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J’ai rencontré à plusieurs reprises Dalie Farah, et ai été surprise par son enthousiasme, sa joie de vivre et sa façon de s’exprimer. J’ai déjà lu Retrouver Fiona, son dernier roman, dans lequel on peut ressentir toute la rage qu’elle met à combattre l’injustice.
Dans le doigt, l’autrice revient sur une agression qu’elle a subie, une gifle reçue, devant l’établissement où elle enseigne en tant que professeur de français, à Thiers.
De cette altercation, elle ne va pas sortir indemne : cela va la renvoyer à la violence qu’elle a subie, enfant, au sein de sa propre famille.
C’est une autofiction, racontée avec le cœur et les mots d’une professeure agrégée, avec la force d’une ancienne petite fille qui voulait prouver qu’elle peut réussir dans la vie, et toujours ce souci de justice, de reconnaissance.
Elle décrit avec précision une facette de l’Education nationale, celle qu’elle connait et pratique au quotidien, elle raconte les élèves, les adolescents, et la violence des hommes sur les femmes.
Quand on connait l’auteur et qu’on lit son roman, c’est sa voix qu’on entend, c’est son visage qu’on a sous les yeux et c’est sa peine et ses émotions que l’on partage.
Une juste analyse d’un geste qui a été lourd de conséquences, un doigt, un geste qui n’est pas anodin, jamais.
J’ai prévu de lire prochainement Impasse Verlaine.
L'auteure relate l'affaire Fiona, où une fillette de 5 ans disparaît à Clermont-Ferrand.
Sa mère avoue en garde à vue que l'enfant est enterré près d'un lac et accuse son compagnon de l'avoir frappée. Le corps ne sera jamais retrouvé.
Fascinée par cette tragédie, l'auteure explore pendant neuf ans les racines de la violence et les aspects de la maternité à travers cette affaire.
Dans ce texte, elle plonge dans l'intime, évoquant sa propre enfance violente, tout en abordant des questions profondes sur la violence et le traumatisme.
Ce roman offre un regard sensible et clairvoyant sur l'histoire de Fiona, mais également sur les réflexions plus larges sur la violence, la maternité et les blessures de l'enfance maltraitée.
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Je me suis intéressée à ce livre dans le but de comprendre « l’incompréhensible » affaire Fiona, du nom de la fillette âgée de 5 ans disparue en mai 2013 à Clermont-Ferrand et dont le dénouement affreusement improbable a bouleversé la France entière. Faussement enlevée, Fiona est morte sous les coups de sa mère, Cécile Bourgeon et de son beau-père Berkane Makhlouf, qui ont ensuite orchestré l’abandon du corps qui n’a jamais été retrouvé et la comédie de la famille éplorée devant les journalistes et la justice.
Dalie Farah est clermontoise, elle a été touchée de près par cette affaire car d’une part elle vivait à quelques pas du parc Monjuzet, endroit où la petite fille a soi-disant disparue au cours d’une sortie avec sa mère, et d’autre part car elle a également été victime de violences parentales lorsqu’elle était enfant. Sa quête obsessionnelle de comprendre le mécanisme de la violence envers les enfants l’incite à mener « une enquête littéraire » sur l’affaire durant neuf ans avant d’écrire ce livre. Dès le départ, elle a assisté aux recherches comme nombre de voisins qui refusent l’inacceptable. Elle a ensuite suivi l’affaire de près et assiste aux multiples procès jusqu’à la condamnation en 2020 à 20 et 18 ans de prison pour Cécile Bourgeon et son compagnon.
Mon avis est mitigé sur ce livre. Bien évidemment dans les faits racontés, j’ai été touchée, bouleversée au souvenir de cette affaire qui à l’époque m’avait déjà considérablement choquée, ayant moi-même une enfant du même âge que Fiona à la même période, mon incompréhension était totale face à cette mère (enceinte) qui joue devant les caméras à un jeu sordide et ce durant quatre mois et 1/2. J’ai donc apprécié trouver des mots, un ressenti sur cette affaire, autre que les articles de journaux. Dalie Farah analyse l’affaire de son propre point de vue, en apportant son propre rapport à l’évênement, qui comme un jeu de miroir lui évoque son enfance violentée. L’introspection est profonde, douloureuse tout en restant froide, détachée. On sent l’autrice emplie de haine, de colère par rapport à son propre vécu. On la sent consternée par l’inaction, l’inefficacité du gouvernement, des services sociaux, de l’éducation nationale, des médecins (un médecin consulté par C.Bourgeon a fait un certificat d’absence scolaire de 21 jours pour Fiona sans avoir vu l’enfant!!). Consternée, comment peut-il en être autrement ? A travers ses mots, on parvient à comprendre que cette quête soit devenue obsessionnelle. Les réflexions sur les violences faites aux enfants sont terriblement pertinentes, claquantes. Quelle place donne t-on aux enfants, qui sont pourtant nos adultes de demain dans notre société? Certains reprocheront à l’auteure de vouloir faire de l’argent sur un fait divers, (c’est toujours le cas à propos de qui ose écrire sur un fait divers), mais à tort à mon avis, car écrire sur Fiona c’est d’abord refuser de l’oublier, refuser la banalisation de la violence et éveiller (ou plutôt secouer) les consciences car comme le prouvent les aveux tardifs de la mère, Fiona était régulièrement frappée : n’y a t-il jamais eu aucun témoin ? N’aurait-on pas pu tirer la sonnette d’alarme avant que le pire ne soit commis?
Le point négatif en ce qui me concerne est lié au style épuré, haché que j’ai eu peine à suivre. J’ai souvent eu l’impression de me perdre dans un fouillis de faits, de ressentis, d’allers et retours à différentes époques. Je m’attendais à un récit construit mais il tient plus du monologue incessant, épuisant parfois. Le livre est relativement court, ce qui m’a permis d’aller au bout de ce témoignage pour lequel l’adjectif « littéraire » ne convient pas. Mais ce n’est que mon humble avis !
Je remercie les Editions Grasset via Netgalley pour cette lecture.
Des phrases courtes, percutantes, comme autant de coups de poing. Ceux qui ont martelé le petit corps de la narratrice.
C'est dans un récit haletant que Dalie Farah livre son histoire et celle des femmes de sa famille. Haletant, non pas parce qu'il s'agit d'un thriller. Haletant parce que les segments se lisent dans un souffle. Souffle coupé par la violence omniprésente dans ces lignes.
Violence historique de la présence coloniale en Algérie qui tue les pères aimés, laissant avec les mères abusives. Coups de fouet, coups de manche à balai, coups de savate, coups de pieds, coups de poings. Un cou qu'on essore comme une serpillère. Et des bleus, et des marques, qui traversent les générations.
La narratrice ouvre le roman sur sa mère. Lignes de vie entrelacées avec celles de sa propre mère. Une violence qui coule à flots et qui abreuve chaque femme.
Pourtant, quand on écoute Dalie, quand on la lit, on entend le sourire dans ses maux. L'humour noir bleuté est partout présent. L'amour aussi, même mal dit, mal exprimé, mal compris.
Parce que malgré la violence, il faut bien vivre.
"On peut survivre à tout, quand on survit à sa mère."
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