que Ferenc Karinthy aurait transposé le malaise de l'homme moderne au sein de la « cité ». Il a probablement raison. En fouinant un peu sur le net, je suis tombée sur le blog rédigé en français (sauf la page de sa présentation qui est disponible en hongrois) de la petite-fille de Ferenc Karinthi, Agnès Karinthi, elle-même auteure mais aussi chroniqueuse. J'étais curieuse de lire son interprétation du roman de son aïeul disparu mais elle ne s'y aventure pas. Quoi qu'il en soit, c'est une adresse que je retiens.
Il est vrai que l'on commence ce roman en souriant devant la mine déconfite de Burdaï l'universitaire, devant le cortège d'obstacles qui se mettent sur sa route, tantôt fulminant en allemand puis en anglais (dans notre traduction française pour le moins, je serais curieuse à quelles langues l'auteur a fait appel dans la version originale), tantôt s'échinant à trouver tous les moyens possibles et imaginables pour se familiariser à cette langue inconnue. Mais sa science trouve ici ses limites. On rigole moins lorsqu'on s'aperçoit de l'inefficacité de ses efforts à se faire comprendre, et que l'on absorbe peu à peu ce profond et angoissant sentiment de solitude qui ne fait que croître tout au long du récit. Cet abandon, cet exil forcé dans une sixième dimension, ce Robinson échouant sur son île déserte (et encore que notre marin a fini par rompre sa solitude aux côtés de Vendredi), même un mois à Sakhaline me paraîtrait plus souhaitable que le calvaire de Budaï.
Ce roman, personnellement, m'évoque quelques autres auteurs ou oeuvre: Albert Camus, à travers l'absurdité du monde qui entoure Budaï, et le Procès de Franz Kafka, ou Joseph K. s'acharne, en vain, à comprendre la raison pour laquelle un procès lui est intenté. Je ressens ce même désespoir, insoluble, absolu du personnage qui se transpose au lecteur, cette même anxiété qui nous prend aux tripes jusqu'au moment où l'on referme le roman (le moment ou on se dit successivement « ouf » puis « ? »). Quoi qu'il en soit, la langue reste agréable à lire et on apprécie les aptitudes de Budaï à utiliser toute sa science pour comprendre ce mystérieux langage, à s'acharner à décrypter l'alphabet, du moins le système linguistique en question. le style est clair, sans fioritures, et c'est à peine si l'on s'aperçoit de l'absence de dialogues. Forcément.
Alors, quid d' Épépé? Voilà le nom de cette langue inconnue, incompréhensible, totalement hermétique à notre linguiste perdu, qu'il a baptisée à partir des seuls phonèmes qu'il a pu appréhender. Ne cherchez pas de logique dans ce roman, c'est un concept qui n'existe pas ici, et ce qui rend le récit d'autant plus déstabilisant. Ce roman est un ovni, pas dans le sens défavorable du terme, certes. À défaut de comprendre parfaitement ou l'auteur a voulu en venir, comme l'écrit Emmanuel Carrère « Qu'est-ce-qui lui a pris? », comme si l'auteur lui-même nous parlait epépé, et que nous nous transformions en Budaï perdu dans le langage impénétrable de Ferenc Karinthy. On ressort avec l'impression que l'écrivain hongrois a pris plaisir à malmener son homme, à le placer dans les pires situations qui soient, à le faire tourner en bourrique.
Il y a bien longtemps que je n'avais pas été autant déroutée par un roman, mise à mal par un auteur, et autant frustrée par une fin, qui ne conclut rien. Parce qu'on l'attend cette fin, impatiemment, fiévreusement, avidement, on attend que Ferenc Karinthy nous délivre, délivre Budaï, de ce monde insensé. Je me suis demandée, avant d'écrire cet article, par quel bout j'allais bien pouvoir traiter ma vision du roman. Je suis bien incapable d'affirmer que j'ai effectivement apprécié ce livre, néanmoins il est digne d'intérêt par bien des aspects. On se rend progressivement compte qu'il n'a rien de pire que de ne pouvoir communiquer et c'est sans regret que l'on retourne à sa vie ou la moindre parole insignifiante devient un vrai bonheur à dire ou à entendre.
Il est rare d’être touché par un livre au point de savoir au bout de cinq pages ce que nous en penserons tout du long. Ce fut le cas avec celui-ci, qui m’a profondément ennuyée dès le début.
L’idée d’un linguiste perdu parmi des personnes dont il ne comprend pas la langue est une idée brillante mais l’histoire est racontée de manière bien trop plate pour que j’y trouve un quelconque intérêt. La tâche est bien évidemment difficile puisque les dialogues sont pratiquement absents, du fait de la nature de l’intrigue. Or, les dialogues ont toujours constitué pour moi un outil de dynamisme et de vie dans un livre. Dubaï n’arrivant pas à communiquer, il est l’unique personnage de ce roman, les autres personnes constituant un groupe incompréhensible dont peu se détachent et dont on ne sait absolument rien. Dès lors, l’identification est impossible.
Que reste-t-il alors pour plaire au lecteur ? Il ne reste plus que les tribulations d’un homme sans aucun intérêt dans une ville dont on ne comprend rien. Ne cherchez pas d’humour ou de second degré pour vous rendre la lecture agréable, il n’y en a pas. J’ai abandonné cette lecture au bout d’une centaine de pages, avec la frustration de ne pas comprendre ce que d’autres grandes lectrices lui trouvaient et la sensation d’être peut-être passée à côté de quelque chose.
Entre Kafka et Pérec, l'histoire d'un homme qui, contre son gré, se retrouve dans une ville qu'il ne connaît pas et dont il ne parle pas la langue. Un comble pour cet érudit polyglotte ! On le suit dans ses pérégrinations désespérées, à la recherche d'une gare, d'un aéroport, d'un dictionnaire, d'un signe, du bout de phrase qui lui permettra enfin de "comprendre". Il y a dans ce livre une métaphore extraordinaire du monde moderne : agressif, matérialiste, où les hommes ne s'écoutent plus. À la fin de certains passages, je me suis dit : "mais ce monde, c'est le nôtre!"
Du point de vue narratif, on tourne en rond, on s'ennuie et la fin, pirouette rêveuse, m'a laissé sur ma faim.
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