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Dès les premières pages, l’auteur nous plonge dans un pays de neige et de froid, quelque part dans une URSS où vit une population oubliée et solitaire. C’est le cas de Vassili, un vieux bucheron chargé de nettoyer la voie de chemin de fer des branches et animaux morts qui pourraient l’obstruer. L’aiguillage dont il a la charge doit aussi fonctionner.
« Devant lui, l’aiguillage, un bégaiement bivoie, envoyait ses fers tantôt aux confins, tantôt après un contour écrasé par la perspective, nulle part, « Où que c’est qu’ça mène, là-bas ? » Ce fut en un souffle que ses paroles s’évaporèrent »
Difficile de situer l’histoire, et dans le temps, et dans l’espace. Le portrait du héros, accroché dans chaque foyer, nous renseigne sur l’époque, car on devine derrière la moustache autoritaire, la présence de Staline. Mais la politique du Parti n’intéresse pas le vieil homme. Dans sa solitude, il ressasse le passé et ses morts dont les visages apparaissent sur les arbres de la forêt.
« Dans un mutique écho, les morts se devinaient sur les écorces, s’y encastraient, auraient voulu une bouche plus vaste qu’un simple trou, rêvaient d’un sourire plutôt que d’une grimace. »
Puis, il y a ce jour où Vassili découvre un paquet de lettres le long de la voie sur laquelle on ne voit rouler aucun train. Ces lettres vont l’obséder et il n’aura de cesse de les déchiffrer, découvrant ainsi l’histoire tragique de deux amants séparés par l’arrestation et la déportation.
« Des trois premières missives, Vassili ne devinait qu’une fuite insensée, un amour désolé, le déracinement et le deuil »
Ces lettres raniment le souvenir d’un amour ancien. C’est la seule douceur dans cette vie où le combat mené contre le froid et la folie est incessant. Mais la neige étouffe la mort et ses drames.
Il y a beaucoup d’ellipses et de non-dits dans ce court roman, et l’on découvre en tâtonnant dans les pas de Vassili l’étrange vérité.
Bertrand Schmid est un orfèvre du style, chacun de ses mots est précis, comme un tableau pointillisme. Il nous enveloppe dans les frimas de l’hiver au milieu d’une forêt vide, tellement éloignée de l’agitation du monde et nous laisse cheminer en peine pour deviner l’intrigue. C’est le reproche que l’on pourrait faire à ce récit qui peut sembler parfois obscur à trop donner dans l’ellipse.
Un roman court et singulier qui m’a fait découvrir un auteur à la plume poétique.
Vassili est aiguilleur en Sibérie, un métier difficile par les températures extrêmes auxquelles il faut se soumettre, mais surtout, il est définitivement seul au monde. Ou presque. Alors que Staline accélère les déportations vers les camps, Vassili découvre une série de lettres tombées d’un train. Sa capacité de lecture est approximative mais il veut percer le secret de ces écrits, persuadé qu’ils ont quelque chose à lui dire.
Ce nouveau roman de Bertrand Schmid percute le lecteur par son personnage principal et la difficulté de sa vie tout en le téléportant un siècle en arrière. Le destin de Vassili est aux antipodes de ce que l’on connaît : le froid extrême lacère ses poumons chaque jour, la solitude est sa plus fidèle amie, la confiance ne doit se donner à personne et la mort guette le travailleur à chaque coin de forêt. D’une plume à la fois poétique et dramatique, l’auteur laisse entrer en toute omniscience son lecteur dans les pensées de ce personnage asséné par la nostalgie d’un amour perdu et celle d’un temps qui ne reviendra jamais.
La lecture des lettres, élément salvateur, donne un tournant assez improbable aux longues nuits sibériennes, permettant à Vassili de comprendre les démons de son passé à travers les histoires des autres. C’est également une belle ode à la lecture, cette histoire d’homme presque illettré qui creuse dans sa mémoire lointaine pour comprendre ces lettres. Il se les accapare comme on lirait un livre, il s’évade comme on s’approprierait une histoire. Malheureusement, mis à part quelques passages intéressants, je n’ai pas su m’imprégner de cette intrigue. Mes émotions ont été perdues dans les actions bien trop brèves de ce roman. Je ne suis pas attachée à ce personnage, ni à l’atmosphère trop quelconque qui ne rend malheureusement pas ce roman contemplatif.
Avis de la page 50 - Les explorateurs de la rentrée 2021
Bertrand Schmid nous lance dans un récit qui sent la solitude et le froid, au cœur de l'un de ces métiers - aiguilleur - où l'on ne rencontre que très peu de gens sur son passage, surtout lorsque l'on vit en Sibérie. L'écriture est très poétique mais les émotions ne sont pas au rendez-vous pour le moment. Peut-être pour se fondre davantage dans l'atmosphère lunaire de ce court roman, qui sait.
Les explos 2021
Vassilli est aiguilleur en Sibérie, il parcourt les voies ferrées avec pour seul compagnon son vieux cheval fatigué, afin de les garder en bon état. Quand il rentre chez lui il est solitaire, on sent que c’est un homme en souffrance, à qui cette solitude pèse énormément.
J’ai eu beaucoup de peine à terminer ce roman, j’avoue que je voulais même l’abandonner, non qu’il soit mauvais ou mal écrit, mais tout simplement parce que le style ne me convient pas. C’est une écriture très détaillée que nous propose l’auteur, un vocabulaire riche et que je qualifierais presque de poétique, pourtant le manque d’action et d’événements m’ont lassé, en effet nous sommes tout au long du roman dans les pensées et dans le ressenti de Vassili, ses souvenirs reviennent à la surface à travers des lettres et les souvenirs de Nadja, une ancienne compagne, il ne parvient pas à faire le deuil de cette relation. J’ai espéré que des faits marquants allaient donner du corps à ma lecture et m’y plonger avec davantage d’intérêts, mais ce n’est malheureusement pas le cas et vous le comprenez, je ne me suis pas sentie à ma place dans cette histoire dont j’ai trouvé l’intrigue spartiate. N’ayant pas pu m’attacher à la personne de Vassili, il ne me restait malheureusement plus grand-chose.
Ce dernier roman des explos 2021, n’est pas, comme les trois précédents, une bonne découverte, me concernant.
Mag
Les explorateurs de la rentrée 2021
Une ligne de chemin de fer, quelque part dans la forêt sibérienne. Vassili Uliianovitch est chargé d’ôter les troncs, branches, et tout ce qui peut encombrer les voies. Ce bûcheron solitaire a pour unique compagnon un cheval. Il lui parle de Nadja, sa bien-aimée, dont il garde précieusement une mèche de ses cheveux dans un écrin, telle une relique. Un jour qu’il suit la voie ferrée, il trouve une feuille de papier, puis d’autres, qu’il ramasse et tient « contre sa poitrine, formant cataplasme ». Arrivé à sa cabane, il découvrira qu’il s’agit de lettres, échappées des wagons ou d’ailleurs, on ne sait pas exactement. Dès lors, il s’emploiera à traduire et à recopier cette « calligraphie muette, tremblante, secouée de sanglots ». Ces lettres d’amour seront pour Vassili une « affaire terrible », mais elles lui redonneront le sourire, et le ramèneront à la vie, celle d’avant.
Ce roman sombre et atypique, tant par sa construction, que par son atmosphère onirique, est servi par une narration redondante, rappelant le roulis d’un train. Mais où mène -t-il donc ? L’évanescence des personnages quasi fantomatiques, croisés par Vassili, renforce cette sensation d’étrangeté.
L’impression de malaise est renforcée par les allusions au régime stalinien. Le portrait du « Héros moustachu » qui « Où qu’on regarde, doit vous regarder » tout comme le cadre du récit, cette forêt inhospitalière, semblable à celle où se perdit l’auteur de la Divine comédie, donnent des pistes d’approche. Telle Béatrice pour Dante, Nadja, l’amour de Vassili, hantera ses pensées, le ramenant à des souvenirs de félicité mais aussi de ténèbres.
J’ai été saisie par ce court roman allégorique. Dès les premières lignes j’ai ressenti cet univers glacial et austère. Bertrand Schmid écrit sans détours, et ce laconisme oblige à trouver les mots justes. L’atmosphère étrange laisse au lecteur le champ libre. Seules les quintes de toux de Vassili, qui ponctuent le récit, m’ont ramenée à la réalité, dure et blanche, comme la neige de Sibérie.
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