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Une enfance menacée par la maladie, une mère omniprésente et possessive. À vingt-neuf ans, Paul Folley se rebelle. Pour échapper à l'étouffement, il choisit de séduire et d'épouser la première fille rencontrée. Elle est terne, coincée, même godiche. Rien ne les rapproche que la solitude. Et pourtant ces deux êtres entrent sans le savoir dans une histoire impitoyable, marquée par tous les déchirements de l'amour fou.Sébastien Japrisot a dix ans de moins que son héros quand il publie ce récit. Comme on l'écrivit alors : «Tant de sûreté dans la violence, tant de maîtrise dans la peinture des passions, n'ont pas fini d'étonner.»
Lorsque la lecture est un besoin irrépressible, toutes les occasions sont bonnes pour saisir la tranche d'un livre et s'y plonger dans l'instant qui suit. Plus on lit, plus on en a envie de lire, plus on achète de livres et plus on en a envie d'en acheter. Heureusement, pour les lecteurs compulsifs qui n'ont pas à disposition un porte-feuille ministériel pour assouvir ce rêve impossible, cette utopie de compulser l'ensemble des livres existants, et même ceux qui n'existent pas encore, il existe les bibliothèques.
Ces lieux ont toujours exercé sur moi une attraction à laquelle je ne peux résister bien longtemps. Ces temples de la culture, trop rarement gardés par de sages passeurs de savoirs, possèdent des vertus qui vont bien au-delà du plaisir simple de lire. Quelle joie de déambuler parmi les livres, de laisser ses yeux s'attarder sur un titre volé, une tranche abîmée ou un nom familier !
Lorsque je ne trouve pas dans ma médiathèque attitrée ce que je suis venu chercher, je ne repars pourtant jamais bredouille. Je cède à mes penchants de promeneur solitaire et je déambule dans les allées, dans les rayonnages, jusqu'à ce que l'un de ces objets livres ne s'empare de moi.
"Visages de l'amour et de la haine" écrit par Sébastien Japrisot. Japrisot ? Tiens, ce nom me dit quelque chose. Ce n'est pas l'auteur d"Un long dimanche de fiançailles" ? Vérifions. Un rapide coup d'œil à l'intérieur me rassure sur l'état de ma mémoire. C'est décidé, ce sera mon premier Japrisot !
Vu qu'en-dehors de l'adaptation cinématographique avec Audrey Tautou, je ne connais rien du bonhomme, j'avoue que je ne m'attends à rien de particulier même si le film m'avait beaucoup plu. La quatrième de couverture joue bien son rôle et remplit au passage quelques trous bien salutaires pour mieux comprendre l'histoire sauf qu'elle ne parle en rien de l'ambiance singulière du roman alors que tout repose là-dessus.
"Visages de l'amour et de la haine" - quel titre incroyable ! - aurait pu être une peinture ou peut-être une série de toiles impressionnistes qui aurait brossé non des paysages, mais des états d'âmes, des émanations vaporeuses, mais néanmoins universelles qui parlent avec force ellipses de deux sentiments pourtant véritables : l'amour et la haine.
Si les sentiments ambivalents que nourrit Paul envers Simone et la relation destructrice qui les unit sont palpables, les personnages, quant à eux, sont difficilement saisissables, de vagues formes dépeintes grossièrement que l'on accompagne dans leurs tourments respectifs. De l'amour à la haine, il n'y a qu'un pas. Le coeur de Paul, quant à lui, en fait un en avant puis deux en arrière, dans une sorte de valse maudite dont on sait d'avance qu'elle s'achèvera par une issue tragique.
Peu de lumière traverse la vie de ces deux êtres si ce ne sont celles des phares des bateaux qui appellent l'âme de Paul depuis l'enfance, des sirènes auxquelles il ne parvient pourtant pas à céder. Et pour ce qui est de céder, inutile de rêver, la distance à laquelle l'auteur nous oblige à contempler ces instants passés avec les deux personnages, demeure sans que l'on ne puisse jamais s'approcher.
Le sentiment étrange, mais néanmoins plaisant qui ressort de cette lecture s'accompagne de questionnements légitimes sur les choix des personnages, si limités, mais également sur l'approche narrative de l'auteur qui semble ici dans l'exercice de style. Toutes ces questions demeureront sans réponse. Il y en a sans doute quelques-unes dans "La passion des femmes", "L'été meurtrier" ou "Les mal partis". Je ne sais pas, aussi, je renvoie ces questions à ceux qui connaissent l'œuvre de Sébastien Japrisot mieux que moi. "Visages de l'amour et de la haine" s'inscrit dans la continuité d'autres œuvres ou est-ce une pièce unique, un aparté dans sa carrière littéraire ?
Une chose est sûre, s'il s'agit d'un exercice de style, la brièveté du roman permet à l'auteur de garder l'équilibre d'un bout à l'autre. Et si "Visages de l'amour et de la haine" possède tous les ingrédients de l'univers de l'écrivain alors j'ai hâte de retenter l'aventure et de voir ce que le monsieur me réserve, tout particulièrement sur un format plus long.
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