"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ardéchoise de souche et ayant participé plus d’une dizaine de fois avec mon mari à cette fantastique cyclosportive qu’est L’Ardéchoise, je ne pouvais qu’être attirée par ce livre qui raconte l’histoire, l’aventure et la fabuleuse ascension d’une épreuve cyclo unique en son genre.
Le fondateur Gérard Mistler et le journaliste Dominique Fouraison, pour fêter les 30 ans de cette épreuve cycliste créée en 1992 et devenue légende pour les cyclotouristes, nous font partager cette épopée mêlant anecdotes, témoignages et nombreuses photos.
Gérard Mistler, ce fou pédalant, ce professeur « maître des cols » comme il peut être surnommé, père fondateur de l’épreuve lui a insufflé sa philosophie particulière en offrant la même considération à un cyclotouriste, un cyclosportif ou un champion professionnel, en créant de nombreuses catégories d’âge pour ceux souhaitant être classés, en proposant au départ quatre parcours où chacun bifurquera suivant son bon plaisir et son degré de forme, en choyant particulièrement les féminines et en attribuant les récompenses au terme d’une tombola, plutôt qu’aux vainqueurs, donnant ainsi sa chance à chaque participant et préservant l’aspect convivial.
Pour le lancement de cette manifestation, ce sera Bernard Vallet, meilleur grimpeur du Tour de France 1982, ce grand champion drômois et voisin, le parrain !
Cette première édition disputée sous la neige et la pluie aurait pu se transformer en fiasco. Tout au contraire, son aspect héroïque pour les plus courageux qui ont rallié l’arrivée va en écrire la légende. Et surtout, le sens de l’hospitalité et de l’accueil des villageois qui se sont dévoués pour venir en aide et réconforter les cyclos en peine et en souffrance lui a donné une âme.
Dominique Fouraison, chef du service des sports Drôme-Ardèche au Dauphiné-Libéré pendant 25 ans a été l’un des premiers à saisir toute l’importance de L’Ardéchoise. En grand cycliste qu’il est, il participera d’ailleurs à sa première édition placée sous une météo exécrable.
Avec une plume délicate, souvent poétique et non dénuée d’humour, il montre comment L’Ardéchoise de Gérard Mistler est devenue l’épreuve cycliste de masse la plus importante au monde avant la terrible épreuve de la pandémie et tente de répondre à la question de savoir si elle saura relever la tête maintenant qu’une nouvelle équipe dirigeante est aux manettes.
Pour y avoir assisté en juin 2022 en tant que supportrice de mon fils engagé sur le circuit « L’Ardéchoise Vélo Marathon » avec ses 16 cols, ses 5370 m de dénivelé sur 278 kms de parcours, je peux avancer que la nouvelle équipe est en voie d’y parvenir.
Il est impossible de parler de L’Ardéchoise sans évoquer Robert Marchand, cet emblématique cycliste devenu une célébrité à plus de cent ans. Cet « Agecanonix » des cyclos est détenteur de plusieurs records du monde dans l’heure des plus de cent ans, son dernier à 105 ans à plus de 22 kilomètres dans l’heure devant une centaine de chaînes de télévision et plus de 2000 supporters, et tout ça sous le maillot de L’Ardéchoise. Le jour de ses 107 ans, en Ardèche, il parcourra encore 20 kilomètres entre Privas et Le Pouzin sur une voie douce ! De quoi inspirer de nombreux seniors à ne pas renoncer face à la vieillesse.
Cette manifestation sportive est devenue une référence majeure et incontournable. Emblématique de l’Ardèche, elle révèle un décor grandiose du nord au sud du département où la nature est reine. Visionnaire, son père-fondateur Gérard Mistler a su, chaque année, la faire évoluer, créant d’innombrables parcours sur un, deux, trois ou quatre jours, suscitant l’enthousiasme de tout un pays.
Hiver 1998, pour ses cinquante ans, cet homme de défi s’était lancé le pari de rallier son village natal de Fréland à son fief ardéchois de Saint-Félicien, soit 603 kilomètres en moins de 24 heures.
Pari réussi en couvrant la distance en 21 heures et 15 minutes soit une moyenne horaire de 27 kilomètres/heure !
Pour avoir pédalé à ses côtés lors des dernières dizaines de kilomètres et pour l’avoir côtoyé à plusieurs reprises, je ne peux que confirmer, son extraordinaire vitalité, son immense courage, des capacités hors-normes, un dynamisme et une force de persuasion impressionnantes et surtout un fabuleux amour du vélo.
Cette épopée de trente années fécondes contée par la plume trépidante de Dominique Fouraison, grand ami de Gérard Mistler devrait donner envie à tous ceux qui ne connaissent pas encore L’Ardéchoise, hommage vibrant et flamboyant au monde rural, de venir la découvrir.
Une ambiance de folie les y attend !
Chronique illustrée à retrouver sur https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2023/05/la-fabuleuse-ascension-de-l-ardechoise.html
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