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Dina est américaine maintenant mais elle est née en Iran ; sa mère s'est enfuie avec son frère et elle lorsqu'elle avait 8 ans.
Elle a de merveilleux souvenirs de son enfance ; les odeurs, les saveurs, les couleurs, les mains de sa grand-mère.
Elle a 40 ans aujourd'hui ; elle revient sur son exil et mêle ses propres souvenirs à d'autres histoires d'exilés.
Ce n'est pas une autobiographie mais une réflexion sur ce qui peut pousser un homme, une femme, des enfants à devoir fuir leur pays, affronter le déracinement, la faim, le mépris, la précarité et les préjugés.
Elle aborde également ce qu'une personne doit accepter d'abnégation, de compromission, de négation de sa personnalité et de sa culture, des efforts démesurés qu'elle doit déployer pour se faire accepter, ne pas se faire remarquer surtout, s'intégrer...
La Hollande n'est pas épargnée.
Elle analyse aussi sans compromis comment un réfugié qui a trouvé sa place peut s'ériger en juge envers les nouveaux arrivants.
L'écriture est dense ; on n'a pas le temps de souffler.
Il y a de la pudeur, de la sincérité, des doutes dans ces réflexions.
Le lecteur ne peut que réfléchir, remettre en questions ses certitudes, peser ses mots et faire preuve d'humilité en refermant "Faiseur d'histoires".
Faiseurs d'histoires est un récit de vie, celle de Dina Nayeri. C'est une enfant lorsqu'elle doit fuir l'Iran. Après un long périple, elle arrive avec sa famille aux États-Unis où ils obtiennent l'asile. Mais c'est aussi le récit de vie de tous les autres, les sans-papiers, les déracinés.
Alternance de chapitres autobiographiques et de chapitres écris comme des témoignages. Il ne s'agit pas d'un roman à proprement parler, mais plus d'un document témoignant de la vie de ses réfugiés d'Iran et du Moyen-Orient, leur exile, leur fuite, les camps d'accueil, leur ressenti, leur vécu et les différentes étapes de leur parcours.
Ce récit amène à réfléchir sur le vécu de ses personnes, leurs besoins, leurs souffrances et ce que nous, occidentaux, leur proposons. Le gouffre qui existe entre ce que l'on croit bien faire et le ressenti de chacun
Pourquoi certains réfugiés s'en sortent mieux que d'autres ? Leur histoire est la même : fuir son pays sous la menace de mort. Certaines histoires paraissent plus crédibles que d'autres. La subjectivité des responsables entre en jeux. C'est sordide, chacun n'aura pas la même "chance" d'obtenir l'asile.
J'ai eu quelques difficultés à entrer dans l'histoire. Je ne sais pas si c'est l'écriture ou la façon d'amener les témoignages, mais j'ai trouvé ma lecture laborieuse. Je suis restée extérieur au récit. J'ai aimé découvrir et apprendre sur la vie des réfugiés, des sans-papiers, mais la froideur de l'écriture m'a laissé de marbre émotionnellement bien souvent. Et puis passées les 100 premières pages, je me suis laissée emporter.
À noter beaucoup de répétitions et une construction de récit pas toujours simple à suivre.
Une lecture très riche et complexe qui amène à réfléchir sur notre place et celle des autres dans notre société, sur notre histoire et notre construction. Mensonges ou réalité, que faire pour être cru et accepté ?
"Nous avions créé la grande histoire de notre vie ; ensuite, il y aurait l'attente, le camp, où nous la raconterions. Puis la bataille pour obtenir l'asile, où nous l'affinerions. Puis l'assimilation dans nos nouvelles vies, où nous la mettrons en scène pour le plaisir des natifs. Enfin, sur nos vieux jours peut-être, nous y reviendrions, la regarderions en face sans trépidation : un rapatriement."
"Un réfugié est la créature la plus méprisable de toutes, sans pays, sans abris, sans contrôle sur sa propre alimentation, son éducation, sa santé."
"Chaque histoire vraie a ses étrangetés, des choses qui ne peuvent arriver qu'à cette personne là, à ce moment-là."
C'est un livre qui m'a pris plus de temps à lire que d'autres, tellement il est riche.
C'est l'histoire de Dina Nayeri, son périple de l'Iran aux États-Unis quand elle était enfant, ses combats, ses désillusions, ses craintes, ses joies... On suit toute son histoire, et cela nous en dit plus sur le parcours du combattant que les réfugiés doivent affronter pour obtenir le droit d'asile. Quand on quitte son pays, tout devient plus compliqué.
Et c'est également les histoires d'autres réfugiés, que l'auteure voulait intégrer à son récit, qui est en fait une quête, une réflexion sur elle-même, sur ce qu'elle a vécu, et sur ce qu'elle vit encore aujourd'hui. Car, vivre dans un autre pays, sans l'avoir réellement choisi, ce n'est pas chose aisée, et ça vous poursuit. Le parcours du combattant ne s'arrête pas lorsque vous êtes "accepté" sur le territoire de votre demande d'asile. Et accepté de quelle manière ?
Je vous conseille la lecture de ce livre, qui dévoile une réalité, dont on ne parle pas assez. Les médias abordent le sujet des migrants bien sûr, mais pas de cette manière, pas de façon aussi personnelle, et c'est là tout l'intérêt de cet ouvrage, pleinement humain.
Comme je l'ai pu le lire sur d'autres chroniques, c'est une lecture actuelle, qui nous amène à réfléchir, à nous questionner.
Et d'ailleurs, posons nous un instant. Faisons preuve d'empathie et d'honnêteté. Que ferions-nous si l'on nous menaçait de mort dans notre pays ? Si la guerre était à nos portes ?
On ne choisit pas de devenir réfugié, c'est une question de survie.
Nous suivons le récit d’exil de l’auteur qui est entrecoupé de ceux d’autres personnes demandant l’asile et dont elle a collecté l’histoire.
Une narration à deux niveaux qui n’est pas tout le temps aisée à suivre et qui est parfois confuse avec des répétitions.
Les témoignages recueillis par l’auteur et retranscrits avec une certaine sincérité sont passionnants. Ils permettent de mieux saisir les épreuves traversées par les personnes abandonnant leur vie derrière eux pour un inconnu qui est souvent idéalisé.
Le récit de l’auteur, originaire d’Iran, est aussi intéressant.
L’autre attrait de l’ouvrage enfin l’imbrication des interrogations de l’auteur en tant qu’écrivain et les récits des réfugiés devant recréer un récit mêlant réalité et fiction pour convaincre les administrations de les laisser accéder à une nouvelle vie.
En dehors de ces éléments, le point de vue de l’auteur sur l’intégration est américain, ce qui n’est pas étonnant comme il s’agit de son pays d’accueil et je ne partage pas son avis. En outre les propos tenus sur la question de la dignité des réfugiés, qui sont tout à fait compréhensibles, sont parfois très manichéens. Il y a un procès d’intention formulé à l’encontre des natifs qui a priori ne se comporteront jamais comme ils devraient le faire.
Elle semble oublier qu’être déraciné ne signifie pas seulement le fait de quitter son pays et que la bienveillance ne peut pas toujours être balayée d’un revers de main.
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