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Dès l'aube, Korichi se dirige vers l'usine d'Haumont avec des centaines d'ouvriers. La douleur de l'exil ne se dissipe pas depuis qu'il a quitté l'Algérie en 1948, mais il doit continuer, accumuler les jours de travail pour couvrir les dettes d'une famille de dix enfants, et espérer donner à ces derniers la chance d'une autre vie. Après l'usine, il trouve du réconfort au café, où les communautés de travailleurs immigrés commentent l'actualité et organisent la solidarité.
Rayonnante même dans le dénuement et l'adversité, Yamina élève leurs enfants dans un entre-deux complexe : son rêve d'un retour au pays natal se mêle à la détermination de les voir s'intégrer et réussir, et peut-être embrasser l'idéal républicain.
À travers une déambulation dans l'histoire française, de la guerre d'Algérie aux soubresauts du XXe siècle, Si j'avais un franc appelle à réfléchir aux questions d'identité et d'intégration. Mêlant intime et politique, cette autofiction familiale lumineuse donne voix à ces femmes et ces hommes de l'immigration algérienne qui ont subi l'exploitation et le mépris, et rend hommage à un père et une mère condamnés malgré eux à l'héroïsme.
Un très beau roman !
Je me suis complètement laissée emporter par l’écriture d’Abdelkrim Saifi. L’auteur nous raconte l’histoire de sa famille. Tout commence en 1948 à l’arrivée de son père, Korichi, dans le Nord de la France à Hautmont, il trouve immédiatement du travail à l’usine Vallourec, une aciérie. Très rapidement c’est la désillusion, la vie française est loin de celle qu’il avait rêvé….. Il économiserait, travaillera très dure pour faire venir Yasmina puis élever leurs 10 enfants.
Le quotidien c’est le travail à l’usine, le café, la politique, la solidarité, la radio, les livres, les repas et histoires de Yasmina…..et surtout les économies et l’école pour que les enfants connaissent une vie meilleure.
Dans un contexte politique de guerre l’Algérie puis de mai 68, l’auteur nous parle des difficultés de l’immigration, de travail, d’intégration, de conditions de travail, de solidarité, de manque d’argent et de nourriture…..
J’ai beaucoup aimé l’écriture et l’authenticité de l’auteur qui nous parle avec beaucoup de tendresse de l’histoire de sa famille.
C’est un très beau roman !
un roman qui m'a beaucoup émue car il fait ressurgir des souvenirs de mon enfance: je côtoyais des ouvriers venant d'Algérie (sans leurs familles contrairement au roman); c'était de la main d'oeuvre dont la France avait besoin après la guerre mais leur vie n'était pas facile: ils partageaient la misère du peuple mais en plus ils étaient en butte au racisme et nostalgiques de leur pays d'origine: le projet de retour les tenaille mais en même temps ils espèrent une vie meilleure pour leurs enfants qui passe par l'école et l'assimilation. Des coutumes subsistent comme le couscous dominical et familial, même s'il ne restera pas grand chose pour la semaine... Ici, le père se tue au travail, la mère se débrouille au mieux pour que ses dix enfants soient vêtus et nourris (c'était le lot des plus pauvres parmi les français, parfois existait une certaine solidarité mais un racisme et la peur d'une concurrence quand le travail devient plus rare empêche de faire cause commune)
J'ai connu un temps vers les années 50 cette misère, petite je ressentais l'angoisse de celle qui m'élevait, j'admirais ses astuces pour dissimuler les manques de nourriture abordable et les vêtements usés...Mes parents vivaient plus à l'aise; mon petit frère aimait beaucoup les algériens du quartier, regroupés dans un ancien hôtel et allait faire la sieste avec eux qui s'ingéniaient à lui faire de petits cadeaux; j'étais là quand ils nous ont offert un couscous qui reste le meilleur de ma vie (c'était il y a plus de 70 ans!)
L'auteur est le fils qui témoigne de la vie exemplaire de ses parents; son écriture est simple et claire (il est journaliste); Quand sa mère répond à un de ses enfants qui lui demande un franc: si j'avais un franc...elle énumère alors ses désirs inassouvis...
Une relecture pour le prix VO Des Racines et des mots me fait éprouver le même plaisir de lecture. Le père meurt d'épuisement: le travail à l'usine est très dur et il fait un maximum d'heures supplémentaires pour nourrir femme et enfants: dix vivants. Le soir comme tous les ouvriers, il passe boire un verre avec les copains (de la limonade!) Yamina est le pivot de l'histoire, toujours de bonne humeur, malgré sa nostalgie de l'Algérie, d'une rare générosité: "Donne et oublie" est sa formule. Malgré de faibles moyens, elle partage, elle invite...Comme son mari, elle exige de ses enfants un excellent travail à l'école et pour une fois l'ascenseur social fonctionne: tous les enfant occupent de bons emplois, il y en a une qui est secrétaire d'état et députée européenne.
Elle est partagée entre son désir de retour au pays et l'intégration de ses enfants dans la république française.
Lilia Hassaine a une tout autre vision: dans sa famille d'exilés, un nouvel enfant est vécu comme une catastrophe...Yamina accumule 13 grossesses mais trois petites filles mourront en bas âge; j'avoue que je la trouve inconsciente (elle ne connait sans doute pas la contraception; c'est culturel) toutes ces bouches à nourrir contribuent à la fatigue de père.
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