Un premier roman audacieux, à l'écriture âpre et saisissante
Un premier roman audacieux, à l'écriture âpre et saisissante
Claire est une à la vie très rangée mais c’est une « intranquille » (comme ceux à qui le livre est dédié), elle veut plaquer mari et enfant pour revivre la transe qu’elle a ressentie il y a une dizaine d’années devant une toile de Jason Pollock, Américain et pionnier de la peinture expressionniste et abstraite.
Elle imagine une existence de rage, de passion et d’absolu, en accord avec les préceptes du peintre : intransigeance, spontanéité, vigueur, couleur, mouvement, énergie…
« Au sol » est un livre au style haché, scandé, parfois sens dessus-dessous, avec des lignes d’un seul mot et des paragraphes en italique ; d’un côté, le style de l’auteure et la violence de l’artiste sont parfaitement raccords ce qui peut enthousiasmer ou lasser, c’est selon ; de l’autre, cela n’aide pas à entrer en empathie avec l’héroïne (enfin… moi, cela ne m’a pas aidée…).
Au final, c’est par cette écriture en état d’urgence que « Au sol » reste en mémoire, un état de sidération et de folie que rendent si bien les derniers chapitres.
Ce livre voyage dans le cadre des #68premièresfois, merci à l’équipe pour cette belle aventure et ses découvertes enthousiasmantes
Claire est avocate depuis plusieurs années. Elle mène une vie rangée auprès de Julien avec qui elle a eu Paul. Chaque jeudi après-midi, elle prend un train au hasard et fait un aller-retour. Cela l'apaise. Elle achète également après chaque audience un tube de gouache qu'elle range dans un tiroir sans l'utiliser. Ces deux rituels ne sont que les signes avant-coureurs d'un trouble plus grave. Alors que son fils a un devoir de peinture à faire, Claire repense à une œuvre de Jackson Pollock. Le souvenir va se transformer en obsession. Et puis un matin, Claire ne peut plus se lever du lit, épuisée de cette vie sans couleurs.
J'ai eu beaucoup de mal avec le style d'écriture. Les phrases sont hachurées et aux tournures inversées. Au début cela permet de marquer le tourbillon de la vie de Claire et cette dépression qui peu à peu la ronge jusqu'au point de non retour. Mais au bout d'une trentaine de pages, cette particularité stylistique lasse puis agace. Selon moi cela ne met pas en valeur le fond. J'ai eu l'impression de me battre pour comprendre ce que je lisais. Je reconnais que l'autrice apporte un style d'écriture particulier qui lui est propre et qui sort des sentiers battus.
L'histoire est alambiquée et opaque. Il y a des points qui auraient mérité d'être plus approndi notamment le traumatisme vécu par Claire qui pourrait expliquer son besoin de sauvagerie.
Trop de longueurs ressenties alors que les chapitres sont courts. Les situations sont répétitives. J'ai sombré dans l'ennui tandis que Claire elle tombe dans la folie et l'obsession. L'histoire avance à l'allure d'une tortue sous ecstasy. Les pensées de Claire occupent tout le roman et sont écrites telles quelles, sans filtre mais sans réelle analyse. Il m'a ainsi manqué de la consistance. Je suis certainement passée à côté de ce que l'autrice a voulu exprimer. Néanmoins elle a brillamment réussi à créer une ambiance dérangeante et atypique qui mérite d'être reconnue.
À aucun moment je n'ai éprouvé de l'empathie pour Claire qui est complètement perdue et qui dérive vers la folie. J'ai eu beaucoup de mal à la comprendre.
L'autre personnage du roman est Jackson Pollock. Pour les non spécialistes de l'art, dont je suis, j'ai trouvé que c'était un peu ardu de saisir cet artiste car l'autrice ne donne que des bribes de sa biographie. De plue ne le connaissant pas bien, je n'ai pas pu identifier le tableau qui met en transe Claire. Il a fallu attendre que son nom soit donné à la fin. En cherchant sur Internet et en le visualisant j'ai un peu plus compris le gouffre dans lequel tombe Claire.
Au final je me suis forcée à aller jusqu'au bout du roman. Il ne m'a pas convaincu mais il est indéniable qu'il en ressort quelque chose de spécial et d'original qui plaira sans aucun doute à d'autres lecteurs.
Lu dans le cadre de la sélection des 68premièresfois et une drôle d'impression, impression de connaitre l'auteure. Charlotte Milandri puisqu'elle fait partie des fondatrices de cette belle aventure, de découvertes des premiers et seconds romans.
Son premier roman est bouleversant car il parle d'un sujet délicat. Peut on avoir envie un jour de tout "foutre" en l'air ou tenter de ne pas tomber "au sol".
Claire a une vie normale, banale, tout pour être heureuse : une vie professionnelle, un peu stressante, un mari attentionné, un petit garçon, un peu vivant mais comme tout enfant en bas âge ! Mais Claire n'y arrive plus, elle essaie mais la chute est proche. Elle a choisi cette vie ou la subit elle ?
Elle tombe en pamoison devant une œuvre de Pollock et décide d'en savoir plus sur lui. C'est l'occasion pour l'auteure de nous parler de ce peintre, de sa vie, de ses œuvres. J'ai aimé sa façon d'essayer d'entrer en communion avec lui, à travers sa biographie, ses œuvres.
Ce texte est bouleversant avec des pages terribles (description dans une chambre d'hôpital) mais aussi lumineuses (de belles pages sur un tableau de Pollock, balade le long de la plage).
Un premier roman réussi et qui m'a permis de vouloir en savoir plus sur la vie et les œuvres de Pollock. Il m'a aussi interpellé sur "la charge mentale", un terme un peu trop à la mode peut être.
C'est un sensible portrait d'une jeune femme, qui essaie de se comprendre, de s'assumer, de découvrir ce que l'on désire le plus, faire attention de ne pas flirter avec la folie..
Claire ne supporte plus la routine qu'est devenue sa vie de mère, d'épouse, d'avocate.
« Elle sait que ce n'est pas ça qui lui vrille les tripes, ce pourquoi ses dents ont grincé toute la nuit, au réveil, la mâchoire à débloquer. Parfois, son propre bruit la réveille, le vacarme que ça fait de frotter ce qui ne doit pas l'être. »
Que fait-on lorsque le quotidien ne suffit plus et devient insupportable ? Quand on veut que chaque journée s'enflamme dans de l'intensité ?
« J'imagine la vie comme une faille que l'on tente de remplir. Comme si nous n'étions qu'un vide à combler. On empile les espoirs. On cumule les regrets. On superpose les couches. Et quand on approche le point exact de remplissage, celui duquel on pourrait comme le funambule se redresser et admirer, on continue. Ça dégueule. Quelques gouttes ou des seaux entiers. Ça bouffe les chairs, par l'acide que ça sécrète, de vivre. »
Au sol raconte une bascule vers la folie : son avant quand ça dérape mais ne chute pas, la déflagration liée à une oeuvre de Jackson Pollock, puis l'après, forcément incontrôlable. C'est rare un premier roman qui ne cherche pas être - ne serait-ce qu'un tout petit peu – aimable. Celui-ci ne l'est jamais, jamais. le lecteur est en permanence dans l'inconfort face à l'impudeur revendiquée de Claire :« Si on m'ouvrait, la tête, le coeur, les tripes, on verrait cette toile. Ne cherchez pas ailleurs. Il n'y a pas d'autre vérité. Dépecez-moi et vous verrez. »
J'ai été complètement happée jusqu'à la moitié du roman, complètement dedans, à fond dans les pensées et la révoltede Claire. Puis, lorsque son obsession pour Pollock envahit sa vie et dévore le récit, j'ai décroché, mon regard désormais plus en surplomb. Je l'ai regretté, mais incontestablement, cette lecture marque et mord, et j'aime lorsque la littérature dérange ou impose une héroïne dure qui devient de moins à moins accessible. C'est brutal, en parallèle avec une réflexion sur l'Art et la folie, reliés par un fil ténu qui peut exploser une vie à tout moment.
Charlotte Milandri semble s'être autorisée à écrire, à écrire sans filtre, sans frein, sans souci de ce qu'on pensera d'elle, de ce qu'on projettera d'elle tant on sent que Claire s'est beaucoup elle. Et on ressent l'urgence d'écrire pour dire cette révolte radicale contre la petitesse, le conformisme, l'inaction, la soumission à l'ordinaire, l'accoutumance au confort. Comme si écrire était le dernier recoin de sauvagerie.
La plume, sèche et presque syncopée, est tout aussi jusqu'au boutiste que le propos, phrases courtes et nerveuses, traversée par une colère indomptable et une énergie fracassante qui soufflent, essoufflent aussi, mais toujours palpitent.
« Je veux l'intranquille, le sombre qui se dit, la nuit qui recouvre tout. J'ai eu le courage de mes orages. Je suis. Et vous demeurez. Je danse. Et vous ancrez. Je grandis. Et vous rapetissez.
Ce n'est pas de la folie qu'il faut se méfier, c'est de vous.
De votre soumission à l'ordinaire et de votre accoutumance au confort.
Lapidez-moi.
Ce sont les dangereuses, les libres, les qui aiment quand même qu'on lapide. »
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