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Ce pourrait être le livre de l'absurde. L'absurdité et la folie humaine contre la nature, les peuples, la planète même. En pleine conscience écologique actuelle, ce livre a une portée certaine en montrant qu'on a déjà joué avec le climat et en pensant que la Science parviendrait à tout maîtriser au profit de l'Homme. Au final, on est bien loin de tout cela mais pourtant on recommence...
Le style de l'auteur n'est pas fabuleux. Froid, peu descriptif, parfois répétitif, en symétrie négative (ex. : Léonid le scientifique, froid, rationnel, issu de la rue et de la ville vs Nabidjon le chaman, issu de la mer et du désert, parlant avec la nature),
Les personnages ne sont pas crédibles, les évènements oui. Le pourquoi du projet relié uniquement à la folie de Staline a son 2e ou 3e AVC est douteux.
Mais le fonds de l'Histoire est là et terrible : destruction des peuples autour de cette Mer (déportations et exils), destruction écologique et ce, pour un intérêt économique (créer des plantations de coton irriguées dans le désert par le détournement des affluents de la Mer d'Aral) et technologique. Et, par conséquent par idéologie aussi : le communisme stalinien peut même mâter la nature et/ou... en faire une arme de guerre contre l'Occident.
C'est toute la course à la météorologie pour réguler les productions agricoles humaines et menacer si besoin son voisin géographique.
C'est un livre majeur mais dont le style est lourd avec des assertions étranges parfois (les Ouzbeks sont représentés uniquement par ceux vivants autour de la Mer Aral alors qu'il y a sûrement aussi des peuples du Kazakhstan qui ne sont pas Ouzbeks ; les Ouzbeks sont à la fois ceux qui seront déportés et à la fois ceux qui vont s'enrichir des plantations de coton, alors que probablement ce sont plusieurs peuples persécutés et quelques nantis qui s'en mettront plein les poches du côté territorial de l'Ouzbékistan ; Staline est "un montagnard, aux désirs bestiaux, aux plaisirs âpres" - p.160 mettant tous le monde montagnard dans le même sac et à plusieurs reprises il y a ces raccourcis de pensée ; la belle Elmira est libre d'aimer alors qu'elle ressemble plutôt à une Dalida, etc.).
Ce livre se veut être un récit de la folie ordinaire, de l'hubris humaine, qui pourrait bien se reproduire d'ici peu en laissant penser que l'Homme est tout puissant et peut tout maîtriser. Il l'a déjà fait, récemment, et il a envie de le refaire. Il faut surement prendre ce livre comme cela.
https://leslivresdejoelle.blogspot.com/2023/07/staline-bu-la-mer-de-fabien-vincon.html
En 1948, Staline lance son grand Plan de transformation de la nature. Il veut dominer la planète par ses grands travaux. A 70 ans, miné par la maladie, enfermé dans ses forteresses, le petit père des peuples redoute les complots. Il est persuadé qu'un vent criminel né au milieu de la mer d'Aral le pourchasse et est la cause des maux mystérieux qui l'ont atteint brutalement, nausées, vertiges, fièvre et convulsions... C'est certain, on veut l'assassiner !
Sous prétexte de décupler la production de coton de la région, il décide de mettre à mort cette mer lointaine et ordonne, le 12 septembre 1950, de creuser un grand canal qui détournera vers la mer Caspienne les deux grands fleuves qui alimentent la mer d'Aral. Léonid Borisov, un jeune ingénieur fanatique reçoit l'ordre de vider cette petite mer en plein désert d'Asie centrale.
Asservir la nature, faire modifier la météo pour avoir du soleil le jour de son anniversaire, faire assécher une mer, ce roman nous offre des exemples édifiants de la folie d'un homme, Staline.
Le volet historique de ce roman est très intéressant et nous rappelle un des plus grands désastres écologiques du XXème siècle. Fabien Vinçon nous raconte le rêve de toute-puissance, la paranoïa de Staline et la soumission des Russes, politiques et scientifiques, à sa folie meurtrière. Il nous raconte également ces terres de légendes que Staline a décidé d'asservir, la croyance des pêcheurs ouzbeks dans les esprits. En effet, pour eux, la mer d'Aral renferme dans ses profondeurs une divinité endormie qui veille sur elle, réveiller cette géante aux griffes acérées exposera le monde à sa terrible colère.
Au fil des pages on assiste à l'évacuation des ouzbeks qui perdent leur terre, leur mer, leurs bateaux de pêche. Tous leurs villages se retrouvent rayés de la carte. L'auteur nous fait vivre leur soulèvement et met en lumière le courage des rebelles qui vont tenter de détruire les digues pour libérer les deux fleuves qui alimentaient la mer d'Aral.
La faiblesse de la trame romanesque qui accompagne cette page d'histoire et les envolées lyriques qui parsèment le récit ont un peu terni mon plaisir de lecture de cette histoire au fond historique passionnant.
Faisant partie de la première sélection du prix Orange, Staline a bu la mer est le second roman de Fabien Vinçon. Il y met en scène la mer d’Aral et son asséchement décidé par l’URSS après la Seconde Guerre Mondiale. Si certains lient capitalisme et exploitation de la nature, force est de constater que le communisme et sa vision d’un Homme domptant celle-ci n’ont rien à lui envier…
Quelques mots sur la mer d’Aral pour commencer ce billet. Elle est bordée par le Kazakhstan au Nord et l’Ouzbékistan au Sud. Dès 1918, Lénine fait installer des rizières pour exploiter cette eau. Dans les années 60, elle présentait une superficie de 66.500 km², soit deux fois la superficie de la Belgique ! Toutefois, sous Khrouchtchev, le développement de la culture du coton dans les pays riverains fait drastiquement baisser son niveau : elle perd 75% de sa surface et 90% de son volume. Vous connaissez sans doute les photos montrant des bateaux rouillés au milieu du lac asséché… Cela est la partie visible. La hausse de la salinité, la concentration des pesticides provenant des cultures environnantes constituent la partie non perceptible à l’oeil nu…
Fabien Vinçon choisit de faire remonter l’histoire de l’asséchement à la folie de Staline qui aurait rendu les vents originaires de cette région responsables de ses problèmes de santé. Un jeune homme, pur produit de l’éducation soviétique, Leonid Borisov, tout juste sorti Major de la Faculté des Sciences, reçoit le commandement de l’opération « Grande Soif » dont le but est de couper les liens entre les cours d’eau qui alimentent le lac et celui-ci. Elle s’insère dans un « Grand plan de transformation de la nature » décidé en 1948.
Pour ses maîtres, il s’est imposé comme un élément brillant, logique et dévoué à la patrie. Un jeune homme aux nerfs d’acier qui ne cède rien à ses émotions, promis à conduire les affaires les plus délicates de l’Etat.
Je vais être franc avec vous : je me suis arrêté au tiers du livre. Si je considère que Staline a bu la mer n’est pas un mauvais roman, je suis néanmoins complétement passé à côté de la lecture. J’en impute la raison au style : les phrases sont assez courtes, il y a peu de conjonction pour lier le texte et l’on passe assez vite d’une idée à l’autre. Cela ne m’a pas permis de m’immiser dans la pensée des personnages et de l’histoire.
https://etsionbouquinait.com/2023/05/31/fabien-vincon-staline-a-bu-la-mer/
Malade, paranoïaque, en proie à des colères homériques et à des sautes d’humeur qui laissent son entourage pantois, Joseph Staline est plus que jamais un tyran. Âgé de 70 ans, reclus dans sa forteresse, il vient de se trouver un nouvel ennemi : la nature. Un vent pernicieux l’a en effet atteint et les experts mandatés ont décrété que ce courant venait de la mer d’Aral, un lac d’eau salée, situé en Asie Centrale. Et l’idée folle surgit : assécher cette mer et la remplacer par des champs de coton. C’est le jeune ingénieur Leonid Borisov qui se retrouve chargé de ce chantier.
Ce livre, basé sur une réalité historique et écologique, est le récit d’un drame. Un drame environnemental mais aussi la chronique de toutes les conséquences (sociales, économiques, humaines) que la perte de cette mer va entraîner. Car autour de la mer d’Aral vivent des communautés Ouzbeks qui dépendent d’elle, des marins qui vivent grâce à la pèche, un eco-système complet que la disparition de ce point d’eau de près de 70 000m2 va totalement modifier.
Pour parvenir à ses fins et satisfaire le petit père des peuples, Leonid Borisov va décider de détourner les deux fleuves, Amou-Daria et Syr-Daria, qui alimentent la mer d’Aral. Progressivement il va parvenir à réduire leur débit et à faire disparaître cette mer que Staline a pris en grippe.
Pour raconter ce véritable désastre Fabien Vinçon a choisi d’intégrer à son récit une histoire d’amour entre Leonid et une jeune Ousbek mais aussi des légendes et de purs moments de fééries et de magie qui vont venir déstabiliser le jeune ingénieur dans ses certitudes et remettre en perspective le bien-fondé de cette mission.
Au-delà de cet entêtement à éliminer l’étendue d’eau, c’est aussi la volonté de la Russie à uniformiser la pensée, la culture, les croyances de toutes les populations qui composent l’URSS qui est ici racontée. En parallèle se déroule donc tout un jeu politique, dépendant d'un tyran qui fait et défait les carrières, condamne ou élève au gré de sa fantaisie et auquel la majorité est soumise. L’absurdité et la folie ne sont jamais loin dans ce monde totalitaire.
Un livre passionnant qui mérite amplement qu’on s’y arrête car il jette un regard original sur une page d’histoire probablement un peu oubliée mais qui prend encore plus de sens compte-tenu des urgences climatiques et environnementales qui nous concernent aujourd’hui.
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