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Un excellent moment de lecture malgré la noirceur omniprésente!Les précurseurs des médecins légistes enquêtent à Lyon ,1898;se joint à eux une journaliste qui brave la société masculine et bien-pensante!Addictif,très documenté historiquement comme scientifiquement,un livre passionnant malgré les haut-le-coeurs!
"Dans sa mémoire, les époques, les souvenirs et les personnes se mélangeaient dans une triste danse macabre."
Cave voûtée.
Table froide.
Lumière vacillante.
Voix lointaine.
Douleur horrible.
Lâcher prise.
Les suppliciées du Rhône est le premier roman de cette autrice, couronné par le prix du roman Kobo By FNAC-Préludes-Le Point.
Un bon roman policier historique.
Les débuts de l'anthropologie criminelle.
Découverte pour moi de cette autrice et un gros coup de coeur de lecture.
A la fin du XIXème siècle à Lyon, sont retrouvés plusieurs cadavres de jeunes femmes. Elles présentent toutes les mêmes caractéristiques : on leur a ouvert puis recousu le ventre comme pour pratiquer une césarienne. Leurs corps ne contiennent plus une seule goutte de sang.
Le célèbre professeur Alexandre Lacassagne, ardent défenseur des nouvelles technologies de l’époque qui n’ont pas encore le terme de médico-légales, confie les autopsies à deux de ses plus brillants étudiants. Les deux jeunes médecins doivent également rédiger un profil psychologique du ou des assassins.
Ils seront aidés dans leur tâche par une jeune journaliste. Il apparaît très vite que toutes ces jeunes femmes ont subi un avortement.
Leur enquête nous emmène dans le Lyon de l’époque, de la Croix Rousse aux beaux quartiers. Les prémisses de la médecine légale sont intéressants à découvrir.
Et l’enquête policière est surprenante, nous emmenant sur de fausses pistes mais qui semblaient tout à fait plausibles. Jusqu’au dénouement des dernières pages qui est tout à fait inattendu.
Je ne vais pas trop revenir sur le contenu de l’histoire, car c’est tout de même une histoire à suspense, et ce serait dommage de trop en dévoiler et de vous gâcher l’effet qu’a voulu créer l'auteure. Ce second roman commence donc six mois après la fin du premier, en juillet 1898. Félicien Perrier est en fâcheuse posture, mais il peut compter sur son amie Irina pour le sortir de là. Après les terribles meurtres qui ont eu lieu six mois auparavant sur des jeunes femmes, une terrible découverte est faite dans les galeries souterraines sous la Croix-Rousse à Lyon. Un charnier, des corps de jeunes femmes en décomposition, posés sur un autel fait d'os plus anciens. Le professeur Lacassagne va donc demander à Félicien de pratiquer des autopsies sur les cadavres et de rechercher les causes des morts. Du coup, le vieux bateau-morgue va reprendre du service, Félicien et Bernard vont donc chercher à comprendre ce qui est arrivé à ces femmes.
Dans un second temps, on suit Irina. La jeune journaliste s'est mise dans la tête de mener une enquête à l'asile où sont enfermées des femmes sous de faux prétextes. Elle aura alors l’idée de s'y faire enfermer elle-même pour mieux mener l’enquête. Elle ne sait pas dans quoi elle a mis les pieds, et ce qu’elle va y subir dépasse ce qu'elle avait pu imaginer.
Bernard va, de son côté, se lier d’amitié avec un homme qui l’entraînera lui dans des lieux secrets où des hommes veulent refaire la société…et pas toujours sous un bon jour…
Et bien sûr, nous allons retrouver notre cher Félicien, toujours fidèle à lui-même, dans son excentricité, sa façon de vivre un peu déjantée, dans ses excès de tout. Je l’ai déjà dit dans ma première chronique, Félicien me fait penser à Sherlock Holmes, dans ses excès comme dans ses déductions. Et j'adore ça ! Il est parfois désopilant, mais tellement drôle aussi. Il cache derrière son indifférence un grand cœur, il aime son travail, il aime trouver des réponses. Il fait parfois peur avec certains comportements, mais il est toujours loyal et fidèle en amitié. Il a de belles valeurs.
Tous les personnages sont très bien travaillés par l'auteure. Ils représentent très bien la société de cette époque. On a Félicien qui se fiche des convenances, qui fume, qui va dans des maisons closes, Irina qui est une femme qui porte des pantalons et qui a des idées féministes qui choquent pour l'époque. Elle va être rejointe par un nouveau personnage féminin, Marie-Victoire, institutrice, et qui elle aussi défend la liberté des femmes. Et au milieu de tous ces esprits novateurs, on a Bernard, qui est plutôt rétrograde, pour lui, la place de la femme est à la maison, à s'occuper de son foyer, de son mari et de ses enfants. Ce sont quand même les pensées des trois-quarts des gens, ceux qui pensent comme Félicien ou Irina sont peu, et surtout ne le disent pas, même s’ils défendent leurs opinions à travers des journaux ou réunions. Je dois bien avouer que j'ai été étonnée par les pensées de Bernard, je le pensais plus ouvert d'esprit que ça, suite à ma lecture du précédent roman, il m'a souvent énervée…mais je n'en dirai pas plus, à vous de découvrir pourquoi. Je me suis attachée à chacun d'eux. J'ai apprécié que l'auteure développe un peu plus certains, comme par exemple Irina. On va en apprendre plus sur elle, sur son passé et son histoire personnelle. Et je peux vous dire que ce qu'elle a vécu fait froid dans le dos et ce qu'elle vivra lorsqu'elle sera internée n'est pas mieux !! Que de méthodes violentes !! et surtout, ces pauvres femmes étaient internées pour rien, parce qu'elles avaient haussé la voix ou faisaient une crise de nerfs…pour rien quoi….Comment a-t-on pu traiter les femmes de cette façon, je sais bien que c’était y a plus de cent ans, mais quand même… Il y a même un illustre personnage qui va apparaître au début du roman, j’ai beaucoup aimé le trouver là
À côté de ces personnages aux personnalités fortes, il y a bien sûr le contexte de l'histoire. On est, comme dans le premier roman, dans le domaine de la médecine médico-légale, avec les premières empreintes, les premières photographies, le monde est en train de changer partout. Les premières bicyclettes apparaissent, qui font dire aux autres que les gens sont dérangés de se déplacer ainsi, sur des roues. Ça fait sourire, dans l’échelle du temps, ce n'est pas une époque si lointaine, un peu plus de cent ans… Et bien sûr, l'accent est porté sur l’enquête sur ces meurtres de femmes dont les circonstances sont une fois de plus horribles. Les scènes d’autopsie sont toujours aussi bien détaillées, cela les rend très réalistes. Je les ai trouvées un peu moins présentes que dans le premier roman, mais elles font tout de même bien partie du déroulé de l’enquête, qui va avoir un final percutant. Si seulement je pouvais vous en parler ! Plus j’avançais dans les pages, et plus je pensais que Coline Gatel allait nous réserver une surprise comme elle sait le faire, ça me faisait un peu l'effet du calme avant la tempête…et je ne m’étais pas trompé ! C’est le genre d’événements qui fait relever la tête du livre et s'exclamer « oh non, elle n'a pas osé !! » Vous voyez de quoi je parle ? Et bien, c’est ce qu’il m’est arrivé…ah on peut dire que Coline Gatel m'a bien eue…
Et bien sûr, il ne faut pas que j'oublie de parler des lieux qui ont une place très importante dans l'histoire. On est à Lyon, et les ruelles, les traboules, les bouchons, tout y est bien décrit. Les églises aussi, et ce dédale de galeries souterraines sous la Croix-Rousse. L’atmosphère, l’ambiance, tout est bien dépeint, les habits aussi. J'ai été pendant toute ma lecture complètement dépaysée, dans une autre époque, avec d’autres façons de vivre. J’ai beaucoup aimé ce voyage, je me suis régalée.
Tout ceci est sublimé par la plume et le style de Coline Gatel, très fluide, très pointue et précise. On sent derrière l'histoire tout le travail de recherches qu'elle a dû faire en amont pour être aussi précise sur les mots, les expressions, les lieux et les faits historiques. Certains personnages parlent en argot, certains mots ne sont plus usités, ils sont à chaque fois expliqués en bas de page. N'ayez crainte, cela n’alourdit pas du tout la lecture, tout reste très fluide et très compréhensible. Cela donne une touche d’authenticité et transporte encore plus le lecteur dans ce monde. En tout cas, j'ai encore appris plein de choses pendant cette lecture sur des faits de société, et j'adore quand mes lectures ont ce double pouvoir de m’instruire tout en divertissant. J'ai trouvé les scènes tellement réalistes, que je verrais bien ce roman adapté en série ou film télévisé. Il y a matière à faire quelque chose de très bien et très addictif, digne de certaines séries sur Nerflix
Ce roman est à la fois un polar très bien mené, un roman historique très bien renseigné et une chronique sociale très bien fournie également. J'ai passé à nouveau un excellent moment avec ce second opus, qui vaut le premier. Vous n’êtes pas obligés d'avoir lu Les suppliciées du Rhône avant de lire celui-ci. C’est mieux quand même, pour mieux cerner les personnages principaux, mais ne pas l'avoir lu ne vous spoilera pas les faits de celui-ci.
Je sais que Coline Gatel est en train d’écrire la suite et qu'un troisième verra donc le jour l’année prochaine. Je ne vous dis pas comme mon impatience est grande et comme j'ai hâte de retrouver ces personnages, cette ambiance. J’étais tellement bien dans ma lecture que j'essayais de la ralentir pour y rester, mais le suspense était trop grand et je voulais savoir…cruel dilemme dans ces moments là…
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