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Portrait de Thomas B. Reverdy, auteur et juré du Prix Orange du Livre 2014

Portrait de Thomas B. Reverdy, auteur et juré du Prix Orange du Livre 2014

C’est la première fois que Thomas Reverdy est juré dans un Prix littéraire. Cet agrégé de lettres, dont le dernier roman, Les Evaporés (Flammarion) a été sélectionné pour les Prix Goncourt, Décembre et Fnac, est passé de l’autre côté de la barrière, côté critiques, avec le Prix Orange du Livre.

« J’ai appris beaucoup de choses des discussions avec les auteurs, les internautes et les libraires du jury. Mais le plus troublant a été l’exercice de lecture ». Après le défrichage de janvier, une première réunion a permis de choisir trente livres.

« J’ai rarement été confronté à des textes choisis au hasard : mon libraire me connaît, mes amis savent mes goûts, et j’ai aussi une idée du paysage éditorial. Pour le Prix Orange du Livre, j’ai lu des romans vers lesquels je ne serais jamais allé par goût personnel. C’était donc une vraie expérience de plonger dans une rentrée et de lire sans a priori, ni préférence, ni guidage, des choses vers lesquelles je ne vais plus. Et surtout, ajoute Thomas Reverdy, c’était un bel exercice de tolérance de trouver vraiment bons des livres qui ne sont pas le genre d’histoire, d’univers ou de style que j’apprécie. Habituellement, je n’ai pas cette démarche qui est celle des critiques et des libraires ».

La deuxième réunion du 28 avril a permis de déterminer cinq romans qui sont, depuis, soumis au vote des internautes de lecteurs.com. « Ce qui m’a marqué, c’est qu’on a tous été d’accord sur ces cinq livres, même s’il y a eu des regrets pour pas mal de textes laissés de côté. Pour la rentrée de janvier, on a beaucoup entendu parler de Maylis de Kerangal ou de Lola Lafon, et c’est leurs deux romans qu’on a choisis d’emblée. D’une certaine façon, c’est rassurant, parce que cela montre que la critique fait son travail. On sait tous que Flaubert est un grand écrivain mais c’est plus difficile, dans la littérature contemporaine, de savoir si tel livre est remarqué par effet de mode ou pour des critères plus solides. J’en retiens que la qualité est visible et que le jugement esthétique n’est pas si subjectif, malgré les sensibilités différentes ».


Le lecteur retiendra pour sa part, et malgré la discrétion de l’écrivain, que la critique est toujours très attentive à la sortie de ses livres, qui construisent tranquillement une œuvre pleine de sens. D’abord un triptyque, La Montée des eaux, Le Ciel pour mémoire et Les Derniers Feux qui correspondent, de 2003 à 2008, à un cycle de l’enfance, du deuil, de l’amitié aussi. En 2010, L’Envers du monde, une intrigue policière, sera suivie à la rentrée 2013 par Les Evaporés qui a reçu le Grand Prix Thyde Monnier de la Société des gens de lettres. « J’ai été lecteur avant d’être écrivain. J’ai lu beaucoup de classiques qui m’ont doté d’une bonne base de culture générale, avant de découvrir Philippe Djian que j’ai lu assez tôt, au collège. C’était l’époque du film "37,2". On en parlait beaucoup. Ses références s’ancraient dans la "Beat Generation", et à travers l’auteur, j’ai découvert les Fante, Brautigan etc. qu’on trouvait en collection de poche 10/18. Cela a été un vrai choc de découvrir des auteurs vivants qui écrivaient dans une langue contemporaine les histoires de personnages ordinaires. C’était très enthousiasmant, en fait. Ces lectures m’ont montré qu’un écrivain n’était pas un label de manuel scolaire, mais quelqu’un qui se coltine avec la vie d’aujourd’hui ».

Après la proclamation du prix le 27 mai prochain, Thomas va replonger dans l’écriture d’un roman. Après la longue promotion des Evaporés et le travail du Prix Orange du Livre qui ont accaparé son temps et sa disponibilité, retour à la solitude de l’écrivain. « J’ai commencé à prendre quelques notes. D’ici peu de temps, je sais que je ne vais penser qu’à ça ».

 

Karine Papillaud

Crédit photo : David Ignaszewski/Koboy © Flammarion

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