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Voilà un livre qui m’intéressait à plus d’un titre. D’abord en tant que fervente amatrice de correspondances en tout genre, fictive ou non. Ensuite parce que ce livre est issu d’un projet théâtral, David Geselson s’étant improvisé écrivain public pour porter sur la scène la parole d’autres. J’aime cette idée que la vie puisse devenir objet de théâtre. Enfin, l’origine première du projet est liée au si beau texte d’André Gorz, Lettre à D.
L’auteur David Geselson s’est installé dans les théâtres d’ici et d’ailleurs avec l’idée de proposer à celles et ceux qui le souhaitent de rédiger la lettre qu’elles·ils n’ont jamais osé écrire. Du matériau pour nourrir une série de spectacles puisque ces lettres seront lues par des comédien·nes et mises en scène par David Geselson lui-même, l’homme ayant plus d’une corde à son arc. Les éditions Le Tripode proposent donc, avec ce recueil, une anthologie de cette correspondance pas tout à fait fictive.
Adressées à un·e enfant, un frère, une mère, un père, un ancien amour, une amante ou encore un mari, aux morts comme aux vivants, ces lettres sont emplies de ce qui fait la vie : on passe du sourire au pincement au cœur, parce que l’amour y côtoie la haine, le bonheur le plus tendre y croise les plus profondes blessures. Il y a dans ces lettres des rires, des cris, des baisers, des larmes, des appels désespérés, des soupirs, des bleus à l’âme, des yeux qui brillent, des murmures, des souvenirs, des pertes incommensurables, des coeurs qui battent. Des mots comme un condensé de vie(s) que l’on voudrait, une fois le livre refermé, aller pouvoir entendre sur scène. Pour les sentir vibrer encore, autrement. Et prolonger l’instant car ces lettres agissent comme autant de rencontres intimes, pour certaines marquantes, touchantes, de celles qui laissent en nous une trace.
Une mention particulière pour l’objet-livre dont la belle couverture est signée par l’artiste Bridg’.
Ce livre est avant tout un projet artistique. David Geselson est un comédien et metteur en scène qui devient pour l’occasion écrivain public. Il propose aux spectateurs de rédiger pour eux une lettre qu’ils aimeraient écrire et qu’ils n’ont jamais osé écrire. Si la lettre leur convient, il leur demande ensuite s’il peut la lire sur scène le soir même avec d’autres lettres faisant partie de son spectacle. Les personnes disposent de leur lettre et peuvent décider de l’envoyer ou non. En 4 ans, il a écrit 200 lettres. Tous les noms ont été changés pour garder l’anonymat. Vous trouverez dans ce recueil un choix de 48 lettres, réparties en plusieurs thèmes : enfances, amours, pour finir.
Beaucoup de lettres sont adressées à un père ou une mère à qui on n’a pas osé dire qu’on les aime. Elles touchent à l’intime et en cela sont universelles. Elles forment une sorte de radiographie de notre société. Chacun pourra identifier une lettre qui corresponde à sa propre histoire et le touchera en plein cœur. Les lettres préférées de David Geselson sont :
- la première du livre, Raquel à son enfant à venir (p.15)
- une femme à son mari, Bao (p.55)
- Corinne à Marc, son ancien amour (p.161)
- Alexandre à sa compagne, Magali (p. 169).
La mienne est celle de Denise à son oncle disparu (p.27).
Celle de « Vincent à Caroline, à qui il écrit sur Tinder depuis 2 mois » vous fera assurément sourire. Celle d’ « une femme au délégué du procureur de la République » vous glacera malgré son ton ironique.
David Geselson venait de lire la magnifique Lettre à D. d’André Gorz lorsque ce projet s’est imposé à lui. Il dit que lire des lettres peut ouvrir un imaginaire puissant. Il n’est pas psychanalyste. Dans les paroles des gens il trouve une résonnance et offre de la compassion qui amène une certaine confiance. Les lettre sont écrites dans une certaine urgence.
Dans la rencontre proposée par Varions les éditions en live (VLEEL pour les intimes), il a eu cette phrase magnifique : « ouvrir en soi la possibilité de rencontrer l’autre ». La force de David Geselson est de mettre dans les lettres des mots qui ne sont pas ceux des personnes, mais dont la poétique et la langue leurs correspondent. On ressent ainsi le caractère et le ressenti des personnes.
Pour achever de vous convaincre, ce livre a une magnifique couverture, au titre légèrement embossé. Il s’agit d’une illustration de l’artiste Bridg’, Le Fil noir, faite de lignes dont l’une est interrompue par ce fil. Excellent choix des éditions du Tripode.
David Geselson repartira en tournée cette année, peut-être viendra-t-il dans le théâtre près de chez vous. Et vous, avez-vous une lettre non-écrite que vous aimeriez écrire ?
Tout cela nous rappelle que le théâtre et le monde des arts en général nous manquent <3
Merci à la Maison de la poésie pour ses retransmissions sur Facebook et nous permet notamment de voir ces lettres mises en scène : https://fb.watch/4gpsxMNNNl/
« J’ai la conviction que le théâtre peut combattre l’obscurité, et si on arrive à faire du théâtre une forme de lumière, alors, on peut, peut-être réussir à mieux vivre les uns avec les autres. » David Geselson dans son entretien avec France Culture au mois de janvier dernier. https://www.franceculture.fr/emissions/par-les-temps-qui-courent/par-les-temps-qui-courent-emission-du-vendredi-08-janvier-2021
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