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Ils sont rares les romans qui, en quelques pages seulement, vous convainquent que vous allez les aimer follement. C’est pourtant ainsi que se termine mon année 2023: sur un coup de foudre.
« Du même sang » a le souffle des grands romans américains qui s’attaquent à l’histoire et aux blessures qu’elle a laissées, profondément ancrées dans la chair.
Il est ici question du sang qui nous unit, nous réunit, nous sépare, nous blesse, nous tue, nous renforce.
Nous suivons les destins liés de trois femmes noires qui, des années 60 aux années 2000, tentent de survivre, d’être aimées et par-dessus tout d’être libres.
Construit en trois parties, le roman débute avec Grace, douze ans, heureuse malgré la misère auprès de sa mère et de sa grand-mère Maw Maw, l’accoucheuse du village. Le jour où sa mère meurt sous les coups de son compagnon et sa grand-mère est envoyée en prison, elle n’a d’autre choix que de fuir…
Transmission, racisme, maternité et émancipation sont les grands thèmes qui tissent la trame de cette fresque pleine de souffle. D’une fille-mère à l’abandon, de l’infertilité à l’adoption… La question de la filiation traverse chaque ligne de ce roman avec force.
Il m’a fallu relire plusieurs fois les dates des chapitres pour m’assurer que l’on parlait bien des années 70 tant la violence de la Ségrégation fait encore si mal.
Ce livre est un cri de femme qui ne peut que résonner en chacune de nous. Car qu’il soit blanc ou noir, c’est encore et toujours l’homme qui violente et écrase la vie de ces femmes.
J’en suis sortie révoltée et curieusement renforcée, pleine d’espoir, plus consciente que jamais de la puissance que l’on a en chacune de nous.
Bravo à l’autrice pour avoir réussi à me faire vibrer durant ces 600 pages d’une folle intensité émotionnelle.
Ce roman foisonnant nous raconte, en trois parties, le destin de trois femmes noires liées entre elles, même si elles ne le savent pas forcément, sur fond de ségrégation, des crimes abominables du Ku Klux Klan et de la lutte pour les droits civiques :
* Grace, qui se retrouve orpheline après que sa mère a été battue à mort et sa grand-mère emprisonnée. Elle est recueillie par sa grand-tante qui la traite en esclave. le jour où elle tombe enceinte à 16 ans , celle-ci lui arrache le bébé qui sera donné à l'adoption et la chasse de chez elle.
* Delores, dite LoLo, s'est également retrouvée orpheline de mère morte en couches, son père ne s'en est pas préoccupé, elle s'est retrouvée chez un cousin qui la violait. Enceinte à 16 ans, la femme de son cousin l'a fait avorter et stériliser à son insu. Ce sera le drame de sa vie dont elle ne se remettra jamais même si elle a adopté, avec son mari, Tommy, deux enfants dont Rae.
* Rae découvre, à 12 ans, qu'elle a été adoptée mais n'en parle pas à ses parents et ne cherche pas à savoir qui était sa mère biologique. Elle devient une productrice d'émissions de musique à la télé américaine, se marie, a une petite fille.
Ces trois femmes, chacune à sa façon, sont en quête de liberté face au racisme de la société américaine mais aussi face aux hommes de leur communauté qui , au mieux, cherchent une épouse dévouée, aux petits soins et une mère ou, au pire, considèrent les femmes noires comme un morceau de viande qui peut donner du plaisir à condition de le prendre, qui violent, battent, abandonnent. LoLo est le symbole de la femme noire qui a essayé de se conformer au rôle que la société américaine et la communauté noire lui assignaient et elle a failli en mourir. Sa fille, elle, bien qu'indépendante financièrement, a reproduit inconsciemment ce schéma transmis par sa mère. Toutes deux trouvent le chemin vers la liberté de choisir leur vie, loin de leur mari. Longtemps, les femmes noires ont intériorisé l'idée que leur survie dépendait uniquement des hommes.
Les hommes noirs, quant à eux, ne sont absolument pas à leur avantage dans ce roman, même le père adoptif de Rae, qui aime sa femme et ses enfants et a fait en sorte qu'ils soient à l'abri du besoin. LoLo apprendra sa terrible trahison peu de temps avant qu'il meure.
Les personnes chères décédées sont très présentes dans ce livre, comme une présence tutélaire, protectrice, aimante, qu'on appelle lorsqu'on est perdu, lorsqu'on ne trouve plus la force en soi. Grace et Rae ont le don de les convoquer et de les voir.
L'auteure a découvert qu'elle était elle-même une enfant adoptée et a fait le même choix que la Rae du roman; mais ce roman n'est pas autobiographique; il aborde les thématiques de la maternité biologique ou pas, du lien mère-fille, de la transmission de comportement acquis par des générations de femmes.
Ces portraits de femmes qui souffrent, qui se battent, qui protègent du mieux qu'elles peuvent leurs enfants et en particulier leurs filles, sont magnifiques et nous font ressentir, mieux qu'un reportage ou un article de presse, ce qu'a été et est encore le destin des femmes noires aux États-Unis.
#Dumemesang #NetGalleyFrance
Ce vibrant roman est une épopée intime explorant le lien entre trois femmes afro-américaines qui doivent faire face aux forces, grandes ou petites, qui veulent les priver de leur liberté, dignité ou estime de soi : Grace, une mère biologique à qui on enlève son bébé dès son accouchement ; Delores, la mère adoptive qui élève cet enfant ; Rae, la femme que devient cette enfant adoptée, elle-même devenant mère.
Dès les premières pages, on sent à quel point Denene Millner est engagée dans cette histoire multigénérationnelle qu'elle choisit de raconter en trois livres successifs, un par femme, se déployant de 1964 à 2005. On sent qu'elle a écrit avec ses tripes pour que ses trois personnages principaux, et tous ceux qui gravitent autour d'eux, existent au point de sortir des pages.
Le plus touchant est celui de Grace dont le drame, même lorsqu'elle a disparu des pages, reste en mémoire, comme une empreinte voilée. Mais celui qui m'a le plus marquée est celui de Delores, la survivante, magnifique personnage à haute complexité. C'est celle à qui l'autrice offre le plus d'évolution dans le regard que le lecteur porte sur elle, tour à tour hargneuse, violente, maladroite et aimante, tellement cadenassée dans ses traumatismes originels qu'elle ne sait comment montrer son amour à ses enfants adoptés et chéris.
J'adore ce passage où elle est submergée par des souvenirs de sa mère, alors qu'elle nourrit Rae avec de l'oeuf au bout de ses doigts :
« Ce simple geste d'amour la reliait non seulement à cette petite fille qui était maintenant sienne, mais aussi à sa propre mère qui, elle s'en souvenait, la nourrissait de la même manière. C'était un des seuls souvenirs qu'elle gardait d'elle. de temps en temps, quand elle se laissait aller à materner ses enfants sans retenue et qu'elle avait le courage d'endurer la douleur du souvenir – c'est-à-dire pas très souvent -, elle s'asseyait, fermait les yeux très fort et s'efforçait de se rappeler ses traits, mais même en se concentrant à fond, jusqu'à en faire surgir les larmes, elle ne voyait pas ses yeux, ni ses pommettes, son sourire, ses cheveux. Rien que ses doigts, longs, agiles, calleux, qui plongeaient dans les oeufs et se tendaient vers sa bouche. Cette tendresse-là, elle ne l'avait plus jamais connue après la mort de sa maman. C'était la tendresse la plus sincère qu'elle puisse transmettre à cette petite. »
J'ai moins accroché avec le personnage de Rae, plus déjà lu, vulnérable car submergée par des émotions qu'elle ne parvient à contrôler depuis qu'elle a découvert, sanas le dire, qu'elle avait été adoptée, mais qui va grandir en devenant mère et ainsi faire bouger les lignes.
Evidemment, le roman est ancré dans l'expérience spécifique des femmes noires américaines ; il y est question du racisme, de la période immédiate post-ségrégration, de la conquête des droits civiques ou de la grande migration du Sud vers New-York. Mais il est surtout traversé par des questions universelles : que faut-il faire pour sauver sa vie lorsqu'on est une femme et qu'on évolue dans une société patriarcale qui vous est défavorable ? comment doit-on se battre pour vivre la vie que l'on mérite ? comment être la mère que l'on a choisi d'être et devenir la femme qu'on a rêvé de devenir ? Denene Millner explore ainsi toutes les facettes de la maternité et de la féminité, avec une empathie et une justesse frappantes.
La conduite narrative est admirable, les trois récits se faisant écho, permettant aux nombreuses strates de secrets de disparaitre après un défilé de chagrin, deuil, renoncement, subterfuges. le titre est particulièrement bien choisi tant la question du « sang » innerve les chapitres et questionne : le sang des règles, le sang de l'accouchement, le sang de la transmission et de la filiation, le sang des blessures. Tout cela aurait pu faire un gros bloc de 600 pages pathos à fond. C'est très mélo certes, mais subtil, jusqu'aux très beaux derniers chapitres emplis de couleurs, de lumière et de grâce.
Ce roman nous raconte l'histoire de trois générations de femmes noires, liées sans le savoir par le même sang. Trois femmes qui rêvent simplement d'avoir un homme qui ne les batte pas, qui les nourrisse elles et les enfants et qui ne fasse pas de gosses à d'autres femmes.
Le roman se découpe en trois livres chacun étant dédié à une de ces femmes. le premier m'a passionné, il est consacré à Grace une petite fille qui a appris de sa grand-mère comment aider une nouvelle vie à venir au monde. Les deux suivants, sur Dolorès et Rae, sont tout aussi émouvants, même s'ils souffrent de quelques longueurs.
Une plongée dans l'Amérique profonde de 1965 à 2004, nous partageons la vie de la communauté noire et Denene Millner sait parfaitement décrire les relations homme femme, le machisme, le racisme quotidien, les violences sexuelles et les ressentis de ces épouses bafouées. Chacune de ses femmes ne peut que nous toucher. Un roman féministe, une ode à la liberté.
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