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Ce roman a été publié lors de la rentrée littéraire d’hiver 2018 par les éditions Philippe Rey. Ils avaient publié un autre roman de cet écrivain indien et l'éditeur l'avait réédité en poche en même tant que la parution de ce livre qui nous plonge au plein cœur d’un quartier particulier de la capitale, Kamathipura, le quartier rouge de Bombay. Nous suivons le destin de Madhu qui nous dévoile son histoire et la vie des hijras dont beaucoup doivent se prostituer. Ces dernières ne sont ni des hommes, ni des femmes, même si elles sont nées dans un corps masculin. Il est difficile du coup de les associer exactement aux personnes transgenres. Elles sont castrées et vivent parfois en communauté. Les hijras vivent en marge au sein de la société indienne et sont à la fois craintes et respectées. Le roman aborde également la thématique de l’esclavage sexuelle puisque Madhu est chargée par Padma, femme très puissante tenancière d’un bordel de s’occuper d’une fillette qui a été vendue par sa famille et qui doit subir l’enfermement dans une cage en particulier pour être brisée psychologiquement pour devenir à terme esclave sexuelle. Ce roman est essentiellement constitué de figures « féminines » marquantes et nous en apprend beaucoup sur la vie des hijras. La narration revient sur le passé de Padma ainsi que celui de Gurumai, la gourou qui a recueilli Madhu dans son clan. La relation entre notre protagoniste principale et la fillette dont elle doit s’occuper est intéressante car Madhu ne fait qu’appliquer des ordres et on sent bien que cela ne lui fait pas plaisir de devoir gérer une telle situation. C’est un personnage extrêmement touchant, notamment lorsqu’on revient sur tout son passé, la relation avec ses parents, son entrée dans le clan. C’est un roman d’une grande force psychologique. Ce livre est passionnant et m’a bouleversé lors de ma lecture il y a quelques mois.
Les personnages sont très justement développés (il y a beaucoup d'intelligence ici). Les relations sont explorées avec soin et discernement. Aucun jugement ni manichéisme.
Le colis est un roman bouleversant, édifiant et passionnant (malgré les situations et les événements parfois difficiles à appréhender et à supporter). On découvre là l’histoire d’un pays, ses traditions et ses légendes, mais aussi une réalité, celle des transgenres et des laissés pour compte.
L’auteur, originaire de la région, nous livre là une histoire réaliste sombre lumineuse. Et terriblement percutante !.......................................
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Kamathipura, le quartier rouge de Bombay. Madhu est une hijra : née garçon puis amputée de ses attributs à l’âge de 12 ans, elle n’est ni homme, ni femme mais un troisième genre à la fois craint et vénéré. Si elle connut un temps la gloire en tant que prostituée, aujourd’hui elle est réduite à la mendicité. Lorsque Padma la tenancière lui impose de s’occuper d’un « colis », c’est l’occasion pour elle de se retourner sur son existence et son parcours…
Les colis, ce sont ces fillettes, le plus souvent vendues par leurs familles pour lesquelles elles n’existeront dorénavant plus, destinées à devenir des esclaves sexuelles et qu’il faut « dresser » pour les préparer à leur sort et les empêcher de s’échapper avant d’être « ouverts » par les clients. Un épouvantable trafic sexuel obéissant à une organisation stricte et une hiérarchie rigoureuses entre bordels et mères maquerelles, où les enfants sont traités tels de la marchandise.
On s’attend à ce que Madhu entame une relation particulière avec la petite fille dont elle est en charge, mais elle essaye simplement de bien faire son travail d’asservissement en tâchant de lui faire le moins de mal possible ; ce faisant, elle se remémore sa propre histoire, la façon dont sa famille l’a insidieusement repoussée, d’abord parce qu’il était flagrant depuis l’enfance qu’elle n’était pas née dans le bon corps, provoquant le rejet de ses parents jusqu’à la remplacer par son frère, puis sa rencontre avec son gourou Gurumai qui l’a « transformée ».
Si belle dans sa jeunesse, Madhu fascinait et effrayait, les hijras étant l’objet de toutes les superstitions, mais lorqu’elle finit par se rebeller contre sa condition elle se trouva dans l’impossibilité de payer sa dette à Gurumai et commença alors la chute inéluctable : une fois qu’on y est entré, il est impossible de se sauver de Kamathipura…
C’est un roman d’une grande force, saisissant et glaçant qui nous entrouvre les portes d’un monde terrifiant, secret et corrompu jusqu’à la moelle, voué à disparaître à cause de spéculations immobilières grandissantes (mais où iront alors les prostituées ?) où nul espoir ne semble briller nulle part ; jusqu’au bout on espère un sursaut d’humanité, un élan d’affection de Madhu pour la fillette prisonnière, mais son coeur semble tout entier devenu sec, même si les regrets semblent affleurer d’une vie normale ou de retrouvailles avec sa famille perdue. Lucide et résignée, elle trouvera pourtant dans la loyauté qui la liait à son gourou la force d’une dernière rebellion ; après la lecture une chose est sûre et certaine, on n’est pas prêt d’oublier Madhu.
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