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Mr Bridge et son pendant, Mrs Bridge, forment une œuvre en diptyque fascinante et forment un portrait sans concession de de la middle class américaine des années 30 entre une crise économique et l’imminence d’un conflit mondial sous fond de prohibition, montée de l’anti-sémitisme, tensions raciales avec la communauté afro-américaine… Mais c’est également la capacité d’un auteur à se glisser aussi bien dans la peau d’un homme que d’une femme.
Mr Bridge a été écrit 10 ans après la publication de Mrs Bridge. J’ai commencé, par hasard, par le portrait de Madame réduite à son rôle de femme au foyer. Je pensais trouver chez Monsieur, une plus grande liberté. Car Monsieur travaille, avocat de son état, lit les journaux, s’intéresse à la politique… Erreur ! Il fait preuve d’une large étroitesse d’esprit ! Ce que lui reprochent sans surprise ses enfants mais également ses fréquentations. Pour cette raison, j’ai beaucoup moins apprécié Monsieur ; Madame avait au moins pour excuse sa naïveté et bénéficiait de fait d’une relative bienveillance de la part de l’auteur.
Le point positif est qu’on fait plus ample connaissance avec leurs trois enfants ; c’est que Monsieur incarne la figure autoritaire qui en cas de conflit tranche, là où madame est souvent dépassé par sa progéniture. Enfin, ce qui est franchement dramatique, c’est que c’est avant tout l’histoire de deux êtres qui malgré une vie passée côte à côte sont profondément marqués par la solitude.
« Est-ce ainsi qu’ils finiraient tous deux leur vie ? Si proches l’un de l’autre, partageant amour, tendresse et compassion tout en étant chacun si seul. »
Mrs Bridge et son pendant, Mr Bridge étaient non pas dans ma pal mais dans le top de ma « to read list ». J’ai commencé par Mrs Bridge, « desperate housewife » délaissée par son mari et dépassé par ses enfants qui basculent dans la société moderne. Le style plat et descriptif de l’auteur est d’autant plus cinglant. C’est qu’on n’arrive pas à plaindre cette pauvre femme corsetée dans son éducation, son milieu, son époque. D’ailleurs, elle ne semble pas particulièrement s’en plaindre. Une pépite, un gros coup de cœur. Hâte de lire le portrait de Mr Bridge qu’on soupçonne de ne pas être si lisse que ça.
Pendant de Mrs Bridge, publié 10 ans plus tôt, ce roman paru en 1969 décrit la vie de Mr. Bridge, avocat à Kansas City à la fin des années 30.
On découvre la vie vue par cet homme austère, ses relations (froides) avec son épouse, son fils et ses filles - en s'étonnant de l'attrait que leurs corps juvéniles exercent sur lui ...
Ce roman décrit une vie tournée vers le travail, les convenances, les placements financiers sans risques.
Une vie de labeur, sans véritables loisirs, une vie d'obligations sans le moindre brin de bonheur, ni de joie comme il l'explique dans la dernière page ...
Une plongée dans l'Amérique préservée des années 30, où la crise n'a pas frappé partout ....
Si Mrs Bridge m’avait parfois agacée dans sa passivité et son obsession des convenances, Mr Bridge me paraît être un personnage plus complexe.
Voilà un homme qui a des opinions tranchées et des avis bien précis. Qu’il puisse avoir tort ne semble même pas être une option pour lui.
Il est parfois touchant dans ses rapports avec ses enfants ou avec sa femme mais il est le plus souvent tyrannique, imposant ses vues sans laisser prise à la discussion et plein de préjugés ce qui l’amène à être ridicule assez régulièrement.
On en vient à regarder Mrs Bridge avec un autre œil, elle qui a dû supporter l’arrogance et l’autoritarisme de son mari durant toutes ces années. Ce couple ne semble être ni heureux ni malheureux, dans une sorte de rapport tiède où personne ne se parle vraiment et où le temps passe sans heurts mais sans grandes joies non plus.
Evan S. Connell réussi le tour de force de nous donner envie d’aller au bout de ses romans, alors même qu’il ne s’y passe rien de notable. Mais l’écriture par petits chapitres concis donne un rythme particulier à la lecture, l’humour est souvent présent et l’auteur distille des allusions à l’époque qui permettent de situer les événements dans un contexte plus global.
L’erreur, selon moi, est toutefois de juger ce couple selon les critères de notre 21ème siècle. Ces deux romans reflètent certainement une image assez conforme de ce que pouvait être un couple un peu bourgeois dans les années 30 aux États-Unis.
Au final ce dyptique passe au scanner la vie de ce couple à l’apparence si normal avec ses trois enfants, sa maison, ses amis très comme il faut et montre un revers pas si lisse dans une époque charnière de l’histoire (les années 30 et l’arrivée de la seconde guerre mondiale).
L’œuvre de Evan S. Connell est en tous les cas totalement atypique et à découvrir !
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