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Lire Barbara Pym c'est se plonger dans une ambiance délicieusement British et délicieusement vintage.
« Les ingratitudes de l'amour » ce sont des vieilles filles, des tasses et des tasses de thé, des pasteurs et des intellectuels mais avec un regard mordant et tellement fin que l'on tourne les pages avec un sourire bien collé au coin des lèvres.
Tout en se gardant du moindre effet de plume, l'autrice livre, sans en avoir l'air mais avec une efficacité redoutable, une critique acerbe et désopilante des britanniques des années 60.
C'est satirique et cérébral tout en baignant dans une fausse ambiance de comédie romantique.
Son style est particulièrement remarquable pour la qualité des dialogues dans lesquels le langage reflète parfaitement les pensées, la classe sociale ou le métier de ses protagonistes. Et souvent le tout ensemble.
Je ne peux m'empêcher de faire un parallèle avec l'américaine Alison Lurie. Leurs romans ont la même fonction révélatrice de l'ironie en littérature.
C'est exquis et divinement jouissif.
Traduit par Anouk Neuhoff
Dulcie Mainwaring, la petite trentaine, vient de rompre ses fiançailles. Afin de se consoler et de s’occuper l’esprit, elle se rend à un colloque où elle fait la rencontre de deux personnes qui vont prendre une place inattendue dans sa vie. Tout d’abord Viola Dace, jeune femme légèrement imbue d’elle-même. Puis le séduisant Aylwin Forbes qui vient d’être quitté par sa femme. Dulcie se prend de passion pour ces deux personnes au point d’accueillir Viola chez elle lorsque le propriétaire de cette dernière lui signifie son congé et de se lancer dans une enquête sur Aylwin et sa vie privée !
Mais que ce livre est drôle, que ce personnage de Dulcie est attachant même si on peut voir en elle les élucubrations d’une femme abandonnée qui, pour s’occuper, ne trouve rien de mieux à faire que de se lancer dans l’espionnage de cet homme qui l’intéresse au plus haut point.
Mais ce qui est charmant chez Dulcie, c’est une certaine forme d’autocritique et d’autodérision, car on sent qu’elle-même se rend compte de toute l’étrangeté de son comportement.
Les personnages mis en scène par Barabara Pym ne sont pas forcément toujours sympathiques : Viola est parfois franchement tête à claque, Aylwin globalement désagréable et Dulcie peut parfois paraître un peu mièvre. Mais ce sont justement ces défauts qui les rendent si humains et qui permettent à Barbara Pym de magnifiques fulgurances humoristiques dans les dialogues ou dans les situations qu’elle décrit.
Même les personnages secondaires qui traversent ce récit sont extrêmement bien campés et jouent leur rôle à la perfection, tissant autour de Dulcie un enchevêtrement de liens qui semblent tous converger vers le bel Aylwin, objet des pensées de la jeune femme.
C’est un roman plein de charme, qu’on lit avec le sourire aux lèvres. Barbara Pym dose avec justesse la critique et la satire de la société britannique des années 1960 et croque avec bonheur les travers d’hommes et des femmes quelque peu désœuvrés, occupés de relations amoureuses plus ou moins réussies et surtout d’eux-mêmes.
Décidément, Barbara Pym est une auteure que je retrouve toujours avec plaisir depuis que je l’ai découverte grâce à la collection Belfond Vintage !
Piquant, drôle, teinté d'hypocrisie, de méfiance ou de trop grande confiance, telles sont quelques-unes des nombreuses qualités de cette histoire délicieusement kitsch.
En 1960, lors d'un colloque autour de l'écriture et de la littérature, Dulcie Mainwaring fait la connaissance du séduisant professeur, écrivain et rédacteur en chef d'une revue littéraire, Aylwin Forbes et de Viola, jeune femme pingre et intéressée qui ne cache pas la liaison qu'elle a entretenu avec Aylwin. Ce qui interpelle Dulcie et la pousse à rechercher son amitié. Ce dont Viola va faire grand usage.
Mais pour l'instant Dulcie se remet tout juste de sa rupture avec Maurice, artiste et responsable d'une galerie d'art et si elle est attirée par Aylwin, elle entend bien prendre le temps de mieux le connaitre d'abord. De plus elle doit accueillir sa nièce qui vient étudier à Londres et l'organisation de cette "cohabitation" l'occupe passablement.
Quant à Aylwin, bien que séparé de sa femme, il est toujours marié. Une séparation dont Viola voudrait tirer partie malgré le désintérêt évident du professeur de littérature qui semble préférer, et de loin, l'attrait de la jeunesse.
J'ai beaucoup ri en lisant ce roman de Barbara Pym. Parfois franchement mais souvent jaune aussi. Avec un talent évident, l'écrivain décrit des personnalités ambiguës, troubles, tantôt émouvantes dans leur quête désespérée et vouée à l'échec, tantôt agaçantes pour les mêmes raisons. La société anglaise est étudiée dans ses moindres détails et dans le respect de ses traditions (la sacro-sainte heure du thé par exemple). Et puis il y a toute cette hypocrisie dans ce qu'on dit ou qu'on ne dit pas, qu'on aimerait mais dont on prend offense dès que cela se produit, la curiosité mal placée (voire malsaine) pour la vie d'autrui simplement pour remplir le vide abyssal de sa propre existence.
Une excellente évocation de la vie londonienne des années 1960.
Décidement Barbara Pym excelle dans la description du quotidien, des petits riens (le grave problème des bouteilles de lait ou des conserves), toujours avec beaucoup d'humour (je n'ai pu réprimer quelques éclats de rire) et ce charme suranné que j'aime tant.
Je m'attendais à ce que Barbara Pym sache capter avec précision les affres de la solitude, ce que j'appréhendais un peu... C'est le cas, on est complètement embarqué dans la vie de ces 4 employés de bureau (Norman, Edwin, Letty et Marcia) tous célibataires pour des raisons différentes. Marcia et Letty partent à retraite. Chacun s'interroge sur l'avenir, sur sa situation personnelle et celle des autres. Marcia se remet doucement de son cancer, Letty voit ses plans de retraite à la campagne bouleversés. Les hommes veulent leur dire bien des choses mais n'est-ce pas tellement difficile lorsque l'on est tout à la fois collègues du quotidien et si éloignés ? Barbara Pym sait capter cette mélancolie du temps qui passe, cette solitude qui les étreint. Et puis malgré tout, il y a un peu de lumière au bout du tunnel...
C'est un sujet qui devait beaucoup la toucher, Barbara Pym, elle qui est restée célibataire toute sa vie et qui a publié ce roman peu de temps avant son décès. C'est d'autant plus troublant et l'on ne peut que s'attacher à ces personnages.
Au final c'est le souvenir d'une lecture tout en douceur, tout en finesse qui nous reste, avec cette petite lumière d'espoir quelque part...
Chronique complète sur : https://www.instagram.com/p/CHGREM6nSj0/
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