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Alors que le temps de la guerre froide était celui des grands affrontements idéologiques, les multiples conflits qui déchirent le monde de l'après-communisme ressemblent plutôt à des guerres de religion.
Tout se passe comme si l'époque était marquée par un retour du religieux dans la conduite des affaires humaines. Partout les revendications identitaires se sont enveloppées du manteau de la croyance religieuse : l'échec du processus de paix engagé au Proche-Orient a ravivé les tensions entre juifs et musulmans ; les attentats du 11 septembre 2001 ont porté à son paroxysme la montée en puissance d'un islamisme radical ; l'Amérique protestante, par la voix de son Président, a proclamé la " croisade " contre les infidèles.
Auparavant l'Eglise catholique, sous l'influence du pape Jean-Paul II, avait joué un rôle moteur dans la lutte contre le communisme. En France, les religions se font de nouveau entendre dans l'espace public. Elles sont invitées à s'exprimer sur les grands sujets de société que soulève le développement des biotechnologies ; elles sont appelées à l'aide pour combattre les " nouvelles pauvretés " ; elles entretiennent un dialogue permanent avec les pouvoirs publics.
Et, au-delà des religions établies, des sectes et des communautés se développent, attestant, à tout le moins, un besoin de religiosité et une recherche de croyances collectives. Cette visibilité retrouvée des religions dans la vie sociale ne signifie pas que celles-ci ont regagné leur puissance d'antan ni que le mouvement de déchristianisation de la société française s'est inversé. Pourtant, les relations entre la religion et la politique ont changé.
La première, détachée des grandes institutions, n'entend pas se tenir à l'écart de la cité dès lors que celle-ci déplace les frontières entre sphère privée et sphère publique. La seconde, orpheline des grandes idéologies, prête une oreille plus attentive à des demandes d'éthique qui n'excluent pas, parmi d'autres, les références religieuses. La religion n'est donc plus absente du terrain de la politique.
Faut-il tenir cette nouvelle complicité pour une " liaison dangereuse " ? Ou faut-il accepter que la religion, ce " soupir de la créature accablée ", cette " âme d'un monde sans coeur ", selon Marx, vienne apporter à la politique le surcroît d'idéal dont celle-ci paraît manquer ?
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