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Paru en Avril 2018, j’étais passé complètement à côté de ce roman.
Sélectionné cette année pour le Prix Violeta Negra Occitanie de Toulouse Polars du Sud, l’auteur faisant partie de la liste des invités au festival, j’ai donc rattrapé ce malheureux retard.
Bien qu’étant le quatrième roman dans la série de l’inspecteur Lascano, cet opus est en réalité le prequel de la série. Une chance pour ceux qui ne connaissent pas encore les écrits d’Ernesto Mallo.
En 200 pages, l’auteur nous offre un roman riche, à multiples facettes.
Il y a tout d’abord l’aspect polar avec une enquête sur un suicide confiée à Lascano dont le lecteur a conscience, dès le départ, que ça n’en est pas un et que cette enquête aura des ramifications historiques.
Cette trame policière ne sera finalement pas le point focal de ce roman.
Ici, l’auteur s’attache aussi à mettre en place son personnage principal, Lascano, alors jeune policier, intègre et obéissant. Quand il va rencontrer Marisa au cours de son enquête, un amour va naître entre eux et va prendre une plus grande place dans cette histoire. Ils sont jeunes, beaux et encore inconscients de la réalité et du contexte historique dans lequel ils vont être happés.
Nous sommes dans les années 1970. L’Argentine est en pleine Guerre Sale, l’Alliance Anticommuniste Argentine (Triple A) et ses escadrons de la mort assassine sans relâche les communistes et autres gauchistes. Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, l’Argentine est devenue le refuge d’anciens nazis, parmi eux les plus morbidement connus, anciens dirigeants de camps de la mort.
Au travers de ce roman, c’est de cela qu’Ernesto Mallo souhaite nous parler, de ce passé de l’Argentine, de ces médiocres.
Ceux-ci sont des personnes médiocres, sans éclat, sans aucun talent, soumis, et qu’on n’a eu aucun mal à convaincre. Ils étaient les crève-la-dalle de l’après 14-18, ceux-là même qui se nourrissaient dans les poubelles, et dont la privation de nourriture leur avait ôté toute morale. Ces hommes qui en étaient arrivés à considérer d’autres êtres humains comme un aliment envisageable. Et, une fois qu’ils ont été plongés au plus profond de leur misère, est apparu un dément venu leur annoncer qu’ils étaient la race supérieure. Et ils l’ont cru. Et il a montré du doigt les responsables de tous leurs maux. Et ils l’ont cru. Et on leur a donné des uniformes clinquants, et des grosses bottes, des ceinturons austères et des symboles qui faisaient froid dans le dos, pour que tous les craignent. Et ils les ont portés. Et on leur a donné des défilés, des étendards et des drapeaux. Et on a mis dans leurs mains des triques, des pistolets, des fusils et des mitrailleuses. Et on leur a demandé d’être rapides, efficaces et cruels. Et ils l’ont été. Et on les a invités au banquet, à prendre part à la fête, aux mises en scène monumentales où le leader convainquait les foules que le monde était à eux et qu’ils n’avaient plus qu’à se servir.
Et, avec ces médiocres, Ernesto Mallo nous livre également une image de Buenos Aires bien loin des cartes postales. Une ville où règnent corruption, meurtres, enlèvements, corruption et terreur.
Au fur et à mesure de l’enquête, les personnages et le lecteur plongent dans cette ville et cette atmosphère.
On pourrait citer des passages par dizaines de ce roman tant l’écriture est incisive et précise. L’auteur trouve les mots qui décrivent avec précision lieux et événements, sans s’éparpiller en descriptions aussi longues que parfois inutiles.
Aucune baisse de régime dans ce texte passionnant qui se lit d’une traite et qu’on regrette de devoir terminer. De quoi donner une furieuse envie de lire en urgence les trois autres romans de la série :
- L’aiguille dans la botte de foin (Rivages poche 2009)
- Un voyou argentin (Rivages poche 2012)
- Les hommes t’ont fait du mal (Rivages poche 2014)
http://www.evadez-moi.com/archives/2019/07/27/37525092.html
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