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" La nouvelle court les rues, les pas de porte et les métiers, on entend l'autre dire qu'il est mort le poète. Vient alors cette étrange collision des mots et de la vie, qui produit du silence puis des gestes ralentis au travail. L'homme qui leur a tendu un miroir n'est plus là. Tout s'amplifie, tout s'accélère. On dirait qu'en mourant, qu'en glissant vers l'abîme, il creuse un grand trou et y aspire son temps, sa ville... " La mort de Victor Hugo puis les funérailles d'État qui s'annoncent déclenchent une véritable bataille. Paris est pris de fièvre. D'un événement historique naît une fable moderne, un texte intime et épique où tout est vrai, tout est roman.
Un court « roman vrai » qui a le pouvoir d’inviter le lecteur à assister aux derniers jours du poète, et de le faire participer aux grands mouvements susceptibles d’ébrécher la troisième République, jusqu’aux obsèques nationales. Le très long cheminement du peuple qui accompagne Victor Hugo à travers les rues de la Capitale jusqu’au Panthéon est l’objet d’un descriptif saisissant.
Judith Perrignon retrace une page importante de l’histoire et de l’Homme dans un style journalistique qui fait de ce roman un véritable reportage de grande qualité.
Je me permets de reprendre la réflexion que je partage réellement avec Fabienne Pascaud (Télérama) parlant de l’auteure « …Presque un opéra qu’elle met en scène avec un art tout hugolien. Quelle passionnante chorégraphie politico-sociale. »
Mai 1885, Victor Hugo vit ses derniers jours, alité, malade, ses petits-enfants Jeanne et Georges à son chevet, ainsi que ses autres proches, sa belle-fille, Alice et son nouveau mari Édouard Lockroy. Et d'autres encore, et des médecins, des sommités de l'époque qui diffusent régulièrement l'état de santé de l'écrivain.
La police, la préfecture et le ministère de l'intérieur commencent à craindre des débordements lors de l'enterrement du grand homme : les révolutionnaires, les anarchistes et les petites gens indépendamment, tous veulent y être, les premiers avec des revendications, des drapeaux, les autres, pour remercier le défunt d'avoir parlé d'eux dans ses livres mais aussi à l'Assemblée. C'est un casse-tête pour les officiels qui veulent éviter les débordements certes, mais surtout que l'enterrement devienne une vraie manifestation. Et l’Église qui s'en mêle, qui ne supporte pas qu'Hugo ait refusé de voir un prêtre, qu'il ne veuille pas de cérémonie religieuse et qu'il aille au Panthéon redevenu église sainte Geneviève et qui à partir de 1885 perdra définitivement son statut religieux, la croix surmontant l'édifice sera même ôtée à cette occasion.
Judith Perrignon décrit cette ambiance, dans une République encore jeune et fragile, la Commune de Paris n'a pas quinze ans. Elle écrit également les ambiguïtés du poète, qui défendit les plus faibles tout en ne dédaignant point les honneurs voire les flatteries : "Déjà son anniversaire, il a quatre ans, fut fête nationale, on célébra ses soixante-dix-neuf ans en grande pompe, on baptisa l'avenue qu'il habitait de son nom, six cent mille personnes défilèrent sous les fenêtres de cette maison blanche où il vient de mourir. [...] ... et lui qui saluait, pas mécontent du tout, vieil Hugo populaire, ami de la pompe, des parades et des défilés, immortel avant d'être mort, grand-père de tous, dieu du siècle des grands hommes, jusqu'au grotesque parfois." (p.66)
De grandes phrases, élégantes, gracieuses qui font parfois, comme celle de l'extrait dans le grandiloquent pour mieux décrire ce qui se passait ces jours de mai 1885, pour représenter ce qu'était Hugo pour les Français : adulé, adoré, jalousé, détesté, envié... C'est un très beau texte, un peu long parfois, mais on suit ces jours de préparation de la fête nationale que furent l'enterrement et la panthéonisation de cet homme avec ceux qui les vécurent au plus près des événements. Victor Hugo est mort un 22 mai, il y a 138 ans.
Comme son titre l’indique, le livre s’attache aux derniers jours de Victor Hugo ainsi qu’à ceux qui ont suivi, jusqu’à ses obsèques. Celles-ci ont été l’occasion d’une consécration nationale avec des funérailles qui l’ont emmené jusqu’au Panthéon.
Judith Perrignon nous montre véritablement la place et le rôle extraordinaire de Victor Hugo à son époque. Avec son décès, c’est d’une certaine manière le 19ème siècle français et les différents combats qui l’ont traversé qui sont laissés en arrière. Un siècle plein de violence et de rêves, marqués par une volonté de changer le monde et d’arriver à une égalité, entre partisans de la modération et d’une solution radicale. Le livre nous montre aussi comment s’est produite la récupération politique qui a été faite par le pouvoir en place du poète offert à la nation. Victor Hugo échappe à ses proches et perd son statut de poète des pauvres et des opprimés pour devenir un monument national. Le lecteur mesure bien, à travers la vision des différents acteurs (famille, amis, hommes politiques et anarchistes) de l’époque le choc, proportionnel à sa gloire, qu’a pu représenter la mort du poète.
L'idée est bonne : raconter un événement littéraire et politique, qui rappelle le XIXè siècle, l'influence d'un écrivain, sa trajectoire... Le résultat déçoit un peu. Au fond, la mort de Victor Hugo n'est touchante que parce qu'il n'a plus que Georges et Jeanne à chérir, et parce qu'il donne aux pauvres, y compris dans cette cérémonie funèbre au Panthéon, qui draine une foule considérable. Victor Hugo y est seul, et il porte le poids d'une gloire immense. Il est Jean Valjean, jusqu'au bout : un homme dont la vie a basculé lorsqu'il a touché du doigt la misère de Fantine et de Cosette. Sa vie ne sera plus jamais la même, et toute son oeuvre en est radicalement bouleversée. L'être humain précède alors l'écrivain, et la générosité devient une nécessité, jusqu'aux derniers moments. "Je crois en Dieu", affirme-t-il ; même si ce n'était pas un saint, il y a dans son oeuvre un témoignage bouleversant, à côté duquel est passée Judith Perrignon.
C'est une plongée dans la vie du 19ème siècle que nous vivons avec ce roman. Autour de la mort de Victor Hugo, Judith Perrichon nous plonge dans l'ambiance d'une époque pendant quelques jours pour accompagner ce grand homme dans sa dernière demeure : préparatifs, organisations, polémiques ...
Nous sommes tour à tour, avec le peuple, la police mais peu avec la famille ou les très proches. Ce qui fait que ce roman n'est pas triste et plutôt factuel.
Richement documenté, les faits s'enchainent sans pour autant nous ennuyer. Revenant sur les grandes lignes de la vie de Victor Hugo lors de souvenirs évoqués par les proches, nous avançons chronologiquement des derniers jours jusqu'à la cérémonie.
Le style est fluide à la fois journalistique et poétique.
Voilà plusieurs semaines que j'ai fini ce livre sans savoir quoi raconter dessus, mais puisqu'il faut que j'écrive quelque chose dessus, faisons mais faisons court !
Alors ce livre parle du moment de la mort de Victor Hugo à son "enterrement" au Panthéon anciennement église Sainte Geneviève. Il retrace l'agitation et les attentes autour de la mort du grand homme, celle du peuple, des ouvriers, des simples, mais aussi celle de la police qui craint anarchistes et autres agitateurs.
Il parle aussi du bal des hypocrites qui se serviront des idées de Victor Hugo pour en faire un grand homme, et qu'importe s'ils ne les soutiennent pas, ils arriveront peut-être à en faire un homme à eux.
Ce livre c'est aussi la vie d'un bâtiment, le Panthéon. C'est la fin d'une église du nom de la sainte de Paris et le véritable début de ce monument aux Hommes et Femmes de la Patrie. Et bien que le christianisme ne soit pas entièrement effacé, ces pages représentent aussi toute l'agitation entre ces deux états que Judith Perrignon dépeint avec beaucoup de réalisme.
Par conséquent et par ces agitations diverses, Judith Perrignon raconte une certaine mentalité de l'époque, une certaine attente, une certaine envie d'être pris en compte, tout ça avec un brin de poésie un peu populaire et un peu d'histoire, mais si ce tableau semble idyllique Victor Hugo n'en finit pas de mourir et d'être inhumé. Ca traine, ça traine, ça traine trop.
1885 Victor Hugo est mourant ! Titre les journaux.
Une plongée dans un Paris en pleine crise, le poète n'a pas encore livré son dernier souffle que tout un peuple se l'accapare. Père Lachaise ou Panthéon ? L'auteure nous fait revivre de manière flamboyante et intense les quelques jours qui separent la mort des funérailles de celui qui " n'appartient qu'à un seul parti... Le poète appartient à la France inclinée sur son lit de mort "
Au 50, de l’avenue qui porte déjà son nom, Victor Hugo va mourir… L’émotion, la crainte, l’appréhension sont à son comble car le grand poète s’est enrhumé dans la cour de l’Académie, le jour de la réception de son ami, Ferdinand de Lesseps. Victor Hugo à 83 ans : « …on dirait qu’un astre va s’éteindre dans le ciel. »
Peu de temps après avoir lu "Le Paris de Victor Hugo", de Nicole Savy puis "Le banquet des affamés" de Didier Daeninckx, ce petit bijou signé Judith Perrignon venait à point. Au fil des pages, elle nous fait vivre les dernières heures du grand homme, toutes les tensions, les luttes d’influence, la surveillance policière et nous permet de partager les sentiments des proches. L’auteure s’exprime avec une écriture simple, agréable, touchante, précise.
Le clergé attend que Victor Hugo réclame un confesseur mais il ne cèdera pas. Sa famille proche est réduite : «… tous ces morts chez cet ogre qui a enterré femme et enfants… » Ses vieux amis, Auguste Vacquerie et Paul Meurice sont là : « Ils ont tout connu, tout partagé… un mélange d’amitié et d’allégeance. » Georges et Jeanne, ses petits-enfants, l’appellent « Papapa ». Ce sont les enfants de Charles et Alice, leur mère, devenue Mme Lockroy, depuis huit ans. Nous suivrons Édouard, son mari, député à l’Assemblée Nationale.
La police surveille tout le monde, journalistes, anarchistes, ouvriers, avec ses infiltrés car la mort du poète représente un danger. Il ne faudrait pas que Les Misérables, le peuple de Paris se réveille. Cinq cents personnes restent en permanence devant sa maison mais, après une dernière rémission, à 1 h 20 de l’après-midi, Victor Hugo, meurt le 22 mai 1885 !
Dès que la nouvelle se répand, la foule devient de plus en plus considérable. Les officiels viennent saluer sa dépouille. « Hugo, ne le pleurons pas ! » affirme Maxime Lisbonne, l’ancien colonel de la Commune, condamné aux travaux forcés, homme de théâtre aussi, que Didier Daeninckx a su sortir de l’oubli. « Il écrivait si bien mais pas une ligne sur la semaine sanglante et ses 40 000 cadavres. Il nous a abandonnés. » Maxime Lisbonne « saigne encore, le bagne, ses fers, ses fouets, ses tortures lui font mal. »
Depuis, « la République s’est installée, elle est bourgeoise, elle combat Dieu et les tyrans, mais elle vénère l’argent. » Malgré les pressions, les décrets sont tombés : « Le Panthéon est rendu à sa destination première et légale. Le corps de Victor Hugo y sera déposé. » L’extrême-gauche réclame de pouvoir défiler avec le drapeau de son choix mais ce sera impossible, la police sera intraitable.
Son corps est embaumé. Les obsèques ont lieu le lundi 1er juin et non le dimanche comme les ouvriers auraient aimé pour pouvoir être présents car ce lundi ne sera pas férié : « La République avait fait fermer écoles, théâtres et magasins mais avait préféré les travailleurs à l’usine plutôt que sur les trottoirs. »
Sur le parcours, on loue fenêtres, balcons, escabeaux, gradins… L’Arc de Triomphe est voilé, le cercueil de plomb y est déposé pour un dernier hommage populaire mais c’est un modeste corbillard qui le transporte.
« La République, ce jour-là, étouffait l’homme révolté. » Mais reste « la phrase », les mots du poète qu’il ne faut pas réduire et laisser vivre.
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
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