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«Il a caressé des petits serpents très doux ; il parlait toujours. Le mégot brûlait son doigt ; il a pris sa dernière bouffée. Le premier soleil l'a frappé, il a chancelé, s'est retenu à des robes fauves, des poignées de menthe ; il s'est souvenu de chairs de femmes, de regards d'enfants, du délire des innocents : tout cela parlait dans le chant des oiseaux ; il est tombé à genoux dans la bouleversante signifiance du Verbe universel. Il a relevé la tête, a remercié Quelqu'un, tout a pris sens, il est retombé mort.»
Je me faisais une joie de découvrir ces vies minuscules.
La première vie, celle d'André Dufourneau, m'a plu. J'ai aimé son message : on retrouve toujours ce que l'on fuit.
Je m'attendais à aussi bien pour la seconde vie, mais le style trop ampoulé et sans respiration m'a lassé.
Oui, les phrases sont belles, travaillées, mais alignées les unes à la suite des autres, c'était trop.
Un RDV raté.
J'ai découvert l’écriture de Pierre Michon grâce aux échanges qu'il avait eu avec Guy Boley et publiés sous le titre Funambule majuscule.
Et je comprend bien ce qui peut réunir ces deux auteurs.
Deux écritures flamboyantes, deux écorchés.
Dans Vies Minuscules, Pierre Michon, nous présente sa famille, plus ou moins élargie, mais ces vies simples qui ont construit la sienne.
C'est magique et lumineux.
D’une lecture exigeante mais ô combien envoûtante, « Vies minuscules » possède un style ciselé et infiniment poétique.
On se laisse entraîner sur les pas de ces gens ordinaires, ces « vies minuscules » que le talent de Pierre Michon sait rendre vivants et si proches qu’on pourrait les compter parmi nos amis.
On croise, au fil des pages, huit destins, des « gens de peu », oubliés des vivants mais dorénavant immortalisés par l’auteur. Tous les sentiments s’y côtoient, à commencer par l’amour mais aussi la haine, la trahison, la rivalité et la folie. Tous les âges de la vie s’y retrouvent, enfance, adolescence, vie adulte, et vieillesse. C’est un concentré d’humanité, une galerie de portraits émouvants et sincères qui évoluent dans un temps fugitif.
J’ai lu ce roman avec lenteur, pour en apprécier chaque tournure de phrase, chaque particularité de vocabulaire. Le genre de la nouvelle se prête à merveille à la lecture fractionnée.
Ce roman déjà ancien, (Il a reçu le prix France Culture en 1984) est un récit intemporel devenu un grand classique.
A 37 ans, Pierre Michon structure son autobiographie en 8 tableaux dans lesquels il convoque le souvenir de personnages lointains et fondateurs issus de sa mémoire.
L’intérêt du livre est prioritairement une écriture lyrique très travaillée avec des phrases forgées et un vocabulaire recherché parfois puisé dans un ‘verbier’ littéraire de termes peu usités (voire abandonnés) ce qui renforce la haute teneur poétique du texte et m’ont enrichie de petits mots oubliés pourtant bien présents, enfouis et endormis, dans les dictionnaires.
L’auteur ne nous embarque pas avec lui. Son écriture est une contemplation à l’instar de toiles dans une galerie de peintures qu’on dévore des yeux et qui nous transportent.
C’est une lecture exigeante qui se déguste, bien que quelques effets de plumes ostentatoires m’ont fait l’effet d’un appel à m’épater et abusivement me séduire avec un verbe trop fardé qui veut absolument plaire et être admiré ce qui a pu, par moments, infléchir mon appétit enthousiaste à le lire sans pour autant en quitter le festin. Car, oui, j’ai savouré et bu chaque phrase à la puissante odeur de tilleuls et de lilas, jusqu’à la lie.
Je l’ai écouté parler et me suis enivrée de l’écho de son verbe aux perfections chatoyantes. Je me suis cognée comme un papillon de nuit à un labyrinthe nocturne de métaphores sublimes que j’ai grignotées comme la mite le papier.
J’ai apprécié chaque histoire aux résonances de campagne, de familles disloquées, aux pères refusés et tendresses empêchées, d’enfant qui rêve d’aventures dans « des pays au non-dire », d’Atlas où le nom de trois villes sont soulignés mystérieusement d’un gros trait rouge comme on marque le bois d’un épais crayon de menuisier, puis d’adolescence crâne et de fils devenu un étudiant méprisant la terre au bénéfice des villes et euphorisants, du jeune homme qui sait tenir la passion de la lecture et de l’écrit au fond de lui et qui butte sur des pages blanches comme un « maigre Falstaff » habité d’impouvoir et de colère qui « mis au pied du mur, et n’étais pas maçon. », et enfin émergeant des nimbes narcotiques et de ses relations amoureuses douces, rugueuses et amères, revient à ses origines paysannes et délires d’innocents qu’il saura si talentueusement dépeindre sous le titre « Vies minuscules ».
Ce que savoir écrire, est.
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